Le mercato est terminé au PSG. Maxwell, Alex et Le Crom vont enfin pouvoir parler politique.
Quel autre stade au monde pouvait avoir les faveurs d’un si grand personnage ? Nicolas Sarkozy est un peu chez lui au Parc des Princes. Parfois, quand le plus grand ne part pas bouffer des cochonneries en Ukraine, il y emmène même ses deux fistons, Jean et DJ Mosey. Le président est un supporteur du PSG et il n’en a jamais eu honte. Au printemps 2010, après les dérapages du Clasico, il s’était fâché tout rouge (et bleu) contre la racaille du 16e : « Je vais au PSG depuis bien longtemps, depuis plus longtemps qu’un certain nombre de voyous qui donnent un spectacle lamentable dans les tribunes. »
Heureusement, les amis sont là pour donner une autre image du club. Parmi eux : le cheick Tamin ben Hamad al-Thani, fils héritier de la famille régnante au Qatar. L’émirat avait déjà songé en 2006 à placer ses pétrodollars dans le club parisien, mais le propriétaire d’alors, Canal+, et celui du Parc des Princes, la mairie de Paris, s’étaient émus du peu de cas fait aux droits de l’Homme dans le Golfe.
Fin novembre 2010, la charia n’est plus au menu du déjeuner organisé à l’Elysée avec Tamin ben Hamad al-Thani, fraîchement élevé par son hôte à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur, et Michel Platini, le président de l’UEFA. Opposé à l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar, l’ancien footballeur lui donne pourtant sa voix dix jours plus tard. Et il faut à peine plus de six mois pour que notre émir, via le fonds souverain QSI (Qatar Sports Investment) qu’il préside, rachète 70% du capital du PSG. On connaît la suite.
Veni, vidi, Vinci
Si Nicolas Sarkozy « s’est intéressé de près au dossier », rapporte Franck Louvrier, le dircom de l’Elysée, c’est qu’il n’avait pas une, mais deux bonnes raisons de le faire : « D’abord parce que c’est un Etat étranger qui investit en France et puis parce qu’il est supporteur. » Mais attention : « Il s’agit de fonds respectables. » L’honneur est sauf.
Les fonds qataris sont si respectables qu’on en retrouve dans le capital de plusieurs petites boîtes françaises comme Veolia Environnement, Lagardère, Suez ou Vinci (à hauteur de 5,6%). Heureuse coïncidence, Vinci est le concessionnaire du Stade de France, où le PSG est censé évoluer entre 2013 et 2015 pendant la rénovation (ou la reconstruction complète) du Parc des Princes en vue de l’Euro 2016 organisé par la France. Et on ne parle pas de tous les stades climatisés qu’il y aura à construire dans le désert pour le Mondial 2022. Un marché juteux que lorgnent déjà les gros bétonneurs français Vinci et Bouygues, un autre copain de Sarko.
Le monde du football est décidément petit et ce n’est pas Nasser Al-Khelaifi qui dira le contraire. Le nouveau président du PSG est aussi le directeur général de la chaîne de télévision Al Jazeera Sport, qui diffusera huit des dix matches de chaque journée de L1 la saison prochaine en plus de la Ligue des Champions. Alors qu’elle priait encore l’hiver dernier pour la survie de ses clubs, trop dépendants des retombées des droits TV, la Ligue de football professionnel a vu comme une aubaine l’arrivée d’Al Jazeera dans le paysage audiovisuel sportif français. Les enchères ont finalement approché les sommes dépensées en 2008 avant la crise (610 contre 668 millions d’euros par saison). On dit merci qui ?
Papier politiquement incorrect et subversif. A la demande de qui vous savez, les budgets pub de Bouygues et Vinci ont été retirés au Vestiaire
Ce qui laisse le champ libre à une OPA inamicale de QSI qui va prendre le contrôle du capital du Vestiaire, devenant de fait, une filiale d’Al Jazeera.
Voilà où ça mène de se prendre pour des journalistes d’investigations…
Si on veut passer devant la DNCG, il y a plutôt intérêt pour un club à voir Canal ou le nouveau diffuseur artificiel continuer, tel la femme de Fred, à amorcer la pompe. D’ailleurs, légèrement hors-sujet mais Le Vestiaire compte-t-il organiser le concours des premiers rats de Canal à quitter le navire ? (Margotton est hors concours).
Parallèlement, on s’enorgueillie depuis plusieurs années du contrôle de gestion des finances de nos clubs et voilà que se profile la nouvelle farce du fair-play financier. Les suisses, toujours soucieux de montrer qu’ils font comme ils veulent, ont déjà commencé. Malheureusement, ils risquent de jouer seuls. Remarquez, ça fera toujours une excuse supplémentaire pour exclure le Dynamo Kiev ou Olympiakos. Pas une si mauvaise chose si ça peut éviter de voir Domi ou Modesto jouer un match de Ligue des Champions. Pour Madrid, on devrait pouvoir trouver un arrangement.
En marge de cet article inintéressant, « aujourd’hui est un jour noir pour le football », a commenté Blatter. Est-ce parce que Cissé est victime de racisme par tweets interposés ou parce qu’il arrive à marquer un but en jouant pour Queens Park Rangers ? A quand l’apéro avec Captain Barton pour fêter ça ?