Mondiaux 2013 : Martinot toilettes

A priori, il n’aura pas la peau de David Oliver demain soir. Ni l’année prochaine non plus. Jamais en fait.

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Les plus grands champions de l’histoire ont bien de la chance de ne pas être blessés pendant les grandes compétitions. Pascal Martinot-Lagarde fera donc partie de l’autre catégorie : les champions olympiques du mois de mai. Ou plutôt ceux de juillet, puisque son retentissant 13’12 date d’il y a un mois. Il n’avait jamais fait autre chose que 13’28 avant, il espérait bien faire mieux après mais c’est déjà raté. A 13’33 en juin, Patricia Girard parlait déjà de Doucouré, de 12’97, de finale mondiale alors que, quand on y pense, 2015 c’est dans longtemps, surtout pour une paire d’ischio-jambiers. Il ne faut surtout pas qu’il apprenne que Liu et Robles n’étaient pas là, il risquerait de s’empiffrer de compléments alimentaires pour oublier.

C’est toujours la même chose : après de tels mots, on a beau claquer 13’12 en meeting, les lombaires ne tiennent plus longtemps. Et puis l’autre erreur a été de répondre à Rue89 qui n’a pas toujours le bon diagnostic : lui faire avouer qu’il aime le show, les manchons fluos, qu’il faut prononcer Pi-ML à l’anglo-saxonne, qu’il appelle Patricia Girard « Mamoune » et qu’il a envie de bouffer la gueule de tout le monde et de se la raconter autant qu’il peut, c’est bien. Titrer « Martinot-Lagarde, avenir de l’athlétisme« , ça l’est moins. Pi-ML a aussi dit qu’il n’allait jamais chez le kiné l’an dernier mais qu’il s’y est mis cette année. Il reste de la place cette semaine.

Pendant ce temps-là, son frère aîné est en demi-finales alors qu’il est théoriquement un bon gros nul. Mais 13’33 ça suffisait. « Pour Pascal ça m’attriste un peu. Mais ça ne va pas changer ce qui se passe pour moi. » Le show c’est de famille.

Kremlin Biceps : Baala conmigo

A moins d’un mois des retrouvailles moscovites de nos athlètes avec le haut-niveau, la drogue et les nuggets, notre spécialiste rappelle les termes du défi qui se présentera aux meilleurs d’entre eux. Pour les autres cela relèverait d’un exploit, comme si Lemaitre se rasait correctement. Qui succèdera à Diagana, Perec, Doucouré et Barber ? On ne compte pas les titres olympiques pour cette fois.

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Teddy Tamgho : Aucune allusion à son agression de sa camarade d’entraînement dans cet article, ni à son rap tout pourri ou à sa grande gueule de crâneur. On ne parlera que de sport. 3 Cubains, 2 Américains et 1 Français. Voilà ce qui pourrait empêcher Teddy, troisième performeur de la saison, de monter sur le podium. Largement suffisant, surtout qu’il ne veut que le titre. S’il sort des qualifs c’est déjà bien tant il est régulier au delà des 17,30 depuis quelques semaines. S’il gagne, il aura triomphé du dopage, de son frêle physique, de son statut de racaille et de son mental de fillette.

Renaud Lavillénie : Il n’a plus rien à prouver, juste à empiler les titres comme il empile les démonstrations de suffisance. Il est tout seul son unique adversaire s’appelle donc Lavillénie. Mais pas Valentin qui saute presque 5m et qui sera là quand même, mais Renaud celui qui est encore capable de faire zéro. Mais bon, il est déjà champion olympique du coup il sera jamais plus nul que Galfione et c’est bien le principal.

Mahiédine Mekhissi : Il a presque réussi à tout nous faire oublier. La baston ratée avec Baala à cause de coups mal portés, le passage à tabac loupé de la mascotte car elle était en mousse et ses relations tumultueuses avec les soupçons. Finalement son déjà énorme palmarès dans une discipline dominée par des compatriotes de Froome, on parle du Kenya pas des produits, semble n’émouvoir personne. Pour y arriver, en plus de faire des câlins à Montel, il devra éviter de dire au moment d’aller chercher sa médaille d’argent que tout le monde lui a chié dessus. Car c’était plus que mérité. S’il prend l’or, c’est Fouad Chouki qui va faire la gueule.

Pascal Martinot-Lagarde : Il a intérêt à se dépêcher car son frère est déjà à 13″30. Sur ses perfs il est déjà en finale. Mais ce sont ses premiers mondiaux, il n’a couru qu’une seul fois dans un temps de médaille d’or, voire dans un temps de finaliste et là ce ne sera pas le meeting Areva. Le pic de forme devra revenir au bon moment et quand on n’est pas dopé c’est compliqué. Ça fait beaucoup, mais s’il se prend pour Doucouré il devra assumer malgré une densité rare. C’est le titre ou on lui coupe les cheveux. Pire, on les lave.

Pierre-Ambroise Bosse : Il aura une médaille, il devra en choisir la couleur. Ça c’est pour la théorie, en vrai c’est une compétition où le mental joue une place bien plus importante que le physique, maintenant qu’il a vraiment le niveau. Pas comme à Londres l’année dernière après son bronze européen. Il est champion d’Europe espoirs depuis 5 jours. Les mondiaux adultes c’est dans 3 semaines.

Myriam Soumaré : On aime la mettre dans les favoris parce que si le dopage n’existait pas elle aurait déjà un sacré palmarès sur 200m. Myriam c’est le prototype de l’athlète humaine qui alterne les hauts et les bas avec un talent naturel. Et pourtant elle a un temps absolument pas présentable à ce niveau.

Jimmy Vicaut : On se demande pourquoi on en parle. S’il est en finale il ira sans doute chercher une médaille. Mais à quoi bon.

Christophe Lemaitre : S’il retrouve son niveau de 2011 il sera sur le podium comme d’hab. Mais il ne l’a plus et c’est sain.

Salim Sdiri : Doit-on encore attendre de lui qu’il saute un jour 8m30 quand ça compte vraiment ?

Mehdi Baala : RAS

 On fera peut-être un spécial femmes. Peut-être, si Perec ou Arron le veulent bien

Mondiaux d’Athlé : Lagarde alternée

Au regard du nombre de messages reçus sur equipe.vestiaire@yahoo.fr la question qui hante les nuits de tout amateur de sport qui se respecte concerne l’avenir de celui que l’on aime déjà appeler PML. Et pourtant ça ne dit rien à personne.

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Si on l’appelle PML ce n’est pas seulement parce que son nom fait pas très classe, mais sans doute surtout pour ça. Pascal Martinot-Lagarde a donc pour la deuxième fois les honneurs d’être cité sur www.le-vestiaire.net. Alors pourquoi un tel intérêt si soudain ? D’abord parce qu’il nous est vendu comme la nouvelle vedette du sprint. Visiblement les médias ont eu leur dose du défaut de prononciation de Christophe Lemaitre et de son duvet de barbe. Bien que lui n’ait pas eu sa dose, ceci expliquant sans doute cela. Quand ils ont compris que la seule ombre qu’il ferait à Bolt serait dans les startings blocks, les commentateurs ont cherché une nouvelle cible. Le prétentieux Lavillénie c’est sympa, il arrive à gagner à peu près tout le temps mais c’est pas bien compliqué quand Bubka n’est plus là. Mesnil et ses chaussettes non plus n’est plus là et c’est tant mieux. Mekhissi est encore un peu trop infréquentable comme Tamgho. Finalement le seul qui n’ait pas encore tabassé sa copine, une mascotte ou son concurrent c’est Jimmy Vicaut, donc c’est PML. Car personne n’aura jamais de médaille sur 100m.

La PNL de PML

PML a donc des dreadlocks, court vite en sautant et connaît Patricia Girard sans la sauter. Ces raisons ne seraient pas suffisantes si le garçon ne tentait pas de faire oublier Ladji Doucouré et serait même en train d’y parvenir. Avec deux blessures en deux ans il est même largement en avance. Côté chrono, Coco-Viloin, Bascou et Darien commencent sans doute à comprendre pourquoi on s’est autant foutu de leur gueule quand ils avaient le même objectif. Pour autant il ne faut pas vendre la peau de PML avant qu’il ait tué David Oliver et qu’il soit sorti de l’infirmerie. Car Ladji Doucouré est quand même avec Diagana et Perec le plus grand champion français de tous les temps. Parce qu’il n’a pas toujours été blessé et qu’un bon chrono ne suffit pas, sinon on se souviendrait de Mehdi Baala pour autre chose que ses esquives face aux directs gauche-droite de Mekhissi. Les 13″12 de PML dans cette jolie ville d’Areva le classent donc comme 32ème meilleur performeur de tous les temps, à presque 22 ans. Environ au même âge Ladji était à 13″06 en demi-finale à Athènes. On en reparlera donc le 12 août à 19h05. Si le temps effectué ne signifie rien, le lieu et le contexte veulent dire beaucoup, pour Doucouré pas pour PML. C’est dans les grands rendez-vous que l’on découvre le vrai visage des champions. Avant que Tamgho se plante partout et qu’il se blesse tout le temps, on pouvait penser qu’il écraserait sa discipline. En 2005, Ladji écrasait Liu et les restes d’Allen Johnson pour s’offrir le titre suprême même si c’est à Angers qu’il fit tomber au plus bas son record de France et qu’il entra dans le top 12 toutes époques et dopés confondus. Ensuite il écrasait pour toujours son tendon d’Achille.

Pour mémoire, à Areva en 2005 Doucouré finissait en 13″02, la piste fut donc curieusement encore plus rapide pour lui. Dans des conditions identiques, Diagana n’a connu qu’une seule fois les joies d’aller trop vite : c’était à Lausanne le 5 juillet 1995 où il battit le record d’Europe qui lui aurait permis de tout gagner. Mais il n’en remporta qu’une ce qui est déjà pas mal. La majeure partie du temps restant, il était comme Doucouré en rééducation. Et pour l’instant Martinot-Lagarde a préféré commencer par là. Mais après tout il n’a loupé qu’une olympiade, pas plus que Tamgho.

Moscou 2013 : Kremlin biceps

Comme avant chaque compétition planétaire, le Vestiaire accompagnera les meilleurs athlètes français dans leur voyage aux pays des soviets. Si seulement Teddy Tamgho savait lire.

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Teddy la vérité. «C’est énervant… La faute vient du début de ma course. Je suis peut-être un peu ample.» Heureusement que ses marques ne sont pas ses copines sinon il se les découperaient au cutter. C’était en tout cas l’explication donnée par Tamgho pour expliquer ses 5 essais mordus sur 6 tentés il y a quelques jours. 17m10 en assurant ça envoie quand même en finale aux Mondiaux et ça place devant Compaoré. Par contre ça envoyait pas encore aux Mondiaux. Dimanche c’était 17m30, c’est costaud, comme d’hab puisque c’est le meilleur. Comme d’hab il visera l’or, comme d’hab il l’aura pas, sinon il l’aurait déjà eu.

Lemaitre et la détresse. On se demande encore pourquoi Lemaitre ne prend pas la nationalité jamaïcaine. Sans doute parce qu’il serait obligé de prendre les hormones de croissance qui vont avec. Ah ces chocapics Ben Johnson. Avec 20″17 il est de retour à son meilleur niveau pour un début de saison, il sera à 19″90 mi-août en demi-finale. 20″10 en finale. Peut-être que les huit premiers seront médaillés mais peut-être pas. Sur 100 c’est pas la peine d’y aller tant que Vicaut et les Américains sont là, même si on a l’impression que Gatlin est propre. Impression ça veut pas dire que c’est vrai. C’est comme si on on voyait pas que c’est en Jamaïque que l’on trouve le plus de cas positifs. Ah ces produits pour pisser, difficile de s’en passer.

Renaud freine. Que dire sur le Bubka sans éphedrine ? Qu’avec des muscles normaux il saute un peu moins haut ? Ou que 5m95 en juin, c’est 5m95 en juillet et en août. Il faudra quand même gérer le melon même si c’est un fruit de saison.

Blaze Pascal. En attendant que Doucouré réussisse à finir une course. Pardon, en attendant que Doucouré réussisse à tenir debout comme il y a 10 ans, le nouveau Dan Philibert s’appelle Martinot-Lagarde. Il fait 13″30 en juin à 21 ans, il est déjà qualifié mais ça lui fera pas aller plus vite en août. On le verra sans doute quand même en finale sur un malentendu même si son entraîneur fait croire n’importe quoi. C’est qui déjà Patricia Girard ? Et dire qu’au même âge Ladji était déjà autour des 13″. Et quasi champion du monde. Comme quoi c’est pas interdit.

Ça fera quand même deux médailles, on va pas cracher dessus.

Les palmarès athlé : Ca tourne Arron

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Détrompez-vous, Svetla Dimitrova et Maria Mutola auraient pu concourir si elles avaient été françaises. Voici les 5 meilleures athlètes femmes tricolores de ces vingt dernières années.

5. Muriel Hurtis

Elle n’aurait pas dû intégrer le classement mais c’était elle ou Patricia Girard. Du coup, avec un simple titre individuel de championne du monde non validé par le KGB ou la justice américaine, des temps bien inférieurs à ceux de Perec, et un niveau jamais retrouvé, on ne peut lui offrir que la cinquième place.

4. Monique Ewanje Epée

Elle n’a pas les titres relais de ses collègues, mais les titres mondiaux individuels c’est pas si courant. Elle a obtenu le sien à Tokyo comme Pérec. En plus elle est aussi championne d’Europe et toujours recorwoman de France. Le KGB et Bob Kersee aimeraient pouvoir valider  tout ça.

3. Christine Arron

Championne d’Europe en 98, championne du monde en 97, toujours recordwoman du monde. Qui aurait pu lui voler sa place ?  Son mental, Jones, Thanou, Miller, Griffith-Joyner ? Pas cette fois. Et tout ça a déjà été validé.

2. Eunice Barber

Or et Argent mondiaux validés, sa santé mentale sur tout le reste de sa carrière n’entre pas dans nos calculs.

1. Marie Josée Perec

Le scoop est énorme, autant que sa carrière. La plus rapide de tous les temps sur 400, tous les titres remportés, voire toutes les finales. La Stasi et le KGB aimeraient pouvoir valider tout ça. Si sa santé mentale lui avait permis de courir en 2000 elle aurait encore gagné. Et pourtant Cathy Freeman a quasiment égalé en finale le temps de Perec en demie à Atlanta. Mais ça ne veut sans doute rien dire.

L’Edito: Plein les Bolt

Pas un mot sur les paralympiques en un mois, mission accomplie

C’est l’équation moderne du sport de haut-niveau : vaut-il mieux se charger, tout écraser quitte à un jour se faire prendre ou pas ou faut-il garder son honneur et sa dignité coûte que coûte même si on n’approche qu’une seule fois le record du monde durant tout sa carrière ? Ladji Doucouré, plus fort potentiel jamais vu sur une piste pensera souvent à Usain en vieillissant blotti contre sa médaille. Aurait-il dû poursuivre en décathlon ? Il fut un temps en tout cas où la crinière dégueulasse de Christian Plaziat permettait de ne pas oublier le grand rendez-vous athlétique de l’année: le Decastar de Talence. On finissait même par savoir que Talence était situé dans la banlieue de Bordeaux et que de nombreux étudiants y perdirent un jour leurs tripes et leurs boyaux à défaut de la vie comme c’est désormais coutume près de la Garonne. Tout ça non pas car Nana Djimou nous a demandé de préciser qu’elle avait fini deuxième ou parce que Dan O’Brien y venait aussi à l’époque se moquer de William Motti mais surtout car la terreur des bacs à sable est de retour.

Teddy’s lexique

Pas la grenade dégoupillée Compaoré qui a atteint 17,17m cet été quand les 5 premiers ont cru bon de faire un peu plus, mais l’ado perturbé qui avait juré de battre le vrai record du monde du triple avant ses 20 ans. Après des blessures, des dérapages et des échecs, Teddy Tamgho avoue que cette fois ça sera long. Déclaration teintée d’une nouvelle maturité bienvenue ou connerie de circonstance servie aux journalistes pour se refaire une virginité ? Ben Arfa a sans doute la réponse. Les conditions sont donc réunies pour qu’il explose en vol ou au moins la gueule d’un journaliste puisque sa copine c’est déjà fait. La nouvelle génération est décidément prometteuse peut-être même qu’un jour elle apprendra à lire.

Pendant ce temps-là, l’histoire retiendra que Stepanek 33 ans, 40 ème joueur mondial pourrait remporter la Coupe Davis. Ca aurait aussi pu tomber sur Berlocq ou Querrey. Mais il faut croire que de posséder 4 joueurs dans le top 20 mondial quand Monfils n’est pas blessé interdit de rêver. C’était ça Guy Forget.

Bolt/Lewis : Rase ta roquette

A l’occasion des surprenantes accusations de Carl Lewis à l’encontre des Jamaïcains et de la réponse très argumentée d’Usain Bolt, le Vestiaire s’est souvenu qu’il a été le seul à livrer une enquête digne de ce nom et très controversée sur les performances de la foudre. D’ailleurs la foudre ne devrait même pas être autorisée à participer c’est pas un être humain. Sinon on pourrait aussi  faire participer la lumière, le vent, le soleil et pourquoi pas la marée. Alors pour le plaisir republions les deux volets de ce travail et rappelons que Lewis s’y connaît en la matière comme nous le racontions il y a quelques années. Précisons également que c’est pour lutter contre ce genre d’escroquerie et contre les conneries qu’on essaye de nous faire ingérer, digérer et chier que le Vestiaire existe. Mais cela n’expliquera pas pourquoi la moitié des sprinters jamaïcains ont été contrôlés positifs depuis 5 ans et que les autres courent le 100 et le 200 en moins de temps qu’il  en a fallu à Armstrong pour remporter 30 Tours de France avec la bénédiction de chacun. Amen.

Article publié le 15 septembre 2008 sous le titre Rasta Rocket : la vérité.

« Rarement un athlète n’aura suscité autant de commentaires, de débats. C’est bien légitime, personne n’avait jamais fait ce qu’Usain Bolt a fait. Le Vestiaire vous livre l’analyse vérité sur le parcours d’Usain Bolt, surdoué et un peu plus que ça.

Patrick Montel est rassuré, beaucoup le sont avec lui : la progression de Bolt est régulière. Un gars qui approchait les 20 secondes à 15 ans atteint logiquement 19″30 à 22 ans. Deux arguments solides qui expliqueraient le naturel des performances du Jamaïcain. Encore faudrait-il que ces affirmations soient vraies. Ce n’est pas le cas, nous allons y revenir. Devant une telle difficulté apparente pour expliquer son talent autrement que par le dopage, certains préfèrent y croire tout simplement, croire à l’exception, même si cette exception ressemble à tellement d’autres exceptions sales. Mais Bolt ce n’est pas pareil, il est sympa, pas trop musclé, grand, parfait techniquement, avantagé physiologiquement, un peu dilettante, mange des nuggets, a très jeune couru vite, plus vite que tout le monde à son âge, plus vite que ses aînés au même moment. Bref, au format adulte, il sera le meilleur, et courra très très vite. Mais voilà, il court tellement vite, qu’il est encore plus rapide que tous les gars dopé d’hier et d’aujourd’hui et efface tous les records précédents à chacune de ses courses. Est-ce si normal ?

Pour répondre, il est inutile d’aller chercher dans les études biomécaniques qui se contredisent les unes les autres et qui ne sont ni unanimes ni objectives car fondées sur de l’abstrait. Il convient davantage de se pencher en détail sur son parcours et de le mettre en perspective avec celui d’autres athlètes, qu’ils soient propres ou non. Cela s’appelle une enquête, la voici.

Bolt a-t-il explosé du jour au lendemain ?

La réponse ne peut être aussi simple. Bolt réalise depuis ses 15 ans (âge de ses premiers temps officiels) des performances exceptionnelles. Cela exclut l’hypothèse de l’athlète limité qui explose subitement. Sa progression, jusqu’à cette fameuse année 2008, n’est elle non plus pas plus suspecte que ça, dans tout ce qu’elle a d’extraordinaire, si l’on tient compte du fait qu’il a été supérieur très jeune au commun des coureurs, même plus âgés que lui. Cependant, l’analyse de l’année en cours est, si ce n’est beaucoup plus cruelle pour la santé d’Usain Bolt, en tout cas plutôt intrigante.

Mythodologie

Avant d’entamer le passage en revue de ses performances, il est utile de préciser que cette évolution, depuis les 15 ans de Bolt, part du principe subjectif et stupide qu’à 15 ans on n’est pas chargé, comme veulent le faire croire certains. Hors, en principe, à 15 ans, on ne dispute pas non plus des championnats du monde ou alors c’est que l’on fait du sport de haut niveau. Et déjà chez les juniors, il y a des contrôles, et déjà, il y a des athlètes positifs et exclus. Bolt, à 15 ans, était déjà athlète de haut niveau. Il a très bien pu se doper dès cette époque, ce qui justifierait ses temps. Soyons indulgent, laissons cette part de rêve, qui veut qu’il soit né avec un don pour le sprint. Ce qui est possible.

Analyse du rythme : Bolt/face

A 16 ans, son meilleur temps sur 200m était de 20″58 (+1,40 m de vent favorable), il avait réalisé 20″61 en finale des Mondiaux juniors. Ce temps est un très bon temps de juniors, un temps presque surhumain à 16 ans, mais un temps qui reste crédible si on admet une supériorité naturelle. Sans ajout, on peut donc considérer qu’il a deux ans d’avance sur sa classe d’âge. Ses temps seraient encore les meilleurs s’il avait 18 ans. En comparaison, Christophe Lemaître, champion du monde en juillet dernier, a couru 20″83 avec 0,9 m de vent négatif, ce qui l’envoie à environ un dixième du Jamaïcain, il a 18 ans. Il a gagné deux dixièmes en un an par rapport à son record de France cadets. Ces deux dixièmes, qui après étude de dizaines d’athlètes moyens, semblent être, compte tenu du vent, la progression maximale d’un sprinter adulte par année. C’est ce que l’on peut objectivement appeler la norme. Mais Bolt n’a pas encore son morphotype d’adulte et il est explicable qu’il puisse exploser cette norme l’année suivante, il a 17 ans et passe à 20″13 (vent nul). Gagner entre quatre et cinq dixièmes est énorme, mais possible à cet âge là, et déjà vu, nous allons y revenir.

Ce n’est pas fini. Si l’on admet qu’il a trouvé la bonne technique et qu’il évolue encore physiquement, on n’est guère surpris par ses 19″93 (+1,4) de l’année suivante. Il a 18 ans et semble atteindre son meilleur niveau. En effet, jusqu’en 2007, c’est à dire pendant 3 ans, finies les progressions annuelles météoriques, la croissance semble terminée, il reste constant à presque deux dixièmes de secondes près, la nuance de la progression logique peut-on penser. Il a pris le temps pour corriger ses imperfections techniques et de s’entraîner un peu plus sérieusement. Il démarre donc l’année 2008 avec 19″75 dans la musette. Un record exceptionnel que seuls dix coureurs, pas forcément des exemples, ont au moins égalé, mais un record peu choquant encore une fois au regard de ses qualités naturelles, de ses performances antérieures, de sa technique et de ses 17 ans.

Il y a aussi une partie 2 à lire ici et encore depuis, il y a eu l’année 2009 et ce n’est pas fini. C’est quand même cool de pouvoir donner une amplitude de près d’une seconde sur 200 et de 50 centièmes sur 100 d’une semaine sur l’autre, d’un mois sur l’autre ou d’une année sur l’autre c’est au choix. Lemaître aimerait bien aussi mais il arrive pas à faire autre chose qu’être régulier, genre 10 centièmes sur 100, 40 centièmes sur 200. C’est bizarre. Ou il s’entraîne très mal ou il est juste nul. Ou alors… non rien.

Lemaitre : La feuille de Marie-Rose

« Notre champion Teddy Tamgho ne s’était pas trompé en pronostiquant Taylor dès cet après-midi. » Bravo Teddy.

On ne savait pas trop si sa moustache était une coquetterie ou une négligence : on sait. Luyat a vite repris la main car la jeune Harnois disputait le bronze en taekwondo : ainsi s’est terminée l’aventure olympique de Christophe Lemaitre, puisque le relais ne sera comme d’habitude qu’une histoire de Pognon. Les longues secondes passées avachi sur le tartan à hausser les sourcils sans respirer et à demander son temps à son ami imaginaire, qui était juste là à côté sur la piste, ont eu raison du cheveu sur la langue. Qui sert toujours à dire « j’ai pas tout mis en demi-finale, j’ai eu ce que je méritais », et qui décomplexe aussi Montel au moment de dire « connaissant Christophe il est très déçu mais parler comme ça à Nelson c’est une attitude très digne ». Et plus ou moins obligatoire aux JO : ça vous classe un gentleman.

Rasta moustache

Mais le cheveu a ses limites. Cette fois, Bolt n’est pas venu déconner, on n’a pas eu de plan sur le sémillant Pierrot Carraz et son pote, car c’est seulement aux Europe. Jimmy Vicaut n’a pas pu montrer à la télé à quel point ses yeux sont asymétriques pour célébrer la course du grand Maitre. 20’’19 en finale après son 20’’03 en demie, ça fera au moins plaisir à la DTN : Lemaitre a tellement de prédécesseurs que le sprint français a, en fait, formé des dizaines de phénomènes du sprint français. Une vraie fabrique de nuggets mais les nuggets ça a jamais été français. Et quand on sait comment les manger sans que tout le monde ne voie la tache de sauce, on peut même faire 19’’84 en finale et finir devant ce nul de Spearmon. Mais Lemaitre ne saurait se moquer de celui qui lui a volé la 2e place de la demie. Elle était relevée, la demie, et puis le choix de ne pas doubler 100 et 200 était le bon, et puis des échos qu’on avait il était en super forme Christophe. L’Equatorien n’a pas résisté à sa dernière ligne droite.

On a quand même pu découvrir que le consultant taekwondo de France Télé s’appelle Vo. Ou Romera ?

JO: Londres d’eux-mêmes

Comme à l’occasion de chaque grande compétition, le Vestiaire dresse les tendances de l’équipe de France d’Athlétisme. Cette semaine on a même eu droit à un voyage à Helsinki, les valises sont pleines mais Darien gagné.


Les gros cas d’or

Darien : Depuis le temps qu’on se fout de sa gueule, il faut savoir reconnaître une progression, voire une erreur. Garfield est donc devenu le second de Doucouré et n’aura plus jamais à supporter le poids de Dan Philibert sur ses épaules, comme Christine Arron en somme. Pour le reste, il a battu son record personnel en demi-finale dans un temps qui a offert le titre à un Russe en finale. Avec un peu de chance les Russes, les Américains, les Jamaïcains et les Cubains ne feront pas le déplacement dans un mois.

Lavillénie : S’il se dopait, la comparaison avec Bubka ne serait pas usurpée. S’il avait déjà gagné quelque chose dans un vrai grand championnat aussi. Gagner ça veut dire battre tous les autres. Se doper ça veut dire passer 6m14.

Mekhissi : Après les 4 esquives à Baala à Monaco, il a changé de méthode et de catégorie en écartant parfaitement l’attaque de la serviette géante avant de verbaliser une mascotte qui ne parlait pas correctement le finois.

Tamgho : Teddy aurait sans doute lui aussi aimer affronter une Finlandaise de 14 ans car en France à 19 ans on raconte tout à la presse quand on se fait démolir la gueule.

Arron : C’était pour rire mais elle va quand même aussi vite que Soumaré.

Lemaître : Sur 100m, il peut oublier la finale même si Powell est qualifié. C’est dommage car Sangouma et Pognon ne sont plus là. Sur 200, il lui reste un mois pour gagner autant de centièmes que Doucouré.

Doucouré : Quand un athlète dit qu’il est en forme avant les demi-finales, c’est que Longuèvre a fait son oeuvre. Il entraîne aussi Lesueur.

Soumaré : Les appareils dentaires jamaïcains sont parfaitement ajustés.

Pendant ce temps-là Carvalho et Mayer Bosse

Trilogie de l’érable (1/3) : Carre la Bruny

Ils étaient 3, la vie ne leur avait pas offert grand chose à l’exception d’une pointe de vitesse inhabituelle pour un Canadien. Ça ne leur a pas suffi.


On a longtemps entendu parler du gentil Bruny Surin. Un homme exquis car il répondait en français aux questions d’un autre vrai gentil, Nelson Montfort. On ne l’a pas su tout de suite car il a d’abord collectionné les médailles en grand championnat, hésitant entre la quatrième et la huitième place. Il lui manquait quelque chose pour progresser. Surin va trouver ce quelque chose au milieu des années 90. En 1993, Bruny a 26 ans, il plafonne à 10’02 comme Daniel Sangouma quelques années auparavant. Ce n’est pas une excuse, à cette époque il n’y a que Raymond Stewart le Jamaïquain qui a du mal avec les chronos avec deux 9 dans les deux premiers chiffres. Un Jamaïquain comme c’est amusant. Bref, Bruny restera pour toujours un coureur moyen et même, pourquoi pas, un coureur propre. Au moins l’un de ces qualificatifs ne lui convenaient sans doute pas car en 1995, il descend enfin à 9″97. Il a donc 28 ans, l’âge de raison dans le sport de haut-niveau, le pic d’une carrière. Mais Bruny est décidément un phénomène car à Goteborg comme à Atlanta il reprend ses bonnes vieilles habitudes. A croire que seuls les championnats du Canada autorisent à courir vite voire autre chose. Mais son camarade Bailey y arrive, pourquoi pas lui. C’est en se posant les bonnes questions qu’on trouve les bonnes réponses. Après une nouvelle raclée à Athènes, Bruny prend les choses en main et revient plus fort que jamais à 32 ans. Même si du coup il est moins gentil, en 1999, il devient, avec ses deltoïdes tout neufs en finale des mondiaux de Séville, le deuxième performeur mondial de tous les temps en 9″84 à égalité avec Bailey. Manque de chance, Greene avait John Smith comme entraîneur. Bruny n’était pas tout à fait Français, ni Américain quand même.

Londres 2012 : Ci-gît Doucouré

Qui est au courant qu’il y a aussi des championnats d’Europe cette année ?


C’était en 2005, la France découvrait qu’on pouvait être Français, courir chez les garçons et champion du monde d’athlétisme en même temps. Le tout dans sa première compétition du genre à 22 ans, désolé Stéphane on ne parlait pas de toi. On se mettait même à rêver que Stéphane n’ait été qu’une exception et qu’en vrai un champion qui ne se dope pas ne passe pas toute sa vie strappé et sa retraite, défiguré. Mais les années qui ont suivi nous ont rappelées à la réalité: un champion qui ne se dope pas, n’est pas obligé de payer Renaud Longuèvre à rien foutre mais il passera quand même plus de temps en cabine tout habillé avec Montel, que sur le tartan à moitié nu.

Ladji Ladji Ladji ? Aïe Aïe Aïe

On s’est alors résolu à suivre les exploits retentissants des successeurs de Mathieu Jouys et Cedric Lavanne : Samuel Coco-Viloin, la relève : 25 ans à peine et déjà 13″46 dans les pattes. Garfield Darien 25 ans à peine, notre champion d’Europe junior national, son record à 13″34 et sa chance de médaille à Daegu s’il avait pas été blessé rappelle Wikipedia. Et bien-sûr the star Dimitri Bascou, 25 ans à peine, la dynamite antillaise et ses 13″62 en demi-finale à Daegu, le nouveau Ladji et ses 13″26 aux France avec 4 m de vent favorable. Et bien-sûr son record personnel de 13″37 à peine plus élevé de 40 centièmes que celui du Ladji en question. C’est quand même pas mal 13″37, Doucouré 29 ans à peine, vient de les réaliser en plein mois d’avril après 6 saisons blanches.  Ca vous classe un champion, mais où ?  Qu’ils se rassurent, ça arrive aussi à Ladji de terminer 6ème d’un meeting à Sotteville-lès-Rouen en 13″73.

Et puis est arrivé le mois d’avril 2012, Ladji Doucouré est entré directement dans le top 5 mondial des performeurs, Patrick Montel s’est fendu d’un très subversif  « Come on Ladji » et l’espoir est revenu. Théoriquement il sera champion olympique. Mais s’il n’y avait que de la théorie, Stéphane Diagana se serait aussi tapé une ancienne miss France et pas Odile Lesage.

Pendant ce temps-là Wariner a perdu l’adresse du médecin de Michael Johnson. Pas Walter Dix mais ça lui servira à rien.

Daegu 2011 : Dernier Tamgho à Paris

2008, 2009, 2010, 2011. Une médaille de bronze européenne et même pas en free fight. Bandeau l’artiste !

« Je vais essayer de poser des bombes aux moments importants. » Janvier 2011 n’est pas encore terminé que Teddy Tamgho menace déjà. Deux fois 17,92m la même journée, il a tenu parole. Plutôt que de les réserver pour juillet ou août comme les champions, il a choisi l’hiver, une salle, avec comme seuls rivaux Compaoré et des Italiens. L’exploit, un tour d’honneur en marchant, sans sourire et en toisant la foule comme un grand champion repu de titres. Les Jeux Olympiques d’Eaubonne, de Bondoufle, d’Aubiere et de Sotteville-les-Rouen lui ont déjà souri. Mais il ne faut pas réduire Teddy à son bandeau de travers, à ses chaussettes relevées, à ses bastons avec des meufs, à ses vies de ma mère sur le sautoir, aux dunks, au rap, à ces putains de Harlem globe trotters, ou à cette médaille de bronze aux Jeux Olympique d’Europe de Barcelone 2010, à deux rangs près c’était lui l’Euro Star. Daeguté ! Mieux vaut-il avoir du talent quand ça ne compte pas ou ne pas avoir de talent du tout ? Finalement le seul truc qui n’a jamais déclaré forfait chez lui c’est sa grande gueule.

Edwards aux mains d’or

Tamgho a déjà 23 ans quasi 24, déjà 4 voire 5 de plus que l’année de son titre mondial junior, en 2008. Il avait explosé son record le bon jour, avec 17,33m. Le bon jour, c’est vite dit : trois jours plus tôt ça aurait valu Pékin. Tant pis, il verra d’autres JO, ceux de New York et Doha qui permettent de dépasser 17,80m en toute confidentialité. Entre temps, il y a eu sa première grosse compétition en 2009, des vrais Mondiaux du mois d’août, enfin. La troisième place n’est qu’à 17,36m et la deuxième à 17,55m. Teddy claque successivement 17,37m puis 17,58m mais en février. Il terminera donc onzième avec 16,79m. Avec la petite douleur au mollet qui va bien. Il y a aussi eu l’hiver 2010, le premier record du monde dans le réconfort d’une salle qatarie, titre mondial à la clé. Comme Pierre Camara. Et presque en direct sur Direct8, Christophe Pacaud au commentaire.

Daegu 2011 : Marrie Myriam

Ce ne sont pas les pires championnats du monde depuis la création (1983 ans après JC), mais ce ne sont pas les meilleurs non plus.

C’est un peu comme Diagana. Il y a six mois, il faisait très peur. Désormais, on sursaute dès qu’il apparaît, mais pas davantage que lorsque Boyon déclame, sans notes, le bulletin de notes d’une athlète polonaise à l’université. Si Nikki Lauda et Yohan Diniz avaient la bonne idée d’aimer l’athlé, Wes Craven serait surement déjà en Corée. Mais le film d’horreur le plus réussi cette année est sans aucun doute celui de Ghani Yalouz, qui ne perd jamais une occasion de passer à la télé pour venir expliquer à Montel que l’athlétisme c’est un sport universel et que les journalistes français ne gagnent pas non plus à chaque fois le Pulitzer. Il a raison.

Aristophane Diagana

Myriam Soumaré ne peut pas courir toutes ses courses à fond, autant choisir de le faire en série quand les 5 premières places sont qualificatives et que la dernière qualifiée s’appelle Fukushima, « ce qui nous rappelle la folie des hommes« . C’est vrai que des Japonais qui font du sprint, ce n’est pas très responsable.  Ce fut un tremblement de terre lorsque Myriam fit en demi-finales 30 centièmes de plus que son temps du premier tour qui  lui aurait offert le 5ème temps des engagées en finale. Pour résumer, elle a merdé, même si Patrick Montel a réussi la prouesse de s’interroger sur la forme des Américaines et des Jamaïcaines sans prononcer une seule fois le mot dopage.

La transition vers le steeple est toute trouvée pour conter la fabuleuse histoire du fair-play à la Française. Quand Mekhissi comme d’habitude bien supérieur à Tahri est venu arracher le bronze, Montel n’a cessé de réclamer la disqualification du Kenyan car il se trouvait devant Mahiédine. Diagana est parvenu in extremis à lui expliquer que finir en tête ou deuxième d’une course n’est pas toujours éliminatoire. Si Mehdi Baala pouvait comprendre ça maintenant qu’il a compris qu’on pouvait être sympa et modeste en même temps. Il paraissait même presque sincère quand il a parlé de ses potes Mahiédine et Bob. En tout cas pour la première fois depuis ses quatre esquives de juillet si on parle Ultimate fighting et depuis 2003 si on parle de 1500m, l’ancien futur El Guerrouj a semblé facile quand il s’est agi d’enlever son survêtement. Et remonter tout le peloton pour passer en finale aussi. Borzakovskiy a du apprécier, Bernard Faure on ne sait pas trop.

Lavillénie 2011 : Mesnil montant

Jérôme Clavier l’avait prédit : « En passant 5,75m, je pense qu’à 90% c’est la médaille assurée. »

Renaud Lavillénie pourra aller voir Salim Sdiri tant qu’il veut, ça ne l’aidera pas à aller plus haut. L’homme qui a plus de javelots dans le foie que de titres mondiaux a vu comme tout le monde : à 5,65, 5,75, et 5,85 le futur champion du monde saute 6 mètres du premier coup. A 5,90, il saute aussi du premier coup mais 5,50 cette fois. La suite est cousue de fil blanc : un Polonais passe, puis un Cubain, puis Montel n’a plus le cœur à parler de Quinon et Renaud prend un coup dans les clarinettes.

En revanche, Montel parle de la statue qui attend le Cubain à La Havane, normal pour un gars qui améliore son record de 15cm à son troisième essai, le jour d’une finale mondiale. L’adrénaline ou le stress, il fallait choisir, Renaud a choisi. Les perches deviennent trop lourdes, il n’arrive même plus à taper dans ses mains pour le public, il attrape les barres en retombant lors du dernier essai, non sans sauter un mètre au-dessus puisqu’il est quand même le meilleur et de loin.

Couler deux bronzes

Mesnil, lui, avait bien essayé de toucher les barres, mais la gueule dans le sautoir on est toujours un peu court. Il pourra toujours se toucher le barreau en rentrant à la maison ou en courant à poil dans les rues de Paris, mais cette fois pas sûr qu’on le paye pour ça. Tant pis, ça a laissé le temps à Boyon de causer US Open avec Bubka. Oui, Jérôme Clavier a eu un autographe.

Lavillénie éliminé, Montel est réconcilié avec la perche, qui n’est plus en sommeil, contrairement à lui puisqu’il n’y a plus de Français. D’habitude les Slovènes c’est que pour Boyon. Une finale mondiale à 5,85m, ça valait effectivement le coup de chapeau de Monfort, ravi de réunir un champion d’Europe par équipes, sans équipe, en salle et en extérieur, et un Polonais inconnu avec un drapeau sur le dos. Lequel a eu droit à un sujet sur sa passion pour la moto ? Cocorico.

Pendant ce temps-là, Montel fait tout pour convaincre les dépressifs, les insomniaques, les chômeurs longue durée et les autistes de le retrouver à 3h du matin pour voir les séries et entendre Faure.

L’Edito : Tu te fous de la gueule Drummond ?

A force de jouer au con, on finit par lui ressembler.

Le nouvel amant platonique de Patrick Montel, Christophe Lemaitre, était bien au rendez-vous hier de la finale du 100m des Mondiaux. Comme d’hab, il y avait un couloir aménagé pour les gamins avec un très léger défaut de langage, 3m de cheveux en suspension, une belle allure d’Asperger. Ça ne pouvait pas être Boyon, il venait de donner le point culminant de la Belgique en direct de la tribune de presse. D’habitude, une fois ses deux-trois phrases dictées façon débile profond, la nouvelle star des lignes droites enquille sa course en moins de 10 secondes. Mais là, il a poussé son personnage de retardé au bout, en arrivant une bonne minute après Collins, troisième d’une course que Totophe devait évidemment remporter. Ça s’appelle courir comme s’il avait un ssfeux ssur la langue. Montel promet qu’on ne l’y reprendra plus, on peut lui faire confiance, il avait fait la même promesse pour Christine Arron.

Usain du nez

Pourtant, vers 11h40, à l’issue de la demi-finale, Christophe avait oublié quelques instants ses manies de triso spontané pour menacer Monfort s’il le gardait trop longtemps. Ça n’a pas suffi pour gagner sa place chez les Enfoirés, mais le 200 c’est pour bientôt. L’autre phénomène de foire s’est distingué lui aussi. Vous savez le mec qui s’entraîne avec huit des quinze derniers champions suspendus pour dopage. Le mec qui passe sa vie à crâner, enfin à respecter comme dit Montel. Ben oui, pointer du doigt ses adversaires en leur promettant la défaite avant d’utiliser un rasoir imaginaire, ça s’appelle le respect. Tenter 9 »40 en volant le départ c’est de la modestie. Ne plus vouloir s’exprimer une fois qu’on s’est vautré, ça s’appelle l’humilité, pardon l’humiliation. Cette fois Bolt aurait pu se montrer lui-même du doigt car le starter coréen a fini par lui demander de sortir. Comme disait Diagana, le haut-niveau c’est être présent dans les grands rendez-vous. Il n’y avait ni Gay, ni Powell, ni Bolt, ni Lemaitre et on a enfin pu voir de l’athlétisme humain même si c’est Blake qui a gagné. Vous savez le mec qui s’entraîne avec huit des quinze derniers coureurs suspendus pour dopage.

A force de jouer au con, on finit par lui ressembler.

Mekhissi / Baala : Mes directs du droit

C’était le 19 août 2008. L’intrépide Mehdi, qui n’a pas encore rencontré Mike Tyson termine quatrième du 1.500 m pékinois dans le retentissant chrono de 3’34″21, à peine cinq secondes au-dessus de son record personnel. Ce temps lui offrira même une médaille de bronze un an et demi plus tard. Plus que deux tricheurs à débusquer et il deviendra le premier champion olympique français du demi-fond. Le jeune homme, d’à peine 31 ans, présenté depuis 2000 comme espoir, depuis 2002 comme successeur d’El Guerrouj, depuis 2003 comme principal adversaire du même Hicham et depuis 2006 comme le patron du 1.500, est enfin à la hauteur de son statut de favori. Voici les 3 conditions sine qua non pour devenir le meilleur miler du monde et avant de se faire humilier un vendredi soir à Monaco.

Courir régulièrement au dessus de 3’30 »

Entre 2000 et 2011, Baala n’est parvenu que lors de la fameuse saison 2003 à descendre sous les 3’30 », ce que l’on pourrait arbitrairement et injustement qualifier de limite du top niveau. Poussé par un public, aspiré par un lièvre et en forme, il est donc capable de courir en 3’28″98 maxi. C’est pas mal, mais certains, grâce au dopage ou au talent, comme on veut, seraient capables d’un tout petit peu mieux, un tout petit plus souvent. Comme Morceli et El Guerrouj pour n’humilier personne, ou Lagat. Certains osaient même le faire pour gagner.
Désormais, il est 22ème performeur mondial, Florian Carvalho est devant lui et Mekhissi ne l’a pas touché une seule fois en 4 tentatives.

Ne pas remporter de titres planétaires

En Europe, Medhi Baala était le boss. Le premier continental des bilans derrière lui s’appellait Juan Carlos Higueiro, il avait le même âge et beaucoup de mal à descendre sous les 3’32 ». Sans même avoir recours à une tactique monstrueuse, Mehdi n’avait qu’à avoir la forme et courir vite, il finirait toujours premier. Lorsqu’il a fallu affronter le niveau mondial, être favori fut un statut plus difficile à assumer quand on est moins rapide que les autres et que l’on ne gagne quasiment jamais de meeting ou de compétitions officielles. Parfois, c’est la stratégie qui flanche, sans doute la faute au dopage, parfois il est en finale quand même mais le dopage le coince, parfois il peut aussi monter sur le podium, le rôle du dopage est plus difficile à circonscrire dans ce cas-là. Faut-il le montrer du doigt ou s’en réjouir ? Souvent aussi il est juste nul.

Ne pas trop réfléchir

Avant lui, Jan Ullrich et Hicham El Guerrouj, de temps en temps, usaient de la même tactique : ne pas en avoir. Après lui, Andy Schleck a repris le flambeau. Baala a professionnalisé la méthode au point de construire sa saison au diapason. Peu de meetings, impasse sur les championnats de France, quatre courses suffisent largement. La Fédé, habituée à ses non-résultats, lui fait confiance et c’est parti.  En course, il ne court donc jamais comme un favori mais davantage comme un débutant avec une confiance équivalente, ce qui lui permet de se faire parfois sortir en demi-finale. Et quand il est en finale, on cherche toujours le patron, mais le patron a pris sa retraite.

Mondiaux 2011 : Le Daegu des autres

Commenter les résultats à plus d’un mois d’une compétition a-t-il un intérêt ? On le fait quand même.

Les vieilles gloires

Christine Arron : La sprinteuse la plus rapide de tous les temps vient de battre  le record du monde du 200m mais c’était sur 100m.

Ladji Doucouré : Malgré un temps supérieur à Coco-Viloin cette année, le champion du monde 2005 détrône désormais Stéphane Diagana avec une sixième saison blanche consécutive. Il finira peut-être un jour par se débarrasser de ce qui ne fonctionne pas : son corps c’est difficile, mais le type qui passe son temps à parler dans un micro subventionné par Vivendi pourquoi pas ?

Muriel Hurtis : Elle n’a pas couru un 200 en moins de 23″ depuis 3 ans, mais elle en parcourt 400 en moins d’une minute. Hélas ce n’est pas de la natation.

L’autre galaxie

Teddy Tamgho : Raconter qu’on peut frôler les 18m quand on veut n’interdit pas de passer les 17m le reste du temps. Quand on n’est pas blessé bien sûr.

Christophe Lemaître : Pognon a montré que les noms de famille ne prédestinent pas toujours. Pas toujours.

Renaud Lavillénie : Galfione était souvent le meilleur, Mesnil ne l’était jamais, 4 médailles planétaires quand même à eux deux. Lui en plus il saute le plus haut.

Mahiedine Mekissi : Courir comme un Kenyan et faire un temps de Kenyan sur une discipline de Kenyan, mais quel est le métal préféré des Kenyans ?

Les Européens

Myriam Soumaré: Elle ne demande qu’à appartenir à l’autre galaxie.

Garfield Darien et Dimitri Bascou. Etre 21ème ou 22ème mondial dans les bilans n’interdit pas de rêver de demi-finale car il n’y aura pas 14 Américains. Peut-être même qu’un jour ils descendront sous les 13″30. Philibert y est bien parvenu.

Véronique Mang: Privée de finale, elle pourra tout miser sur le relais. En plus cette fois, Arron ne viendra pas tout foutre en l’air.

Romain Barras : Il se croit le plus nul, il avait raison il y a 5 ans, désormais il peut être le meilleur. Le plus dur sera de le convaincre. Insurmontable ?

Kafetien Gomis: Il en a bien profité l’année dernière. On l’espère pour lui en tout cas.

Yoann Kowal: Dans le 1500 actuel, même Mehdi Baala pourrait viser une médaille mondiale. Florian Carvalho le fera mais en 2014.

Championnats d’Europe, Barcelone :
Le Daegu des autres

Ils sont les nouveaux maîtres de l’Europe. Avec combien d’entre eux Bolt partagera ses médailles et ses nuggets aux Mondiaux l’an prochain ?

Christophe Lemaitre. Ses temps ne lui auraient pas donné de médaille à Berlin, mais l’année prochaine, c’est en Corée.

Martial Mbandjock. La star de ces championnats est entrée dans le panthéon très fermé des coureurs moyens multimédaillés. Voire très moyens ? Moyen.

Garfield Darien. Il faudra qu’un jour quelqu’un se dévoue pour lui dire que le record de France, c’est pas 13″30.

Dimitri Bascou. Il faudra qu’un jour quelqu’un se dévoue pour lui dire qu’il ne suffit pas de courir plus vite que Samuel Coco-Viloin.

Ladji Doucouré. C’est Ladji Doucouré, c’est donc aussi un peu Renaud Longuèvre.

Véronique Mang. Le jour où les contrôles seront autorisés en Jamaïque et aux Etats-Unis, elle pourra s’intéresser à ses propres performances. Les contrôles de quoi ?

Myriam Soumaré. Et si on arrêtait le 100 mètres ?

Christine Arron. Courir à 37 ans est une chose pas banale, coûter l’or en relais l’est devenu.

Yoann Kowal. C’est une vanne.

Renaud Lavillénie. Le Mesnil du riche.

Romain Mesnil. Romain Mesnil ou presque.

Damiel Dossevi. Jérôme Clavier espère aussi passer un jour 5m80.

Romain Barras. Blondel non plus ne ramenait jamais de médailles quand ça comptait vraiment. Mais il avait quand même Heike Dreichsler.

Teddy Tamgho. Edwards, Harrison, Quesada ou Idowu préféraient tous attendre les grands rendez-vous pour aller plus loin que d’habitude. Chacun son truc.

Leslie Djhone. C’est la première fois qu’il fait preuve de suffisance, mais il promet le podium à Londres. On peut bien continuer à lui faire confiance.

Mahiedine Mekissi et Bouabdellah Tahri. Les deux Kenyans font des courses de Kenyans et des temps de Kenyans. Ca émeut suffisamment Monfort pour en appeler un Bob.

Kafétien Gomis. Enfin la consécration de Sdiri.

Hind Dehiba. On n’est pas obligé d’écrire une ligne sur chacun ?

Yohann Diniz. Toujours postier.

Pendant ce temps-là, Alexandre Boyon n’est toujours pas patron du service des sports. Ça ne l’empêche pas de connaître la date de naissance de Romain Barras.

Championnats d’Europe, Barcelone : Bondé Barras

Que retiendra-t-on de Barcelone 2010 ? Que la France a figuré comme à chaque fois depuis 20 ans, excepté 98, dans les quatre meilleures nations du continent ? Que même l’Azerbaïdjan a chopé du bronze ? Que Patrick Montel est capable d’attendre les 10 derniers mètres d’un 200 pour apercevoir qu’il y a quelqu’un au couloir 8 ? Ou rien du tout car rien n’a changé, si ce n’est le DTN qui a su faire oublier qu’il n’avait pas été le plus grand lutteur de l’histoire.

8 médailles en 2006, 18 en 2010. Cherchez l’erreur. On dirait plus du double et pourtant c’est pareil. Comme d’habitude à l’issue des championnats d’Europe d’athlétisme, la France repart avec ses plus fols espoirs. Comme d’habitude, les dix médailles étaient l’objectif, comme d’habitude en faire moins de quinze eut été un échec. Cette année, ç’aurait même été carrément scandaleux. D’ailleurs, à part les deux ou trois surprises, chaque médaillé devait l’être, même Gomis. En 2008 et 2009, la France n’avait pas réussi à faire rentrer ses espoirs en Chine et en Allemagne, et ce même si l’espace Schengen est aussi en vigueur à Berlin. L’athlétisme tricolore va donc plutôt bien, surtout quand un 200m se court en plus de 20 secondes, ou qu’un décathlon se gagne à 8400 points. Ce monde merveilleux est un continent qui s’appelle l’Europe.

Le Diagana du vide

D’aucuns concluraient que c’est tout de même un vrai championnat et que la gagne s’apprend partout. Mehdi Baala le croyait aussi en son temps, sa fonderie d’or a depuis fait faillite. A croire que le plus haut niveau n’est pas qu’une question de performance mais aussi d’attitude. De là à dire que les Europe ne servent qu’à garnir des palmarès qui autrement seraient aussi fournis que les sauts de Dossevi au dessus de 5,80m, ce serait abusif. Car Diagana a été champion du monde, Pérec aussi. De là à dire que les Europe ne préparent absolument pas aux compétitions planétaires autrement plus difficiles à appréhender sur tous les plans, le serait un peu moins. A Berlin 2009, seuls la Russie, la Pologne, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Norvège, l’Espagne et la Croatie avaient devancé  la France. Ah oui, la Slovénie était aussi devant.

Le championnat d’Europe n’a jamais été aussi fort et le niveau mondial aussi faible. Perche, Soumaré, 3000m steeple, relais, Diniz, Tamgho : ça fera dix médaillables possibles au Mondiaux, donc six maximum. Vivement la nouvelle ère, se disent Arron, Pérec, Diagana et Doucouré.

Championnats d’Europe de Barcelone : Papa, Tamgho, Charlot

Août 2009, le spécialiste athlé du Vestiaire prononce une sentence aux allures définitives : son chouchou ,Teddy Tamgho, ne sera jamais en or dans un championnat planétaire. Il ajoute : « ces choses-là, ça se décide très jeune et sans douleurs au mollet « .

Mea culpa. L’optimisme avait à l’époque pris le dessus comme rarement, puisqu’il semble subitement devenu difficile de gagner même un championnat continental, voire européen. Et cette fois, pas qu’à cause de son physique, mais aussi de son niveau. Heureusement, ces critères ne sont pas essentiels pour devenir un champion puisqu’il faut juste avoir le boulard. Tamgho l’avait bien compris, en tout cas jusqu’au premier saut. Puis l’orgueil a pris le dessus, Teddy n’était déjà plus premier. Pas le genre à craquer sous la pression, à réaliser ses meilleurs sauts en meeting ou dans des compétitions sans intérêt en salle. Teddy, la grenade dégoupillée, va exploser, mais en vol. Frôlant parfois les 17m40, taquinant même les 17m50.

Triple sot

Le destin est parfois farceur, ses concurrents avaient choisi le même jour pour aller un peu plus loin, être au top. Du coup, il aurait pu demander à sauter la semaine prochaine, ou des adversaires un peu moins bons voire l’interdiction du bandeau sur cheveux rouges. Il s’est rêvé joueur de NBA sur un playground, il a vu débouler Dennis Rodman, comment ne pas perdre ses moyens ? Mais il a préféré crâner en qualifs, puis crâner en finale. Sinon, il peut toujours continuer à crâner, puisqu’il reste le meilleur dans cette discipline annexe qui consiste à faire des chorégraphies ridicules avec son pote Compa, qui consiste  aussi à raconter que les 18m seront en danger grâce à son pote Compa.

Il avait pas tort là-dessus, les 18m étaient pas loin, mais Compa avait mal aux pieds. Blessé en 2009, troisième en 2010, champion du monde en salle, ça doit être ça, assumer son statut de favori quand ça compte vraiment. Après tout, la Roumanie a toujours été une grande nation du triple-saut. Se faire planter au cinquième saut quand notre spécialiste est le 6e, ça peut rendre fou. Ou modeste. Comment s’écrit humiliation ?