Hier dans la deuxième partie, on disait que tout était souvent compliqué avec Patrice.
Pas du tout, en fait c’est très simple. Evra n’est pas un cas isolé. Il fait les mêmes conneries que ses petits partenaires de jeu, et il dit aussi les mêmes. Par exemple qu’il ne lit pas les journaux mais que sa famille oui et que du coup il est obligé de réagir. Il est comme ça Pat, toujours à défendre la veuve, l’orphelin et leur conseiller en image. Anelka insulte Domenech dans le vestiaire en 2010 ? En tant que capitaine il n’avait pas pu laisser passer ça : « Le problème, c’est le traître qui est parmi nous. C’est ce traître qu’il faut éliminer du groupe. Nicolas Anelka n’est pas le problème. » Une vraie vision à long terme du collectif ; la suite lui aura rendu hommage. Et s’il avait à refaire la même chose, il n’hésiterait pas.
Mais comprendre la sortie médiatique de Patrice Evra, c’est surtout comprendre pourquoi il ne sera pas puni. Ça n’a pas grand-chose à voir avec la communication de Le Graët, pour qui ce n’est pas grave, ni avec celle de Deschamps pour qui c’est juste un problème entre son joueur et les consultants. Blanc ne disait pas autre chose de Nasri quand le feu a pris à l’Euro, par contre après coup il a dit que ça lui a pété entre les doigts. Et après coup il a aussi parlé d’Evra et de textos qu’il avait en sa possession. Une manière de dire que Pat est un homme bien, sans doute.
Mais Deschamps n’a jamais écouté Blanc avant, il n’allait pas commencer à le faire après avoir récupéré son poste. Donc il a repris Evra : on pourrait considérer ça comme la première erreur majeure de sa gouvernance, mais ce serait une insulte : Deschamps a toujours été un tel stratège qu’il a peut-être rappelé Evra pour régler un vieux contentieux avec Lizarazu. Dans tous les cas, Deschamps aura du mal à s’en passer et Le Graët continuera à le couvrir, quitte à s’excuser encore 20 fois auprès de tout ce que la France compte d’anciens internationaux et de journalistes. S’il n’y a que ça. Radier Evra est trop risqué pour préserver l’unité de l’équipe de France : dit comme ça, on pourrait penser à une vanne mais ce n’est en absolument pas une.
Car, s’il ne pense bien sûr qu’à son image, Pat le fait avec tellement de conviction que ses partenaires et entraîneurs sont subjugués. Alors il est capitaine, et même quand il ne l’est plus, les autres veulent encore plus qu’il le soit. On ne saura jamais s’il a parlé à la mi-temps de Biélorussie-France pour le bien de l’équipe de France, le sien ou parce qu’il fallait régler son compte à Lloris. Dans le fond peu importe, l’essentiel c’est que Ribéry l’ait raconté à un micro qui passait par là après le match. En remerciement, Pat dira que Ribéry mérite le Ballon d’or. Echange de bons procédés entre champions qui ont été à l’école ensemble en 2010. On dirait presque un code d’honneur. Même Toulalan l’a respecté, et depuis il ne se respecte plus lui-même.
Remettez 23 joueurs ensemble dans un bunker 4 ans après, avec Patrice qui prend la parole au nom du groupe : qu’est-ce que vous obtiendrez ? Mieux vaut peut-être ne pas le savoir. Car dans le fond, le problème n’est pas qu’il insulte des consultants qui le méritent bien, ni qu’il le fasse juste avant les barrages. Le corporatisme des médias, la morale, le tarif de Carla, le français approximatif, quelle importance. Tout ça ne change rien. D’ailleurs c’est ça le vrai problème, rien ne change. Donc Deschamps est déjà condamné, à cause des enfants de 98 et d’un système qu’il a lui-même contribué à installer. C’est l’ironie du sort. Allez l’Ukraine ?
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Et bien, à quel concert de débilités on a eu droit cette semaine. Et on me fait signe dans l’oreillette (pas le bidule dégueulasse qui a tué le cyclisme plus que le dopage mais bien le truc in qui permet de se la péter en pensant tout maîtriser à l’antenne) que ce n’est pas terminé puisque Pierre Ménès relève le défi. Ayant été obligé de regarder le CFC dimanche soir, je jure sur la coiffure de Cabella (et ça fait haut, donc) que je l’ai attendu dire qu’il n’allait pas répondre et enchainer sur autre chose.
Pourquoi ne pas faire un duplex avec Patrice ? Parce qu’il aura du mal à paraître encore plus dédaigneux qu’avec Aulas ? (et il a intérêt car Evra, c’est la chienlit par rapport à Aulas)
A-t-on besoin de Ménès pour voir que Morel est nul ? A-t-on besoin de Crevoisier pour trouver toutes les excuses du monde à Suarez parce que, quand même, « il est bon ». Quel crédit apporter à tous ces commentaires bus en boucle par ceux qui regardent 10 matches de foot par saison ? Aucun, évidemment, d’autant qu’ils n’en voient pas plus que vous, 4 ou 5 entiers par semaine et c’est déjà pas mal.
Le rapport du journaliste à l’homme médiatique a toujours été le même, qu’il soit politique ou footballeur. Une concomitance d’intérêts destinée à faire mousser l’un et l’autre et s’il s’avère qu’ils ne peuvent se blairer, chacun trouvera chaussure à son pied ailleurs, et en plus, ça permettra d’avoir un sujet de plus à aborder en pourrissant l’autre par interview interposé. Quelquefois, ils arrivent même à sortir ensemble, Strauss-Kahn avec Sinclair, Ménès avec Henry. Quoi de mieux que de dédaigner Zidane pendant toute sa carrière pour paraître à contre-courant, M. Ménès ? Pour jubiler un soir de juillet 2006 encore plus qu’en 1998 ?
Et 4 ans plus tard, que faisait TH14 au fond d’un bus (vous croyiez vraiment que c’était un vulgaire portugais qui avait inventé les initiales-chiffre ?) en train de tapoter sur son Iphone tout en se demandant quand ce putain d’entrainement allait commencer car enfin, il l’avait joué sa 4ème coupe du monde ? Avez-vous regretté que ce soit Denisot qui fasse cette interview, M. Ménès ?
Je n’enchainerais pas sur Fernandez. C’est quand même quelqu’un qui a osé interviewer plusieurs fois Stéphane M’Bia. Probablement une expérience scientifique pour simuler le vide sidéral.
Dans ce conglomérat (glomérat toi même, merci JMLP) de médiocrité, vous pouvez toujours lire Le Vestiaire, ils seront toujours plus proches du bon sens et de la vérité (ce qui ne veut pas dire qu’ils peuvent en être loin), une des plumes quenelliennes de la toile à résister. Jusqu’à ce qu’ils soient emportés par le succès et Yann Barthès ?
Le football, c’est de la 1ère à la 45ème puis de la 45ème à la 90ème avec le son coupé (ou laissez le et foutez vous de la gueule de Christian Jeanpierre), le seul moment où aucun parasite autre qu’un arbitre zélé, permet de juger du niveau d’une équipe ou d’un joueur.