Gourcuff : La revanche d’une blonde

Eh oui, il sait faire une passe de l’extérieur du pied.

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas wikipedia mais google qui est à l’origine de cette révélation. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les occurrences Gourcuff et renaissance offrent quelques dizaines de liens, dont des articles pas si vieux de journaux estimables. C’était en novembre, Gourcuff était convoqué en équipe de France et ses performances étaient jugées encourageantes. « Deux matches aboutis assortis d’une convocation en équipe de France » : ce n’est pas une vanne, c’est une citation. Dommage que le but de sa saison date de Rennes-Lyon en août, ça aurait eu de la gueule. Tant pis, de toute façon personne ne lui enlèvera ses zéro passe décisive et l’Intérieur sport où on voit qu’il n’est pas comme les autres, qu’il bosse plus, qu’il court plus longtemps, qu’il joue au basket avec des handicapés, qu’il fait du kayak en mer, qu’il est en retard un matin parce que ça le fait chier de se lever. Différent, quoi.

Play boy

A Lyon, Garde se réjouit de son influence et de sa sérénité retrouvée depuis le stage d’avant-saison. C’est un autre Gourcuff que celui de l’an dernier, avec ses 2 pauvres buts et 1 passe en 10 matches. Du coup, il ne lui préfère Grenier que deux fois sur trois. Si ça continue, sa renaissance le rendra carrément incontournable quand il faudra remplacer Malbranque. La concurrence, il a déjà connu ça à Milan avec Kaka et ça ne l’avait pas empêché de s’imposer à Rennes. C’était une autre vie, dans laquelle il réussissait à accélérer sans IRM de la cuisse le lundi suivant. Tout s’est compliqué depuis : l’équipe de France et surtout le titre à Bordeaux, avec 12 buts et 8 passes dans la même saison. Pour avoir été déçu de croire qu’il n’était pas Zidane, tout le monde s’émerveille qu’il sache viser un partenaire au moment de faire une passe ou qu’il arrête de tirer vers son propre but. Et maintenant Aulas s’énerve contre les gens mal intentionnés qui lancent des rumeurs Arsenal, Atletico ou Fenerbahce.

Pendant ce temps-là, Lyon a été éliminé à Epinal en Coupe et il n’était même pas là. Alors on se moque de qui ?

La légende CAN : Le lion de l’Yonne

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« Encore un qui n’aime pas la pluie. » Combien de fois l’a-t-il entendue, celle-là, les soirs de matches arrosés dans la très reculée cité icaunaise ? Didier Otokoré, débarqué d’Abidjan en 1985, a découvert le racisme de terroir en même temps qu’il rencontrait le joug de Guy Roux et le football français. Le temps de passer huit saisons (en moyenne 20 matches par saison, soit le total de Ghislain Anselmini à Lyon) à se faire traiter de tous les noms, y compris d’aveugle, non pas pour la qualité de ses passes mais parce qu’il est Ivoirien. Le très dioxiné Gérard Bourgoin en caquette encore.

La suite de sa carrière fut plus à son image : fantasque. Trois mois à Sochaux avant de partir pour le soleil cannois. Puis un an à Guingamp, le temps de comprendre que le Breton a beau être sympa, il a aussi peu l’habitude de l’Africain que l’Auxerrois. Et puis, histoire d’aller se faire du blé, il a fini à Dubai, parce que le seul milliardaire de l’AJA doit payer ses bétabloquants.

Mais la vie d’Otokoré, c’est aussi la sélection. En 1992, il remporte la coupe d’Afrique avec les Elephants et rencontre sa future femme Safia, devenue femme politique au PS, dans une sombre discothèque, le Bastring. L’ingénue amoureuse avoue, à propos de son fougueux mari : « Notre relation avait donc mûri et pour éviter tous ces va-et-vient, je l’ai rejoint en 1993 et nous nous sommes mariés peu après. » L’heure de la fin des va-et-vient extraconjugaux était venue. Le mariage, ça vous range tout au placard, même un joueur.

Lyon : Et Aulas se Gava

Aulas est de retour : Lyon est candidat au titre de champion de France 2016.

La veille d’un déplacement à Valenciennes est toujours l’heure d’un choix pour Jean-Michel Aulas. Aussi souvent que l’OL se fait torcher à Toulouse, il perd dans le Nord, même si ces dernières années Valenciennes y ajoutait la coquetterie d’être relégable ou presque. Ce n’est pas le cas cette année, mais Lyon doit quand même choisir ce que vaut sa saison. Confirmer ce qu’on entend, qu’elle correspond à la renaissance de Gourcuff, ou autrement formulé un but et zéro passe décisive en neuf matches, est à ce prix.

Ca sent le Pathé

Lyon est 2e, et son président est soudain pris de vertiges. Depuis 1994-95, il ne s’attendait pas à pareille orgie de victoires. Et Aulas reste le maître à ce petit jeu-là : 1er ex-aequo de Ligue 1 à la trêve, il attend avec impatience le mercato hivernal pour se donner les moyens d’atteindre ses objectifs : il a proposé Lisandro à la Juve ou plutôt il a proposé l’info Lisandro à la Juve à pas mal de journaux. Il a aussi tenté Gourcuff à Arsenal, des fois que Wenger serait vraiment sénile au point d’accepter un nombre à six chiffres. Plus pragmatique, Aulas a fait mine de prolonger Grenier – vicieux mais bien tenté – et a rappelé que Gomis, Bastos et Réveillère avaient promis de foutre le camp l’été dernier. « Si on a envie de partir, on accepte les propositions de l’extérieur. Là, ils m’ont fait de la peine. » Les petits effrontés sont en train de finir deuxièmes, c’était pas prévu. Même troisième, pour un tour préliminaire de C1, c’était pas le plan prévu : que deviendra Mvuemba si ça se produit ? Et Aulas ne peut plus compter sur les Lillois pour le sauver.

Auto Bafé

Alors, « il faut tirer les oreilles des joueurs qui sont entre deux eaux ». Qu’ils marquent 11 buts en 21 matches avec des dreadlocks, voire qu’ils achètent des lunettes pour promettre de reprendre leurs études après une garde à vue dans une affaire de viol en réunion ne change rien : ils n’ont plus la tête à Lyon. Aulas l’a décidé, et il n’est plus là pour faire dans le sentimental, sinon il aurait gardé Malbranque toute sa carrière. Il est là pour former, vendre le plus cher possible et amasser pour acheter des Brésiliens et gagner, comme avant. Comme ça, Florian Maurice peut se dire qu’il est un peu septuple champion de France lui aussi.

C’était en 2010 : « L’OM a pris des risques financièrement. Moins que nous, mais ils en ont pris beaucoup. C’est une prime à ceux qui prennent des risques, le football français progressera comme ça. »

L’Edito Ballon d’or : La Messi est dite

Iniesta et Xavi sont donc des gros connards. Le jury du Ballon d’or ne pouvait pas le dire sur un autre ton, sinon il ne resterait qu’une hypothèse justifiant quatre ans de Messimania : les votants seraient vendus au sport spectacle. Et encore, si ces deux-là n’étaient pas là on se demande bien comment Messi ferait pour montrer à la centaine de téléspectateurs de Lequipe 21 son ridicule noeud papillon de marque. Messi n’est donc pas qu’un pantin sans cervelle bon qu’à jouer au foot, c’est rassurant. Mais cet argument est éculé autant que les larmes d’Iniesta qui n’a jamais autant détesté son copain nain et surdoué que lorsqu’il lui a dit qu’il était fier de ramasser tous les ans la récompense à sa place. Il ne pourra pas en dire autant à Higuain pour ce titre mondial et toutes ces Copa America mais il n’en pense pas moins. Pourtant, une fois n’est pas coutume, le Vestiaire est de mauvaise foi, nous n’aimons simplement pas les gens qui réussissent. Car Messi mérite sa victoire. La preuve, il répond à tous les critères :

Lionel en tonnes

Sur les performances individuelles, entre Drogba, Cahill, David Luiz et Casillas, aucun n’est parvenu à atteindre les 90 buts, hors il n’y a que ça qui compte avec les titres remportés. D’ailleurs collectivement, le Barça de Messi s’est presque imposé en Liga, en C1 et même à l’Euro. Du coup il était inutile de s’intéresser au palmarès, dernière étape du premier critère. En gros, il faut donc être le meilleur buteur parmi les deux  joueurs les plus médiatisés. S’ils étaient nés un peu plus tard, Sammer, Yachine et Beckhenbauer auraient dû monter d’un cran sur le terrain, faire des sextape ou être aussi grand que Pujadas pour intéresser le jury.
Car la suite des critères parle des qualités du joueur, son talent mais aussi le fair play. A l’évidence, aucun des 50 finalistes n’avait la moindre correspondance avec ce caractère et surtout pas Iniesta le plus méchant des hommes, donc difficile de juger. Question carrière Messi a moins de concurrence. Qui est le joueur le plus titré de l’Histoire du foot encore en activité et en course pour le Ballon d’or ? Qui a été élu meilleur joueur de l’Euro 2012, meilleur joueur de la finale et meilleur joueur de la finale de la Coupe du monde 2010? C’est pas Xavi, il n’est que l’autre joueur le plus titré de l’histoire du foot, meilleur joueur de la finale de C1 2009, et meilleur joueur de l’Euro 2008 mais il était pas en finale lundi soir. Enfin, comment passer sous silence la personnalité et le rayonnement de Leo Messi starifié tant qu’ils le peuvent par ses gestionnaires de fortune mais toujours aussi charismatique qu’Iniesta, Xavi et Pierre Moscovici sans la barbe.

La mort du requin Blanc : Il s’admire Nasri

C’était une belle histoire printanière que n’aurait pas renié Claude Sautet. 4 gamins séparés par la vie, de nouveau réunis pour le meilleur et surtout pour le pire.


Le problème c’est que leurs parents, nés en 1998, avaient entre autres vices le goût de la victoire. Chacun était devenu une star avant l’heure à son échelle grâce à son talent. Il ne suffisait plus qu’à gagner l’Euro. En 2008, voire en 2012.  Domenech n’en avait pas vraiment voulu, on commence à comprendre pourquoi. Etait-il un bon entraîneur pour autant ?

Le Karim était presque parfait

France-Espagne aura été un joli épilogue. Il y a ce que tout le monde a vu : le fiasco de Benzema redevenu mortel, mais le sien n’est que sportif. Pour les autres, France-Espagne était devenu la rencontre test. Le bac philo pour Ben Arfa qui a devisé sur l’humour de Spinoza avec son agent, le même qui lui avait appris à lire il y a quelques mois. Pour une fois que le Progrès et la Provence n’avaient rien à écrire sur lui. Ménez, lui, a confirmé l’importance de sa matière grise et de sa maîtrise de l’Italien. Echauffement pianissimo, défense vaffanculo, insultes grosso merdo. Vous voyez qu’il est pas si con.

Samir se barre

Le quatrième a montré qu’il ne fait pas bon s’appeler Samy Naceri ou presque : au service du collectif ou presque il a fêté le seul but de sa carrière en bleu en affichant pompeusement sa richesse de vocabulaire. Privé de titularisation samedi, il a relevé son col pour mieux pouvoir se contempler dans les reflets des panneaux publicitaires. Avant bien-sûr d’afficher pompeusement sa richesse de vocabulaire en zone mixte. Echecs et mate un peu cette pute, comme on aime le crier à l’envi quand on a grandi avec pour ambition de lever. Du fric et des meufs. Il ne manquait plus que les doutes. A la fin du match, Nasri et Ménez ont filé au vestiaire pendant que les autres saluaient les supporters français. Comme quoi, ils savent parfois jouer un peu l’un pour l’autre : grâce à eux, le premier de la classe Ribéry est aussi devenu le gendre idéal.

Ligue 1 : Le Père Noël dans les ordures 2012

C’est une année de misère, où tout le monde aurait besoin de quelque chose, mais le Père Noël n’a plus confiance en ses Rennes, qui veulent passer par Paris et en taxi. Comment leur faire comprendre que la Coupe d’Europe n’est pas un cadeau ?

Nancy : Jean Fernandez est bien gentil, mais avec ses elfes le Père Noël, lui, il y va jamais Mollo. C’est comme finir le foie gras dégueulasse de l’année dernière juste parce qu’on est radin, en se promettant de plus jamais faire confiance aux intermédiaires.

Troyes : On peut donc prolonger le contrat de son entraîneur au bout de 9 journées, en étant 19e. C’est la magie de Noël : ça n’empêche pas d’être 19e fin décembre. Il n’y a pas de miracle à Noël, sinon tout le monde offrirait une smartbox à 150 euros à ses beaux-parents.

Sochaux : A un moment, quand on a que des gamins, il faut leur dire que le Père Noël et la 10e place de Ligue 1, ça n’existe pas.

Reims : A une époque, le champagne était tellement à la mode qu’on en achetait cinquante bouteilles d’un coup. C’est comme les tranches de Kopa ou une Fontaine de champagne, c’est devenu ringard. Et Tacalfred ?

Bastia : Ils ont tellement fait les cons que le Père Noël moustachu, pas le facteur, l’autre, leur a interdit de faire Noël chez eux. A force de la jouer Modeste et de prendre 41 buts, on fait rire les autres. Ça pue le coffret camelote, hélas pas celui d’M6.

Evian : Un repas de Noël à l’Evian ça surprend encore les gens, mais au bout d’un moment ça va commencer à faire chier le monde. Surtout si le chapon est pas bon, ce que les beaux-parents ne manquent jamais de faire remarquer entre deux grands crus pas si grands.

Ajaccio : Ils ont changé de Père Noël juste avant Noël. C’est extrêmement dangereux ou génial, mais de toute façon quelqu’un finira par se faire buter à la station-service, et ce sera pas Kyan Khojandi, dont le DVD sera toujours disponible en 2013.

Brest : Le Finistère est une terre dangereuse, peuplée de gens étranges aux humeurs changeantes, qui peuvent battre n’importe quelle équipe de Ligue 1 pas trop forte, c’est-à-dire les deux tiers. Ca peut suffire. Et puis, qui se passerait pour la 3e année de suite de recevoir l’intégrale du SAV ?

Toulouse : Tous les ans c’est pareil, TF1 arrive à trouver un nouveau Beethoven inédit. C’est jamais le même chien, c’est jamais drôle, personne ne regarde vraiment mais c’est incontournable, avant d’aller moissonner avec le beau-père. Ou la belle-mère.

Montpellier : Jeunechamp n’a pas attendu l’arbre de Noël du club pour démolir l’emballage de son cadeau. Montpellier doit revenir aux vieilles traditions : on s’embrasse sous le Roux, même quand c’est un avant-centre qui vient de Ligue 2. Parfois on a ce qu’on veut, parfois on a l’intégrale des Nuls car tout le monde est pas au courant qu’on l’a déjà eu trois fois.

Valenciennes : Un Chti, ça mange du maroille à Noël et ça répond même aux questions tordues des journalistes-enquêteurs les plus blafards de la TNT. Rien ne leur fera perdre leur enthousiasme, et comme le Père Noël n’a pas prévu d’offrir un meilleur niveau à la Ligue 1, personne ne sait comment peut finir cette histoire. Ni Pujol, ni Christian Jacq et son 18ème ouvrage sur Cleopatre et les pierres de la lumière.

Saint-Etienne : Quand au bout de trois années de suite mamie vous regarde dans les yeux en disant « tu as été Galtier cette année », vous n’avez plus envie de venir la voir. Bah voilà.

Nice : C’est quand on ne croit plus au Père Noël qu’il vous apporte la preuve de son existence. Dans neuf téléfilms sur dix de M6, c’est un amoureux pour une mère célibataire, et assez souvent Steve Gutenberg. Parfois, c’est un attaquant argentin avec un nom yougo dont l’Ajax ne voulait plus.

Lille : Ils ont longtemps fait croire que chez eux, la vie était aussi tranquille qu’un Noël dans un mignon pavillon BBC tout neuf, au milieu d’un lotissement qui sort de terre. Mais c’est toujours dans les lotissements que les pères de famille modèles commettent l’irréparable, avec la voisine ou la cervelle de leur femme. Mieux vaut sévir avant qu’il ne soit trop tard. Si la commande est mauvaise et que le plus beau cadeau est un Digne, le Père Noël décline toute responsabilité.

Bordeaux : Jérôme Anthony a bien deux primes prévus le 24 sur M6 et W9, alors pourquoi Gillot se priverait de deux Maurice-Belay, même si le deuxième s’appelle Sertic ? Peut-être parce qu’à la fin, plus personne ne regarde.

Lorient : Qui êtes-vous, M. Gourcuff ? Parfois, un simple article dans L’Equipe, associé à quelques résultats heureux et un Intérieur sport pas du tout complaisant, font la richesse d’une famille unie et de Tiburce Darou.

Rennes : Le Vestiaire est obligé de regarder avec bienveillance une équipe dont le Père Noël fait jouer des lutins en réinsertion. Rennes est quatrième à la trêve : s’il y a encore un peu de place dans la hotte, les enfants sages auront bien mérité un joli cadeau, s’il n’est pas illégal. Noël, c’est l’Espoir.

Marseille : Il suffit parfois de retrouver un vieux jouet un peu grassouillet qu’on croyait perdu pour avoir à nouveau envie de jouer avec tous les autres. C’est con en gosse.

Lyon : Quand on est lassé des blockbusters, Pathé propose tellement de coffrets pour Noël qu’il suffit de bien choisir pour passer un bon moment. C’est pas si bon que ça, et alors ?

Paris : Le Père Noël, c’est des grosses conneries, c’est juste les parents qui dépensent du pognon. Les gosses de riches déballent le dernier maître du monde suédo-bosniaque à la mode, ils l’exhibent devant les pauvres qui sont envieux. C’est cher et ça fait plaisir jusqu’à ce qu’un nouveau maître du monde, un vrai, ne fasse son apparition.

Saint-Etienne : Le port Galtier

Un téléfilm avec Daphné Zuniga n’est jamais un gage de réussite, même quand ça parle de Noël. Sainté avec Galtier, c’est pareil.


Tout débute en décembre 2009. Comme de coutume avant Noël, Saint-Etienne cherche à remplacer son entraîneur, qui cette fois n’est pas Elie Baup. Il s’agit d’Alain Perrin. Le poste échoue, pardon échoit, à Christophe Galtier, qui bien entendu était l’adjoint de Perrin. L’électrochoc se produit : 18e, Saint-Etienne effectuera une remontée fulgurante à la 17e place fin mai.

Mais Galtier n’a pas agressé Gallardo dans un couloir pour se contenter d’un vulgaire maintien. Quelques recrues dont il se débarrassera lui apportent la stabilité la saison suivante. Comme beaucoup d’entraîneurs rennais avant lui, il connaît son heure de gloire fin septembre. Saint-Etienne est premier avant d’aller à Lyon, et Saint-Etienne gagne à Lyon. Hormis les neuf matches sans victoire qui suivront, c’est un parcours de champion. Reparti à la 11e place, Saint-Etienne est encore 5e début février. Les quatre défaites de suite doivent au talent de Lyon, Marseille, Nice et Caen. Qu’importe, en tenant en échec le PSG, Saint-Etienne s’offre une belle 10e place finale.

Las des ASSE

La saison 2011-2012 doit donc être celle des Verts. Troisième après trois journées, voilà qui donne à Galtier des envies de podium. Ses joueurs sont costauds : même après six matches sans victoire, ils restent quand même 12e mi-octobre. La fin d’année est folle. Nice, Ajaccio, Caen et Dijon succombent, pour eux le titre est fini. Saint-Etienne est 5e en décembre, puis quatrième mi-mars. Il reste 11 journées. Rien n’oblige à gagner les 11, d’ailleurs Saint-Etienne en perd 6. Suffisant pour arracher la 7e place à Bordeaux, qui se contente de la 5e en gagnant à Geoffroy Guichard. D’habitude, les dernières journées de championnat ne sont pas décisives, ils ne pouvaient pas savoir.

Mais cette fois, Galtier a compris. Pour qu’Aubameyang puisse aller sur le plateau de Canal déguisé en Michael Jackson, il faut durer. Saint-Etienne démarre mal, mais devient invincible pendant 13 matches. Tout le monde y passe, même Reims doit concéder le nul à Geoffroy-Guichard. Sainté gagne à Paris puis élimine le PSG en Coupe de la Ligue. Cette fois, c’est du sérieux. Pas question d’enchaîner quatre matches sans victoire et de se retrouver 8e après une défaite contre Lorient à domicile. Ce serait un coup à faire dire à Galtier « vivement la trêve ».

OM : Elie beauf

« Se dire les choses en face », nous raconte-t-il. Ok : Souleymane Diawara est pas bon.

C’est à n’y rien comprendre, Jordan Ayew est pourtant un grand espoir du football ghanéen, alors, jamais l’OM n’avait pensé se retrouver dans cette situation. On ne parle pas de la 3e place avec 7 points de plus que l’année dernière, ce qui est au moins aussi perturbant, Lille et ses neuf points de moins est donc bien le concurrent du Paris-SG que toute la presse attendait. Mais de tout temps, quand Lorient marque trois buts ailleurs qu’en Bretagne, il faut toujours se poser cette question : qu’est-ce qu’on fout sur le podium ?

Kinder Valbuena

La première chose à prendre en considération, c’est que Marseille reste sur cinq défaites en huit matches. Le retour de Diawara ne pouvant pas tout expliquer, sans doute faut-il se résoudre à réhabiliter Gignac. Il est blessé et en surpoids : l’image n’est pas inhabituelle, mais elle fait quand même chier Valbuena. Lequel fait toutes les nuits le même cauchemar : il est aussi grand que Stéphane Ziani, moins bon mais Deschamps lui adresse quand même la parole. Le lendemain il conduit sa lamborghini comme un crétin et elle finit à la casse. La semaine d’après il rêve que des gamins veulent un autographe mais il est dans sa lamborghini et ne les entend pas, du coup il sort pour les frapper. Peut-être rêve-t-il aussi que la canne de Cheyrou lui passe la balle, qu’il se retourne vers le but adverse et au moment de lancer un attaquant, il n’y a que des Ayew, et Abedi Pelé. Il le fait quand même, et quand il se réveille, il n’y a jamais eu autant d’articles sur Apruzesse et Raspentino que ce dernier mois. Il n’y en avait d’ailleurs jamais eu.

La vraie force de cette équipe est donc collective puisqu’il y a aussi eu des sujets sur Kassim Abdallah, un Franco-Comorien ancien Sedanais qui découvre le haut niveau à 25 ans, à ne pas confondre avec Abdullah, formé à l’OM, qui malheureusement joue aussi. Et bien-sûr les premiers pas de Joey Barton. Tout ça a fini par éclipser le fait que Morel, Kaboré et Fanni sont toujours là, et que Rémy ne l’est toujours pas. Autrement dit, pour une équipe qui mêle titulaires et remplaçants de l’équipe qui avait arraché la 10e place de Ligue 1 en mai, perdre 3-0 à domicile contre Lorient et rester 3e est presque un week-end à double prime.

Baup a-t-il construit une équipe à son image ou l’OM a-t-il construit une équipe à l’image de Baup ? N’est pas consultant au Canal football club qui veut. D’ailleurs il y a Carrière maintenant.

Lille : Danse avec Kalou

Si jamais on a des lecteurs fidèles ils vont avoir une impression de déjà vu. Mais au moins ça voudra dire qu’on a des lecteurs.


7 juillet : « La venue au LOSC du champion d’Europe en titre Salomon Kalou s’inscrit assurément parmi les moments forts du mercato 2012-2013 » ; 1er novembre : « Il y a Kalou qui est critiqué mais pas que lui, Martin et Payet aussi. »

Salomon Kalou avait un frère. Il était plus âgé, s’appelait Bonaventure et jouait aussi au football en France. Pour Bonaventure, rien n’avait été simple : une éclosion aux Pays-Bas, un transfert à Auxerre, et puis la grande aventure au PSG pour une fin de carrière six mois plus tard, à 28 ans. Pour Salomon, tout semble plus simple, au contraire. Une éclosion aux Pays-Bas, et puis un transfert à Chelsea. Il y reste six longues saisons et s’impose au poste de remplaçant ailier droit, puis de remplaçant avant-centre et enfin de remplaçant ailier gauche. L’Ivoirien est polyvalent, au point d’avoir voulu la nationalité hollandaise avant de déclarer son amour à la sélection ivoirienne. Lille, qui cherche à remplacer Hazard, est donc un choix de cœur. Cinq mois après l’arrivée de la star, les effets sautent aux yeux : Lille marque cinq fois moins de buts que les saisons précédentes et Kalou gagne cinq fois plus que les autres.

Pendant ce temps-là, Eden Hazard comprend à sa manière ce que veut dire le mot concurrence à Chelsea.

Landreau : Hélices au pays des merveilles

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L’ancien gardien lillois n’aura jamais manquer une occasion de montrer son savoir-faire : le coup de poing ukrainien, le manchette écossaise, la panenka sochalienne ou la sortie auxerroise et bien-sûr la rupture des croisés. Pour fêter son envie de revenir chez les Bleus, et sa fin de carrière, le Vestiaire vous marre le jour où tout a commencé.

Landreau approche les 18 ans en ce 17 avril 1997. Il faut beau, il fait chaud, la Beaujoire a fait le plein, tout le monde se sent si bien qu’une démonstration de saut à la perche est organisée juste devant la tribune Loire. Un petit garçon est même venu sans son papa, à douze ans à peine c’est bien normal, Fourniret a sa carte d’abonné, Gilles de Rais n’est pas loin, qui voudrait gâcher la fête ? Du côté de la pelouse, un autre drame se noue. Invaincu depuis octobre, Nantes revient sur les talons du PSG pour la deuxième place, qualificative pour la Ligue des Champions. Le jeune gardien est leur porte-bonheur, personne ne sait encore ce que piquer la place de Casagrande et Loussouarn signifie vraiment. Landreau n’a pourtant pas fini de grandir, sa circonférence crânienne a encore beaucoup à apprendre.

Libbra dort

A la demi-heure de jeu, une tête de N’Doram avait ouvert le score. Puis Gravelaine, à bout portant, avait permis à Marseille de ne pas égaliser. Tout se déroulait donc comme prévu. Jusqu’à ces fameux arrêts de jeu. Letchkov centre, Libbra saute et Landreau se dit que ça ne peut pas être bien méchant. Pas idiot, mais présomptueux. Il court vers le ballon, à moins que ça ne soit vers le tunnel des vestiaires, Suaudeau se précipite pour le retenir, Marraud revit ses grandes années. Comme sur Canal, des années plus tard, Libbra n’a pas vraiment besoin de s’appliquer. Son lob est parfait, 1-1, deux points de perdus. Sur le dernier corner de la dernière journée, Landreau montera-t-il pour le plaisir ou parce qu’il manquait deux points pour la Ligue des Champions ?

Pendant ce temps-là, à quelques kilomètres de là, Barbe-Jaune sévit encore. Le derby n’aura pas lieu.

PSG : Le foie gras de Qatar

Philippe Bergeroo n’était donc pas responsable.

Le Vestiaire avait donc tout subodoré. Le 28 août, il parlait d’une jeune Argentine effarouchée, courant les rues de Paris à la recherche d’un vol pour Palerme. Le 19 septembre, le Vestiaire avait-il tort de saluer le retour fracassant du PSG en Ligue des Champions ? C’était face au Kiev, une démonstration presque à la hauteur du 7-2 infligé à Rosenborg en 2000. Personne n’a oublié la facilité déconcertante avec laquelle Paris remporta ensuite la Ligue des Champions.

Mais avant ça, le 1er septembre, le Vestiaire avait écrit la saison à l’avance : « Paris aura quelques occasions, Ibrahimovic pourrait même être dangereux et puis à un moment Paris n’aura plus le ballon parce que la Ligue des Champions reste la Ligue des Champions. » C’était un peu théorique, c’est vrai : Nice, Saint-Etienne et Rennes ont fini par comprendre avant le printemps qu’il y avait d’autres méthodes à appliquer pour battre le PSG, même sans le ballon. Trois équipes de merde, dont aucune n’a battu Evian la dernière fois qu’ils l’ont rencontré, n’éclairent pas seulement sur de banales erreurs colossales de recrutement. Ce serait trop simple. Que la crise de novembre se déclenche cette année, alors que Kombouaré l’avait évitée en 2011, c’est une information essentielle. Comme l’est une défaite à Nice alors que le PSG n’a pas le droit de perdre, car sa place sur le podium est menacée. Les joueurs étrangers n’y changent donc rien pour l’instant, le pognon non plus. La Ligue 1 peut être fière d’elle : personne ne lui marche dessus. Lorient-Toulouse le dimanche soir fera toujours le bonheur de Delormeau : elle est bien d’un très mauvais niveau, mais personne ne s’en extrait. A part Ibra bien sûr, rudement bien parti pour être meilleur buteur. Le bougre, il est fort.

La grippe Javier

Pour autant, faut-il virer Ancelotti ? Il a fait les choses dans l’ordre : bâtir une équipe solide, disciplinée, pour être compétitive immédiatement. Ca a marché jusqu’à novembre, le mois où Menez se souvient qu’il joue au foot pour gagner les matches tout seul, où Ibra ne veut plus défendre, où Pastore rencontre les ex de Ronaldinho, où Matuidi commence à avoir mal aux jambes de courir pour les autres. C’était arrivé en 2000 à Laurent Robert et à d’autres, pourquoi pas aujourd’hui ?

Pendant ce temps-là, Paris se prépare à mettre une branlée à Porto. Ca changerait quoi ?

Domenech/Sublet : Raymond, c’est avoue

A quoi sert de payer un conseiller en communication de crise ?

Si vous vous posez cette question c’est que vous n’êtes pas Raymond Domenech. Au delà de tout le pognon qu’il a pris au poste de sélectionneur auquel il ne s’est accroché que « parce qu’il avait l’espoir de devenir champion du monde après être passé si près« , on a toujours besoin d’un petit supplément au million pris lors de son départ de la FFF. On ne sait jamais, si Estelle se fait encore augmenter.
Mais pourquoi avoir attendu 2 ans pour publier ses mémoires ? Pour Sublet, désireuse de coincer son interlocuteur comme Laurent Weil le fait si bien quand il demande à Luc Besson s’il a conscience d’être une légende, c’est qu’il a pris le temps de la réflexion. Mais Raymond avait une meilleure explication, il suffisait de lui demander : « Car l’éditeur a choisi le moment opportun pour buzzer et faire du fric. » Non, on déconne, il a dit qu’il avait envie d’oublier tout ça. Quelle meilleure façon de le faire que de publier un livre dans un moment où l’actualité sportive est si intense qu’on ne parlera que de ça. Au coeur de cette interview magique, il fallait bien à un moment en arriver au contenu du livre : quelles explications à son manque de résultat, à son manque d’autorité ? Incompétence ? Sublet intransigeante a préféré évoquer avec lui l’anecdote qu’il a inventé où son fils lui demandait s’il allait finir en prison. N’allez pas croire à une géniale instrumentalisation du petit Merlin pour lui éviter de sous-entendre que la presse le traitait comme un criminel. A moins que ça soit finalement bien ça, mais Alessandra en était déjà à lui demander s’il cuisinait et Raymond de rétorquer sans se démonter qu’il sait faire les pates et les tomates. Abdel le cuistot un poil plus professionnel a tiqué sur le « faire les tomates » qui ne voulait rien dire. Alessandra a su lui demander s’il voulait dire qu’il avait un potager et non qu’il essayait de se rendre sympathique alors qu’il en avait rien à foutre de la question. « C’est mignon, on en apprend des choses dans cette émission. »

Merlin l’emmerdeur

On apprend surtout que Raymond est aussi gentil qu’à l’époque où il se foutait ouvertement de la gueule du monde quand Sublet lance un magneto qu’il n’a pas le temps d’écouter ni de regarder : « Ca m’intéresse, mais ça à l’air très bon ce que vous avez préparé« . Ca avait l’air très bon aussi la reprise de Véronique Sanson par une humoriste à la fin de l’émission qui voulait que Raymond chante un peu, devant l’air un brin agacé de Domenech qui aurait encore préféré nettoyer les crampons d’Anelka comme à la grande époque. A part ça, son grand regret c’est de ne pas avoir le bac et que les joueurs gagnent trop aujourd’hui pour ne pas tout se permettre. On saluera au passage l’intervention de Vernon, exhumé pour l’occasion, qui a rappelé que Domenech avait révolutionné le poste de défenseur. Le fameux Raymond Beckenbauer c’était donc lui. Le boucher aussi même si « ce sont des histoires de journalistes qui n’ont rien à dire d’autres. » Et donc ce palmarès vierge ?

Pendant ce temps-là sans Domenech et Blanc on se fait quand même bien chier. Autant se lancer dans des paris sportifs.

Paris-SG : Carlo en Fabio Lucci

« La Ligue 1 se déchaîne » titre un quotidien référent. Parce que Lyon leader c’est une bonne nouvelle ?

La question taraude l’esprit de tous nos spécialistes foot depuis des semaines. Ibrahimovic traverse-t-il la meilleure forme de sa vie ? Trop d’indices leur sont venus pour répondre que non, alors c’est oui. Mais la vraie réponse date de ce week-end : et alors ? Ibra a réussi son travail à Paris comme il l’a fait partout ailleurs, sauf au Barça. Il a créé la dépendance, n’hésitant ni à faire des passes décisives, ni à flatter Gameiro. Ses sbires ne se sont rendus compte de rien, et Ancelotti non plus. Même la Ligue des Champions a commencé à parler de Paris, sans se rendre compte qu’elle était elle-même à son plus bas niveau depuis des siècles. Depuis quand une équipe indisciplinée, dont trois joueurs ne défendent que les jours paires de pleine lune, gagne-t-elle la C1 ?

Suédois d’honneur

Zlatan a réussi son coup, et le génial retourné qu’il a marqué en amical avec la Suède ne changera rien au cours des choses. Il est le même : un attaquant qui prend tellement de place qu’il marque des buts et coûte des titres parce que ses équipes ne peuvent pas progresser. Paris s’est douloureusement rendu compte de trop de choses contre Rennes : que Matuidi ne savait pas créer de jeu, ce que Deschamps s’emploie à ne pas lui faire faire, que Hoarau est maladroit, que Menez n’est pas un joueur fiable, que ça fait un an et demi que Pastore ne vaut pas 42 millions et que Nene reste meilleur que beaucoup d’autres quand il joue. C’était donc Rennes en face, à neuf. Si Paris promène depuis des semaines cette habitude de se bouger juste le temps minimal pour gagner, contre Zagreb ou Reims, ce n’est pas un hasard : ça allait lui revenir dans la gueule tôt ou tard. Thiago Silva jouait pourtant. Etrange.

Pendant ce temps-là, Marseille ne se créé pas une occasion, Bordeaux et Gouffran sont 2es, Lyon et Gourcuff sont 1ers et le PSG de Kombouaré avait sept points de plus l’an passé après 13 journées.

Communication : Le Domenech show rediffusé

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Le Vestiaire republie aujourd’hui la véritable histoire de Domenech à la tête du football français. Celle où les incohérences prennent tout leur sens, où le foutage de gueule est professionnalisé. Voici l’histoire d’un homme livré à lui-même, seul contre tous : le premier héros de téléréalité sportive.

Raymond Domenech n’en garde que des bons souvenirs. En 1999, 2006 et pourquoi pas 2008, France-Italie aura récompensé les efforts du plus grand génie du football français. Pourvu que ce nouveau grand jour ne soit pas le dernier. Si la production emmenée par le tandem Escalettes / Jacquet n’exclut pas de programmer le Domenech show encore deux ans, rien n’est encore décidé. Depuis qu’il a pris en mains les Espoirs, s’il fait n’importe quoi et ne gagne rien, il accède quand même aux plus hautes fonctions. Frappé du sceau du génie. Après tout, ce n’est que de la télé.

L’histoire commence en 1993. Domenech est répéré lors d’un casting sauvage des plus classiques par Jean Fournet-Fayard. Le président de la FFF n’en est pas à son premier coup d’excellence, c’est lui qui a mis Houiller à la tête des A. Il repartira avec au lendemain de France-Bulgarie. Ce qu’il aime chez Raymond, c’est sa moustache, et la principale ligne de son CV : fraîchement viré manu militari par son premier vrai patron, Jean-Michel Aulas. C’est un premier signe très favorable. Pas encore assez médiatique, il hérite logiquement de l’équipe de France Espoirs et sa faible exposition (le câble ou Canal+ en crypté) pour se faire les pieds ; il y restera 11 ans. Le bilan des Bleuets est flatteur : deux titres en dix ans (vainqueur du tournoi de Casablanca 1999 et du festival Espoirs de Toulon en 1997), avant la gloire de 2004 et son second Toulon. Un marche pied vers le stade supérieur : ses échecs multiples sont un gage probant, il a même flingué plusieurs générations (cf Henry lors du Italie-France 1999). Il est prêt pour le prime time.

La vraie vie de Raymond

Lors de son entretien d’embauche, Domenech oublie son CV à la maison et passe pour l’homme idéal auprès de Simonet comme d’Estelle Denis, pour le candidat de la DTN face à Tigana et Blanc. Sa première conférence de presse est déjà un foutage de gueule médiatisé. Le premier d’une longue série, le public aime, les journalistes aussi. « Quelles sont les grandes lignes de votre projet ? C’est simple : il faut gagner des matches. » A partir de là, c’est l’escalade. Avec l’équipe de France A, il trouve enfin un jouet à sa mesure. Il veut tout tenter pour ridiculiser le football français le plus longtemps possible. La production lui donne carte blanche, il ne va pas se faire prier. Landreau le comprendra un peu tard, il n’existe pas de relation filiale à la télé. Tout ça c’est du cinéma. On fait clairement comprendre à Domenech l’étendue du challenge : « Les résultats on s’en fout, seule compte l’audience. »

Il commence fort. Interdire les walkman et imposer les protège-tibias à l’entraînement, même une équipe de DH insulte l’entraîneur au bout de deux jours. Il impose une intransigeance dont il se moque éperdument. Il discute avec les joueurs un par un sans écouter leurs avis. Mais ça lui donne un côté humain pas dégueulasse. Il convoque même Luyindula. Mais Raymond veut plus. Il veut se faire tous les cadres. Thuram et surtout Zidane sont retraités. L’occasion de liquider la génération Jacquet est trop belle. Le talent et la persévérance agissent : ils cèdent aux sirènes du génie rapidement. Il fait croire à Zidane qu’une deuxième étoile ferait joli sur sa robe de chambre. En réalité, la Coupe du Monde 2006 doit être leur fiasco final, il va tout mettre en oeuvre pour y parvenir.

L’audience, pas encore la correctionnelle

Il commence donc à se priver de certains indiscutables : Pires et Giuly, notamment, sous couvert d’une banale histoire de rancune. Personne ne relève, les joueurs concernés sont inaudibles, les deux premiers devenant même des récurrents de l’antenne de RMC, il y a même un club Pires sur Europe 1. Il réinstalle les papys dans leur fauteuil, regonfle leur égo et les emmène vers la Coupe du monde. « Rendez-vous le 9 juillet. » Sa pointe d’arrogance l’avait beaucoup amusé, elle passera finalement pour de la compétence. Les matches de préparation confirment pourtant ses prédictions : Zidane et Thuram n’avancent plus, Vieira s’agace sur le côté droit, Barthez et Coupet se tirent dans les pattes grâce à lui. Mais la mécanique s’enraye une première fois avec la blessure de Cissé. Djibril, qui pourrait être plus dangereux sur une jambe, doit être écarté. L’indigne France-Suisse est une mise en bouche appétissante, le très vilain France-Corée est un régal, mais le Togo est vraiment trop mauvais, Kader Touré n’arrive même pas à prendre une fois Thuram de vitesse. Le sélectionneur s’inquiète, il a vu les matches du Brésil, ça lui rappelle furieusement quelque chose.

Et puis, la machine s’emballe. Les joueurs s’organisent sur le terrain, Zidane se remet à courir, l’équipe est solide. Les vieux ont repris le pouvoir, Domenech voit son oeuvre lui échapper. Il regrettera ad vitam eternam que Zidane ait été si poli le matin de France-Brésil. Un mot de trop et il l’envoyait avec plaisir en tribunes. Déçu, il tape quand même dans la main de Thierry Henry après le match. Heureusement, la fin est enfin à la hauteur. Vieira se blesse, l’occasion est encore trop belle, il fait rentrer Alou Diarra, la ficelle est grosse mais tient. Zidane sort expulsé, son jubilé est terni à jamais, Domenech sent que la chance tourne, c’est le plus beau jour de sa vie. Surtout qu’avec une finale, on lui offre deux ans de bonheur supplémentaires. Ca ne sera pas de trop, Thuram est encore debout.

Pour 2008, c’est donc un chapitre de Machiavel qui s’ouvre. Domenech a compris que le costume de patron resterait aux vieux jusqu’à la fin de leur vie. Il faut juste les pousser dans l’escalier. Alors, il les flatte car au fond il sait qu’il dispose de la défense la plus mauvaise de l’Histoire. Jean-Baptiste Poquelin n’aurait pas écrit meilleure pièce. Il pousse la farce jusqu’à avertir le monde de ce qui va se passer. Personne ne bronche.

Ne pas finir comme Jacquet

Alors il met les pieds dans le plat. Il convoque Thuram à chaque fois, en fait un indiscutable, comme Sagnol. Ils ne jouent pas de l’année, peu importe, il continue de louer l’importance des cadres, dans une France en pleine confiance. Et quand Sagnol fait chier, c’est lui qui prend les remarques d’Escalettes. Sa liste est finalement peu décriée, il s’est pourtant fait très plaisir. Trezeguet n’est pas là et tout le monde invoque la logique. Il convoque Mandanda mais laisse Coupet sur le terrain. Malouda est intouchable, il n’a fait qu’un bon match en club, celui qu’il a joué. Entre Benarfa, Cissé et Gomis, il prend Gomis, et la presse jubile. Entre Clerc, Sagna et même Clichy il n’hésite pas une seconde non plus. Cette fois, la presse a quelques doutes, mais les garde pour elle. Les matches amicaux sont encore très mauvais, les attaquants se marchent sur les pieds, Thuram prend un grand pont contre l’Equatorien Tenorio et Wenger salue « son sauvetage sur la ligne, un modèle pour les jeunes ». Domenech sourit, et persuade David Astorga qu’il pourra bien reluquer les hôtesses autrichiennes les 29 juin à Vienne.

France-Roumanie arrive, la France est toujours nulle, ne se crée pas d’occasion. Des 16 équipes, elle est la seule à faire jouer un infirme, Sagnol, et un dépressif chronique, Malouda. Mais Domenech doit patienter. Les Roumains se rendent compte à la fin du match qu’ils ont laissé passer l’opportunité de leur vie en n’attaquant pas. La France n’est pas éliminée, et elle peut même aller en quarts. Domenech joue banco et tente le tout pour le tout : il se prive de Benzema pour les Pays-Bas, et maintient les vieux comme titulaires. Il a fait sa meilleure équipe possible, comme ça pas de regret. Ils ne le décevront pas. 1-4, Coupet est un Marraud, Thuram et Sagnol sont lents comme Diniz dans un 100 mètres. La France entière se moque de ses anciens, qui ne comprennent pas l’évidence : ils sont cramés. Domenech a réussi, son plan est un triomphe, l’audience au top.

Italie-France : Les gens bons de Parme

Ibrahimovic a inscrit un quadruplé, dont un retourné de l’extérieur de la surface. Dommage que les matches amicaux ne comptent pas, comme ceux où la Suède est éliminée ou ceux de Ligue 1 avec le PSG.

Le Toulouse football club est une vénérable institution, fondée en 1937. Un club sans histoire, sans titre et dont la seule légende s’est longtemps résumée à une agression de Deysperoux sur Maradona, au bout de deux secondes d’un match de Coupe d’Europe qui n’était pas vraiment fait pour lui. Il y a aussi eu Pickeu, Bancarel, Soler et Calderaro. L’équipe de France, c’était pas pour les Toulousains. Même avec un stade tout neuf, le Mondial passait plutôt par Lyon ou Lens.

T’es fessé

Et puis Italie-France est arrivé et le modèle toulousain a fait des petits, plutôt costauds et pas trop bons techniquement. Jusque-là, le bleu avait hésité entre les deux, ils ont fini par jouer tous les deux ensemble : Moussa Sissoko et Etienne Capoue ont livré une grande performance défensive, ce qui veut bien sûr dire qu’avec le ballon c’était effrayant. Ont-ils mérité leur sélection ? Le football français n’en est plus à ces questions-là. Il n’en est pas non plus à ne pas féliciter Gomis d’avoir inscrit le but de la victoire sous prétexte qu’il a rendu tous ses autres ballons aux Italiens. Sinon Matuidi est bien indispensable, ce qui est une excellente nouvelle et une très mauvaise. Valbuena a été le meilleur, Evra a fait une passe décisive, Ménez a pu dribbler un peu plus qu’en Espagne mais Deschamps s’en branle si l’Italie n’a rien foutu du match : personne n’avait réussi autant de miracle avant lui, même pas Gasset. Jacquet avait gagné avec Di Meco, Gnako et Le Guen en Italie en 94, c’était pas plus dur.

Pendant ce temps-là, TF1 se vante d’avoir une fiction avec Vincent Elbaz. Qui pourra empêcher Gourcuff de revenir ?

Prix Nobel : M’Vila au bord de la merde

Il était une fois Yann M’Vila, joueur de Rennes entraîné par Guy Lacombe. Ca commençait mal. Mais Antonetti et Laurent Blanc sont arrivés. Ca tombait bien la France recherchait un joueur d’avenir, alors on a convenu qu’il était mature, même si l’image laissée dans la banlieue d’Amiens le rendait plus proche d’un consanguin voire d’un con sanguin. Des gains il lui en a fallu pour offrir à des putes Montpellier-Rennes sa jolie montre un soir de France-Chili. Devenu indispensable grâce à sa qualité de première passe et sa relance perforante dans les bordels et ailleurs, c’est à ce moment là qu’il met une première fois sa carrière au service des médecins, pas encore psychiatriques. Il revient pour faire un Euro merdique mais il va mettre la manière en ne serrant pas la main de Blanc et Giroud. Même si Giroud on peut comprendre. Mature, il fait des photos avec des gamins le lendemain mais il est suspendu quand même. Selectionné en Espoirs, il fait le job et dit que ca fait plaisir. Tellement qu’il prend le taxi au Havre car Paris c’est quand même la classe. Mature.

On se souviendra qu’il avait marqué contre l’Albanie.

Ligue 1 : La proie de Lorraine

Après sa prise de pouvoir, 1-0 à Nancy, le Paris-SG est sans doute déjà champion. Voici pourquoi.


La Ligue 1 s’annonce comme un long fleuve tranquille pour le Paris-SG. Comment pourrait-il en être autrement, vu la nouvelle démonstration de force réussie à Nancy samedi. Une victoire 1-0 sur le terrain du 20e s’il vous plaît. La suite de Paris face à la Ligue 1, ça devrait être un écart qui se creuse comme la pelouse synthétique de Marcel-Picot sur ce tacle de Puygrenier à la 76e minute, alors qu’Ibrahimovic marchait doucement à 20m des buts avec un ballon.

Paris continuera d’assommer le championnat grâce à ses enchaînements de haute volée, qui vont trop vite pour le petit peuple, comme ce une-deux avec Massadio Haidara, dont la remise pour Zlatan était réellement parfaite. Encore fallait-il la hargne du buteur de génie, et son enchaînement à la vitesse de la lumière : en à peine une minute, contrôle pied droit, footing de deux mètres, regard vers le but, frappe pied gauche. Le tout sans avoir couru du match, puisque sa queue de cheval était remarquablement propre sur les photos de joie. Et c’est vrai que c’est plus appréciable qu’Aubameyang et ses masques de merde. Paris a un truc en plus, c’est peut-être ça, c’est peut-être aussi N’Dy Assembe qui réalise une superbe parade pour permettre au ballon de toucher le poteau avant de rentrer.

Paris est implacable et rien ne pourra empêcher Ibra de réaliser des grands ponts sur la défense toulousaine, qu’elle soit toulousaine ou pas. Les centres de formation français ne pourront plus affirmer longtemps qu’ils apprennent à défendre.Là n’est pas le problème : pourquoi Menez est-il si fort en Ligue 1 et à Zagreb et si absent des autres matches ? La carrière de son colosse d’avant-centre détient une partie de la réponse, mais il ne la révélera pas. Parce que lui, il est dans les 23 nominés du Ballon d’or.

Pendant ce temps-là, Gourcuff se remet de sa blessure. Le fils, pas le père : Suaudeau aussi encaissait dix buts tous les deux matches.

Ligue 1 des Champions : Rudi sur l’ongle

C’est une semaine décisive pour les clubs français en Coupe d’Europe : deux d’entre eux peuvent être éliminés, le troisième peut se mettre dans la merde.

Fallait-il croire les commentateurs de BeIn sport, vendredi soir, quand ils disaient leur impression de voir toujours le même match avec Lille cette saison ? Malgré Di Meco, la remarque était intéressante puisqu’à ce moment du match, De Melo, Mendes, Roux et même Klonaridis étaient ensemble sur le terrain. Landreau n’avait pas encore amorcé sa course pour monter sur le dernier corner. Mais le miracle s’est produit, Saivet a déposé un coup franc sur la tête de Basa et Halilhodzic s’est levé de sa tombe. Les amoureux du grand Bordeaux ont sans doute vu passer leurs espoirs fous de podium provisoire et de titre, peut-être même en ont-ils saccagé des réunions familiales bizarrement programmées un vendredi mais papy peut nous quitter si vite.

Peu importe, Lille avait besoin de ça, de retrouver un jeu fluide sur coup de pied arrêté, de reprendre ses marques défensives sur un poteau de Gouffran, d’intégrer ses recrues comme Martin pendant 74 minutes, Kalou pendant 59. Ou de sentir que son nouvel homme fort a pris la mesure de son nouveau rôle de maître à jouer : Payet aurait volontiers tiré le coup franc de la dernière chance s’il n’était pas sorti à la 65e. Le Bayern va voir ce qu’il va voir.

Le Gstaad de Reims

C’est beau une équipe qui ressuscite, au moins autant qu’une équipe qui naît. Un titre de champion, ce n’est rien d’autre qu’un match le samedi après-midi à quatre jours d’un match européen, un match de merde avec un penalty arrêté et un but d’un remplaçant qui sourit parce qu’il a gagné toutes les chances de débuter le sixième match de C1. Un titre de champion c’est Armand, Maxwell, Van der Wiel, Nênê qui dégage à la mi-temps et Reims qui finit par faire dire à Ibra que « Gameiro est un concurrent sérieux ». Il ne manque plus qu’une défaite de l’OM à Troyes et il sera temps de dire que le PSG et Ancelotti s’emmerdent en Ligue 1. Heureusement Lyon a battu Brest, malheureusement Gourcuff s’est soigné.

Inutile de parler plus longtemps de Montpellier. Être à ce point dépendant de Giroud ne rendra service à personne.

Ligue des Champions : Le jeu de l’amour du Hazard

Si c’est encore la même chose la prochaine fois, on trouvera une vieille légende.

Notre spécialiste Ligue des Champions a été prix d’un mal étrange, hier après-midi. Pour la première fois de sa longue carrière, et malgré un abonnement souscrit compulsivement à BeIN sport, il n’avait aucune envie de regarder Valence-Lille. Déstabilisant pour quiconque vanterait à sa femme les plaisirs de la lecture avant de dormir pour mieux regarder n’importe quelle deuxième mi-temps de 16e de finale de Coupe de la Ligue.

Il fallait donc en avoir le cœur net, sous peine de devenir un maillon faible qui s’ignore : le spécialiste a donc regardé toute la deuxième mi-temps. Pour en retenir deux choses : la première, que changer de blason et de stade ça ne fait pas devenir un grand club, puisqu’il ne faut pas oublier que Trabzonspor avait été trop fort l’an passé.

Et la deuxième, que tous les Lillois ont parlé après le match de leur bonne première mi-temps. Dès lors, deux possibilités : ou Lille s’est baladé et a rejoint les vestiaires avec de l’avance, ce que le score de 1-0 pour Valence aurait plutôt tendance à contredire. Ou les Lillois sont tellement bons qu’avoir le ballon leur a suffi à se croire en progrès après, il est vrai, une défaite à Rennes. La titularisation de Mendes, et le niveau de son match, sont un bon indice. Il faudrait aussi se pencher sur le cas de Nolan Roux, qui a la double particularité de ne pas avoir été retenu par son club formateur, Lens, et d’avoir explosé à Brest. Ce n’est pas forcément un paradoxe, une légende Robert Malm l’expliquera bientôt. Avoir le choix entre Roux, De Melo ou Mendes, c’est un peu comme faire de Payet le nouveau Hazard : ça donne mal à la tête à l’entraîneur.

Juve à mine

Evidemment, le football est une chose toute relative qui tient à peu de choses, et si Landreau n’avait pas eu le bon goût de se rentrer tout seul un centre tir, le score aurait été de 1-0. Plus du tout la même histoire.

L’histoire, justement, retiendra que la Juve invincible aurait dû prendre une correction du Shakthar Donetsk et que le Bayern en a pris une en Biélorussie. Pendant ce temps, Barcelone enquille les victoires en étant très loin ne serait-ce que de son niveau de l’année dernière. Et Chelsea reste le tenant du titre. Le Vestiaire va-t-il refaire le coup du nivellement par le bas ?

Pendant ce temps-là, Benzema a marqué autant de buts qu’Ibra en ligue des champions avec seulement 40 matchs de moins. Et Higuain ? Là ça donne envie.

Bordeaux-Lyon : Lamine antipersonnel

Ca fait dix-sept matches de suite, et Sané est toujours là.

C’est une démonstration de force à laquelle personne ne s’attendait. Pas que Lyon perde contre Bordeaux à domicile, ça c’était plutôt évident, mais que Bordeaux soit si mauvais, non. Cinq tirs contre vingt-trois, 33% de possession : les Girondins ont vraiment dû se secouer pour gagner 2-0. Planus était tellement seul à organiser le jeu que Gillot a paru sincère quand il a dit que ça allait être très difficile dans les dix dernières minutes. Ca l’aurait sans doute été plus si Diabaté n’avait pas lobé le grand-père de Vercoutre dix secondes plus tard, effectivement. Bordeaux avait pourtant fait ce qu’il fallait pour encaisser un but voire six mais non, décidément, rien à faire.

Marange, Marange pas

Il y avait en tout cas de bonnes raisons de considérer Ciani comme un joueur moyen et une perte toute relative, puisque dimanche il s’appelait Marange et revenait de prêts au Havre et à Nancy, enfin il y a deux ans et demi puisque prêter un joueur de 26 ans ça se fait plus.

Tout serait plus facile à comprendre s’il s’agissait d’un excès de confiance. Mais ce n’est pas le cas parce que les Girondins savent bien qu’ils n’ont ni argent ni talent. Bordeaux reste une équipe composée de joueurs assez mauvais dans l’ensemble, mais qui n’arrivent pas à perdre ensemble. Ils ont tout essayé : changer de défense, jouer en Coupe d’Europe trois jours avant. Et même, donc, jouer sans buteur et avec un Gouffran nul à chier. Mais Bordeaux trouve toujours une solution, et Diabaté finit même par marquer comme avec Ajaccio, quand ce n’est pas Henri Saivet dont le prêt à Angers avait donc été judicieux.

Pendant ce temps-là on n’a pas encore parlé des frères Karabatic, du match Cession-Montpellier, des paris truqués et de cette animatrice d’NRJ12. Ca nous fera quand même des visites