Real-Bayern : Benz et c’est Bastian

Neuer-Casillas : mais qui sera Ballon d’or ? Peu importe : le Real a gagné au Camp Nou. Bravo.

Tout avait commencé par un foutage de gueule. Hier soir, pendant qu’un autre foutage de gueule se jouait au Camp Nou, Mourinho amenait Granero découvrir les coulisses d’une conférence de presse de demi-finale de C1. Interloqués, les journalistes ont posé des questions mais avaient-ils vraiment envie de savoir ce qu’on ressent en entrant à la 109e minute ? Sans doute pas. Ils auraient préféré par exemple savoir où Khedira et Marcelo ont appris à si bien rater leurs passes, ou si Ozil et Di Maria manquent soudainement les gros matches du printemps à cause du pollen. Mais ils n’en sauront rien non plus.

Boudeuse Liga

A la place, tout a fini par un foutage de gueule. Il se produit 38 fois par an et s’appelle Liga BBVA. Ce championnat si spécial où l’on peut marquer 100 buts en 30 matches, avoir des buteurs qui dépassent les 40 et se laisser amadouer quand même. On peut coller sept buts à Osasuna et penser qu’on fera la même chose à une équipe allemande. Et la Liga devient un précieux allié quand elle programme un clasico entre les demi-finales aller et retour. Mais comment prévoir que le Real et le Barça pourraient y être ? Faire tourner et lâcher le championnat juste pour être champion d’Europe, c’est réservé à ces cons d’Allemands et d’Anglais. Bien fait pour eux.

Les pichis chient

Papin et ses chaussures sportswear bon marché ont pourtant tenté, eux aussi, d’être à la hauteur de l’événement. Mais ça n’a pas suffi. Le Real a été champion d’Europe de l’été dernier au début du printemps, le temps d’oublier comment il l’était devenu : par le pressing haut, les courses, le dynamisme. Bernabeu a pu constater que ça faisait des dégâts hier soir encore, mais le Real ne jouait pas en rouge.

Il est évidemment savoureux de constater que Ronaldo a réussi le penalty qui ne qualifie pas et manqué celui qui qualifie, mais découvrir qu’il manque ses grands rendez-vous c’est comme découvrir que Benzema a été le meilleur. C’était le cas à l’aller, c’était le cas au retour, mais tant qu’il n’osera pas tout faire tout seul il laissera le Ballon d’or aux autres. Faudra-t-il que Robben l’obtienne pour qu’il comprenne ? Higuain, lui, a compris. On n’est jamais sur les tablettes du PSG par hasard, même dans un France Football sans sujet sur Otokoré.

Pendant ce temps-là, le samedi 19 mai à 20h45 W9 organise une soirée spéciale Simpsons.

Barça-Inter, Messi : Le ballon mort

Le Vestiaire l’avait dit, mais il ne s’attendait pas à un tel triomphe. Chelsea, quand même.

Quatre poteaux à zéro. On pourrait résumer la double confrontation à ce simple constat, mais il y en a un autre. Pas celui de Garretier, qui y voit encore une consécration de sa footballogie, toujours sur Infosport. Sans qu’on sache ce que c’est, ni ce que Steve Marlet fout à côté de lui. Peu importe aux yeux de Sergi Rodriguez, socio d’entre les socios, qui pleure encore à cause de Torres, sauf que cette fois Ronaldinho n’y est pour rien.

L’autre constat, c’est que le Barça s’est bien éliminé tout seul à force de se foutre de la gueule du monde. Ou alors Di Matteo est le nouveau Mourinho, on peut prendre les paris. Quand l’Europe entière entend plus de dix fois dans la même retransmission le nom de chaque défenseur du Barça, il n’y a que deux possibilités : soit il y a un problème, soit Kluivert est titulaire.

El Pibe de poteaux

Et, il faut bien le reconnaître, se raser le matin du match n’a pas été la meilleure inspiration de Lionel Messi, qui rajoute un mètre à toutes ses conduites de balle quand son gouatre apparaît. La vie de meilleur joueur de l’histoire est donc une création perpétuelle : être reconnu comme tel, battre les records de buts et s’offrir des quadruplés à tout va en Liga la saison où il ne va pas en finale à cause d’un penalty qu’il se charge lui-même de rater : ni Pelé, ni Zidane, ni Maradona n’avaient réussi. Face à une charnière Bosingwa-Ivanovic, Messi a réaffirmé son attachement au maillot argentin. Lizarazu a poliment attendu la 60e minute pour voir que Messi avait perdu de l’influence, c’était 150 minutes trop tard. Peut-être n’avait-il pas vu le clasico. Hier Messi a tout raté, et il ne doit qu’à un freinage d’Iniesta d’avoir été passeur décisif. Sinon, il aurait été passeur décisif pour un but hors-jeu.

Résumer l’échec du Barça a celui de Messi et de son penalty raté est tentant, mais Christian Jeanpierre l’a senti avant tout le monde et ça n’est jamais un signe rassurant. Car c’est l’échec de Messi qui est celui du Barça. Recruter Sanchez peut servir, parfois même à égaliser dans un clasico, mais au bout du compte on finit par regretter Villa, et ce n’est pas une mince affaire.

Tello goodbye

Il y a mieux, enfin pire : cette saloperie de Masia. A vous gangréner durablement un club, et pas seulement un sixième match sans enjeu de poules de Ligue des Champions. Guardiola a-t-il enfin compris le vrai fléau du baby Barça quand il s’est résolu à faire entrer Seydou Keita comme avant-centre pour toucher un ballon de la tête, à la barcelonaise ?

Le baby Barça, c’est Cuenca titulaire, qui a quand même fini par réussir une passe décisive, mais contre le 6e de Premier League on attendait aussi qu’Ashley Cole souffre, il le fait bien contre Arsenal. Son remplaçant s’appelle Tello et il a tout comprsia u jeu du Barça : il court vite et ne sauve pas son club. Mais où était Thiago Alcantara, le fils de Mazinho, le bébé de Bebeto ? On peut reprocher beaucoup à Messi, mais lui a préféré découvrir Chelsea à 19 ans plutôt qu’à 21. Et il avait gagné. Fabregas, lui, en a bientôt 25 mais il s’en remettra vite : il savait déjà perdre contre Chelsea. Seuls deux joueurs ont été à leur niveau parce qu’ils le sont toujours : Xavi et Iniesta. Ils viendront très prochainement offrir leurs tendons d’Achille au musée du club.

L’Equipe Mag a vraiment bien choisi son week-end pour son Mag spécial Barça. Vivement le dossier sur Messi futur Ballon d’or.

Barca-Real : Karim et châtiment

Jacquet était au Camp Nou, Houiller à Paris. Ginola devait être chez lui.

Il était frais et fier Gonzalo au coup de sifflet final, au milieu des bras levés de ses camarades bien fatigués. Le nez dans ses chaussettes et cet air constipé qui va si bien aux grands joueurs, il sait que grâce à lui Benzema est déjà douché pour peu qu’il soit capable de se doucher en 30 secondes. Il y a moins d’une minute leurs deux corps ne faisaient qu’un le long de cette ligne de touche qu’ils connaissent si bien. Si Benzema accepte encore de partager un peu de sa sueur, c’est qu’il ne peut pas faire autrement, il est sous contrat avec Madrid. Higuain aussi apparemment, au moins à partir de la 93ème minute. Cette fois il n’aura pas coûté la défaite. Mourinho sait désormais doser son temps de jeu, il lui a fallu deux ans mais ça vaut le coup : Benzema n’a eu aucune occasion et n’a servi aucune passe décisive, on appellerait presque ça un match à la Di Maria. Pourtant, il a fait probablement le meilleur match de sa saison.

Le dimanche des Ramos

Si Ramos, Pepe, Arbeloa et Coentrao n’ont été humiliés qu’une seule fois c’est sans doute grâce à lui. Si CR n’a pu s’offrir un doublé c’est aussi sans doute grâce à lui. A la 82ème minute, un 3 contre 1 est armé pour aller au bout, senor Karim choisit de déclencher une frappe lourdement molle que Valdes saisit sans douleur. C’est pourtant lui qu’Ettori considère comme un des plus grands gardiens du monde quand il donne une interview à 20 Minutes. On a les vieilles gloires qu’on mérite. Barcelone avait Henry et Eto’o, même en fin de saison. Désormais, ils ont parfois Tello et souvent Alexis Sanchez. Tout le reste a été nul à chier. A Barcelone, comme à Madrid. Heureusement CR est aussi adroit devant le but qu’Higuain dans le retrait de survêtement, ça peut toujours permettre de soulager les prestations d’Ozil dans les matchs qui comptent. On se met parfois à regretter Iniesta et Xavi. Et Mouss Diouf aussi.

Pendant ce temps-là, François Trillo nous fait saliver en annonçant le Messi du Top 14. Le Top 14 est-il un si mauvais championnat ?

Chelsea-Barça : Au pain Cesc

Messi-Ronaldo, des buts, du spectacle : il ne manquera que le Bayern et Chelsea au clasico de samedi soir.


En quoi allumer Infosport à 22h48 un soir de demi-finale de C1 permet-il de mieux expliquer l’inexplicable ? Geoffrey Garretier a la réponse, à défaut d’en avoir une valable pour définir le métier de footballogue. En expliquant que les dimensions de Stamford Bridge ne sont pas tellement plus petites que celles du Camp Nou, et que l’Inter y avait parfaitement défendu il y a deux ans, Garretier a mis le doigt sur quelque chose d’essentiel : il est inutile d’avancer n’importe quelle connerie pour analyser le 1-0 d’hier soir. Chelsea a eu une occasion, le Barça une dizaine, les meilleurs journaux de presse régionale appellent souvent ça le charme de Dame Coupe de France. Et encore, en Coupe de France le petit arrive généralement à placer une deuxième attaque avant la fin.

Tout ça n’empêche ni Barcelone de se qualifier, ni une finale Chelsea-Bayern, ni Steve Marlet de débattre de Ligue des Champions avec Garretier si on n’a pas déjà zappé sur la rediff de Calvi. En plus hier il y avait Benoît Muracciole, normal pour parler des réseaux multi-délinquants. Boniface était pris, sûrement trois ou quatre bouquins à publier avant le premier tour.

Cole girls

Le merveilleux sens tactique de Di Matteo tient finalement en trois choix : que Guardiola ait aligné Sanchez et Fabregas et qu’il ait fait entrer Pedro. Dire qu’ils ont tout raté comme des merdes serait trop simple et un peu injuste : Sanchez n’avait joué de demi-finale ni avec l’Udinese ni avec le Chili, Pedro n’a toujours pas trouvé comment comment avouer à Guardiola que lui il a une réplique de la Coupe du Monde à la maison. Et Fabregas s’est brutalement rappelé qu’il avait déjà joué sur cette pelouse, puis il a revu avec quel maillot et le cadre a foutu le camp.

Pour le reste, comme d’habitude, Messi a plus tiré sur Terry que l’inverse, de toute façon Terry ne la met au fond qu’en présence de la femme d’un coéquipier. En étant moyen, en finissant impuissant, le Barça a été plus dangereux qu’en 2009 et Chelsea beaucoup moins. Logique : à 35 ans de moyenne d’âge et avec un pugilat à préparer dans une semaine s’ils veulent s’offrir leur finale, il faut se gérer. Comme Cole et Lampard, Terry n’est plus aussi endurant et depuis que son ex-coéquipier Bridge lui a mis son poing dans la gueule, il a appris à ménager sa monture. En face aussi on vieillit. Henry et Eto’o n’avancent plus, et les demi-muscles d’Iniesta ne peuvent pas faire le coup tous les ans. Un joueur formé au Mans, lui, y arrive encore très bien. Il n’a besoin de personne d’autre devant, il ne se retourne jamais et ça vaut mieux : les quelques plans serrés sur les cheveux de Meireles sont un début d’explication aux difficultés collectives de Chelsea. Autant la jouer à l’ancienne, quand on a éliminé Naples en prolongation que peut-on craindre ?

Pendant ce temps-là, Yoann Gourcuff revient à point nommé pour qualifier Lyon en Ligue des Champions.

Bayern – Real : Sous la Jupp des filles

C’est l’une des plus grandes réussites d’entraîneur de ces vingt dernières années : le Real est en position de se faire éliminer par le Bayern. On n’a pourtant rien contre Badstuber.

Rêvait-il d’être Capello, en tout cas il va bientôt le devenir. Un entraîneur éventuellement champion d’Espagne, ça n’empêche pas : c’était le cas en 1997 et en 2007. Deux ans après son arrivée, un an après sa révolution culturelle, la méthode Mourinho a livré une partie de ses vérités hier, celle qui conquiert l’Europe en deux ans même avec Porto et sans la moindre moustache. A Madrid, il a façonné une équipe qui base sa réussite, ses occasions et ses attaques sur sa défense en avançant. Ou à défaut qui confisque la balle, redouble les passes et la file à un des pieds de Ronaldo Ou qui file des coups de pieds. Une demi-finale de Ligue des Champions, c’était l’occasion rêvée de faire l’inverse, à part s’appuyer sur le pied de Ronaldo. Le pressing a été aussi intermittent et désorganisé qu’une soirée des Gérard. Et Ronaldo sait aussi frapper tout mou sur le gardien quand il veut. C’est un truc de grand joueur : à quoi bon se relever et réussir son match alors que l’arbitre n’a pas sifflé la faute ?

Cristiano Ronaldinho

Elie Baup, lui, avait mis une casquette. Ca ne lui a pas empêché d’envoyer quelques CV par texto à la mi-temps, ni de voir que Di Maria et Khedira n’avaient toujours pas compris grand-chose au haut niveau. Et il y avait Benzema. Le sens du jeu, une avant-dernière passe décisive : on ne va pas s’étonner qu’il ait ça. Les trois occasions foirées, on attendait justement de voir. C’est donc un match de merde, et il a été le meilleur des attaquants du Real avec Pepe et Xabi Alonso. C’est là tout le génie de Mourinho : proposer Coentrao et Arbeloa aux deux seuls joueurs du Bayern, autrement dit oser le complexe de supériorité sur un match aller, il fallait le faire.

Mourinho savait sans doute que la finale doit se jouer sur cette pelouse dans un mois, aussi il fallait que les remplaçants prennent leurs marques, sait-on jamais, une suspension est si vite arrivée. Celle d’Higuain par exemple, qui n’aura qu’à gueuler une autre fois sur l’arbitre qui vient de siffler un coup franc en sa faveur au retour et au niveaux cartons jaunes il sera prêt pour la finale. On a les doublés qu’on mérite, et cinq minutes suffisent Précisons quand même que quand il remplace Benzema, le score est de 1-1. .A Barcelone samedi il pourra même avoir droit à un peu plus, à moins qu’une défaite 5-0 ne rapporte cinq points au Barça ?

Sur le banc d’à côté, il y avait Jupp Heynckes et Thomas Müller. Tout n’est pas perdu. Surtout pour Houllier à qui on avait payé l’avion, l’hôtel. Le marchand de sable siliconé qui va avec a dû passer. « Je donnerais un beau 8 à Ribéry. J’ai bien aimé Abala aussi. » Il s’appelle Alaba.

Lorient et l’accident (1/2) : Les petits Moustoir

Christian Gourcuff est bien le père de son fils.

Ceux qui s’inquièteraient pour l’avenir du FC Lorient en Ligue 1 ne connaissent sans doute pas les trésors d’ingéniosité que cache Christian Gourcuff sous son casque frisé. Alors que son équipe n’avait plus gagné un match depuis trois mois, le plus Breton des entraîneurs bretons a d’abord eu la bonne idée de la faire travailler à huis-clos pendant une semaine avant de recevoir Rennes. Dehors les douze chômeurs et les deux journalistes qui viennent passer le temps chaque matin au Moustoir ! Enfin libérés de la pression, les Merlus ont perdu 2-0 à domicile, mais Ecuele Manga et Lamine Koné ont fait plus de passes à eux deux que tous les Rennais réunis et c’est bien ça qui compte.

Hennebont pour le service

Pour fluidifier encore un peu plus le jeu à une touche de balle entre ses défenseurs, Gourcuff père a ensuite décidé d’emmener toute sa troupe en stage au bord de la mer. Pour bien bousculer les habitudes, il a choisi Carnac, à 40 km de Lorient ; plus de deux fois la distance qu’il accomplit chaque été entre sa maison d’Hennebont et sa résidence secondaire de Gâvres. Un monde. Les Lorientais ont été tellement dépaysés que le miracle s’est produit le week-end d’après à Ajaccio : Grégory Bourillon a marqué un but. Ilan aussi.

Moustoir academy

Malheureusement, les effets du stage se sont rapidement estompés. Une défaite à domicile contre Evian-Thonon-Gaillard, une autre la semaine d’après à Nice et les voilà relégables pour la première fois de la saison. Alors, cette fois, Gourcuff a déployé les grands moyens en appelant un vieux copain à la rescousse : Tiburce Darou, le préparateur physique et mental de la Star Ac, qui est aussi celui de son fils, ce qui est un peu pareil. Faire venir le préparateur physique et mental d’un autiste blessé depuis six mois pour sauver des estropiés de la relégation : il fallait y penser. A la prochaine défaite, le Morbihanno-Finistérien fera chanter Nolwenn Leroy dans les vestiaires tant que son équipe n’aura pas eu 65% de possession de balle.

PSG : Carlo en fait l’autiste

Aligner Matuidi et Sissoko est-ce renoncer ?

S’il n’avait pas tous ces milliards d’avance, le Paris Saint-Germain ressemblerait à cette petite équipe bien partie pour accrocher le podium de Ligue 1, qui s’échine à garder de l’avance sur le quatrième et créer une immense surprise sans vraiment y croire. Il pourrait même s’appeler Montpellier. Manque de chance, Montpellier existe déjà et pour se retrouver sur le podium ils ont choisi d’être les meilleurs. Chacun sa méthode, Paris a dû opter à la hâte pour un entraîneur italien non conservé par un club anglais.

Carlos en Cerruti

Ancelotti, c’est la promesse de lendemains heureux, de stars qui signent la saison prochaine, c’est aussi la promesse d’une promesse de beau jeu. Tant pis pour la moyenne de points qui baisse, la moyenne de buts encaissés qui monte. Sinon comment aider Lyon à rêver de Coupe de France un soir de mars ? Peut-être en expulsant Sissoko une fois tous les deux matches. Ce n’est pas une consigne du coach ?

Ancelotti aime les stars et sait les mettre à l’aise. Pastore n’en est donc pas une. Quel dommage que Chantôme soit blessé si souvent, avec son niveau de la fin de saison dernière il pourrait si facilement valoir 70 millions d’euros. Amusant : c’est à peu près le gain d’une bonne campagne en Ligue des Champions. De toute façon, Paris ne s’y présentera que pour la gagner, comme le PSG de Pauleta faisait avec la Coupe de la Ligue. Comment ne pas y penser déjà : laisser le ballon à l’adversaire, encaisser un but et attendre que Menez, Nênê ou Alex marquent sur un ballon qui traîne, tant d’équipes ont été championnes d’Europe grâce à ça. Pas besoin de dominer ni d’enchaîner trois passes, Ancelotti connaît ses classiques.

Jay Jay aux cochons

Qu’il est fascinant de voir qu’on peut avoir entraîné le Milan AC huit ans et perdre ses moyens quand on doit choisir entre Gameiro et Hoarau. Se dire que le petit Corgnet de Dijon, il faut s’en méfier, ça change de la Premier League, mais là-bas qui empêcherait Luyindula de faire du vélo d’appartement ? La Ligue 1 est ainsi faite : on peut tout imaginer, à la fin Jallet est incontournable, Nênê se charge seul de piquer des crises et gagner les matches. Du temps d’Okocha déjà on se faisait avoir : il avait l’air plus fort que Laurent Leroy, mais les deux jouaient autant et au bout du compte, lequel a fait perdre le moins d’argent au club ? Biétry était président, c’est vrai aussi.

Pendant ce temps-là, Paris et Montpellier ont 63 points, quasiment le même calendrier, et Montpellier est devant avec une meilleure différence de buts, la meilleure défense, le meilleur buteur et un match en retard. Qu’est-ce qui peut bien empêcher Paris d’être champion ?

Ligue des Champions : Deux supo et Olic

Cette année encore, les remplaçants du Bayern étaient vraiment trop forts.


C’est une histoire assez marrante. Une équipe battue 2-0 chez elle à l’aller et qui, parce qu’elle entend le mot exploit le matin du match, se met à tout faire pour le réussir. L’exploit n’est pas passé loin, et même un double : primo l’OM a quand même eu la première occasion, deuxio sans Mandanda il y avait 7-0 à la mi-temps. C’est précisément là où l’histoire devient marrante : à une semaine d’intervalle, l’OM a considéré que jouer haut quitte à laisser de l’espace entre ses lignes était la meilleure solution. Deschamps a donc aligné ses joueurs les plus dangereux : Ayew a remplacé Ayew, Brandao a amené son toucher de balle à la place du physique d’Amalfitano. Et bien sûr Cheyrou, le leader technique : toujours titulaire en début de saison, rarement au printemps sauf en cas de crise. Quand on n’a pas eu le niveau des 8e de finale durant ses 29 premières années, il est logique de prétendre avoir celui des quarts à 30 ans. Allez savoir pourquoi les Allemands marchaient plus vite qu’il n’accélérait. Gignac, lui, ne prend plus le risque, de toute façon Deschamps interdit qu’on lui prête un ballon. L’OM a assez perdu d’argent avec lui.

Milan haché

Tout aussi drôle est l’histoire d’un Milan qui a cru beaucoup de choses avant d’aller à Barcelone. D’abord que le 0-0 de l’aller était le résultat qu’il fallait. Du coup le fameux but marqué au Camp Nou vaut double. Canal aussi s’y est laissé prendre mais tout est rentré dans l’ordre : Weil a présenté Route Irish une heure plus tard, la séance indépendante coup de poing.

Ensuite, Milan a cru qu’avoir fait 2-2 en poules à Barcelone permettrait de faire 2-2 en quarts. Et puis bien sûr qu’Ibrahimovic a attendu 2012 pour devenir décisif en Ligue des Champions. Sur ce point, on peut discuter : une passe décisive et deux accélérations, c’est du jamais vu, Messi y laissera probablement son Ballon d’or.

Mais que serait la Ligue des Champions si on devait regarder l’année de naissance d’Ambrosini et de Seedorf ou si Brandao cadrait sa tête seul à 6 mètres à la 69e minute ? Il faut pourtant s’y résoudre : à une trentaine de tirs près, le grand Milan donnait la leçon au Barça. Nicosie, qui n’est pas Lyon, a donc encore toutes ses chances.

Pendant ce temps-là, plus que Chelsea à dégager et on pourra enfin commencer la Ligue des Champions.

OM-Bayern : La Kommandandatur

Un quart de finale sans gardien, c’est pas sérieux.

C’est donc à partir des quarts de finale que le foot redevient une affaire de technique. En huitièmes, le héros s’appelait Brandao, le doute était encore permis. Il ne l’est plus. S’il fallait encore une preuve, Ayew, peu importe lequel, peut dribbler tant qu’il veut avec son pied gauche, personne ne l’a encore surnommé Messi. Perdre tous ses ballons permet pourtant de se faire remarquer. La saison prochaine peut-être, on l’appellera Abedi, ce serait déjà pas si mal d’intéresser Niort.

Le grand OM cette saison, au-delà de ses promesses pour la prochaine coupe Intertoto, c’était donc une noble ambition. Celle de craindre tellement les contres adverses, qu’ils soient l’œuvre de Dortmund, Arsenal, l’Inter ou Munich, qu’on construit son jeu pour les éviter. Pour l’avoir oublié une fois, l’OM a été puni par l’Olympiakos, ce dont tous les quarts de finaliste ne peuvent se vanter.

Hier encore, Deschamps aura montré que le management est un art. Sa patience a été récompensée, désormais les joueurs se connaissent. Fanni ou Diawara dans l’axe, Valbuena ou Diarra capitaine, André ou Jordan titulaire, Amalfitano ou Abriel, André-Pierre ou Pierre-André, Bracigliano ou Andrade, Pintus ou Anigo chez le coiffeur : les hommes sont interchangeables sans que l’équipe n’en souffre. A part Mandanda et Rémy évidemment, quelle équipe un peu ambitieuse pourrait se passer de ses remplaçants d’équipe de France ?

La possibilité du nul

Pour synthétiser, Ribéry ne sait toujours pas faire une phrase. Pour synthétiser encore, Marseille reste une équipe défensive dont les meilleurs joueurs ne savent pas jouer au ballon. C’était le cas en poule, c’était le cas contre Ajaccio et Dijon, comment la tribune vide du Vélodrome aurait-elle pu être privée d’un nouveau match à l’extérieur de l’OM ? Deschamps a bien pensé à demander à Diarra d’animer le jeu mais comme ça ne peut pas réussir à tous les coups, il a plutôt opté pour défendre à 20 mètres de ses buts et demander à Valbuena de lancer Rémy en profondeur. Ca a failli marcher, le Bayern et même Calenge ont mis 20 bonnes secondes à décrypter le jeu marseillais. Et Deschamps, c’est la rigueur italienne : même à 0-1, même à 0-2, on reste organisé. L’OM a fini par réussir à contrecarrer les plans du Bayern. Azpilicueta, Diawara, Fanni et Morel se permettant même une petite passe à dix pendant les arrêts de jeu. Reich ou but, le troisième c’est jamais bon avec les Allemands.

Pendant ce temps-là, comme Higuain s’il était bon ou Van Persie s’il avait qualifié son équipe, Ibrahimovic aurait pu marquer en quart de finale de Ligue des Champions. Mais non, des hors-jeu et des contrôles ratés c’est plus fantasque.

Gourcuff : La poule aux Seedorf

Itinéraire d’un enfant raté.


« John Mensah et Yoann Gourcuff sont toujours en phase de reprise. » Sous ses dehors de jeune loup chroniqueur à Alter éco, Rémi Garde est doté d’un solide sens de l’humour. Parler de son meneur de jeu en des termes aussi élogieux ne mange pas de pain, encore faut-il être sûr qu’il figure bien dans son effectif. Alors oui, oui, il aime les femmes et toujours avec un franc sourire, même dans une barque. Mais papa, à deux doigts de maintenir Lorient en Ligue 1, ne peut pas tout accepter.

Par exemple quand Laurent Blanc et Carlo Ancelotti s’amusent un peu. Le premier dit que pour sa liste des 23, il laisse deux places vacantes pour des joueurs offensifs qui se révéleraient en fin de saison, et cite Gourcuff. Le second pense que son ancien protégé a beaucoup de qualités sur un terrain. Les sites spécialisés ont conclu que de fils d’entraîneur lorientais, il allait se transformer en titulaire à l’Euro et vedette au PSG. Ce sont des sites spécialisés.

La sauce Bernès

Gourcuff a signé une passe presque décisive pour Ederson voici un mois, il ne peut donc être totalement exclu qu’il soit encore un joueur de foot. Pourtant, tout concordait : Bernès qui remplace Poulmaire, quatre défaites en sept titularisations, les blessures à répétition, et cette fâcheuse tendance à ne jamais prévenir quand il est rétabli. Même quand Garde lui prête un maillot, il lui rend bien vite. Question d’éducation sans doute. A Milan, Seedorf et Maldini lui ont appris les bonnes manières, comme dire oui quand un club propose 25 millions après trois buts en six mois ou mettre une serviette dans le vestiaire après la douche, comme les autres. Et surtout, ne pas dire qu’il est le meilleur et il ne l’a jamais dit, il a juste montré de temps à autre son torse nu à tout Chaban. Et qu’on ne vienne pas dire qu’il ne s’implique pas. Si Lyon en est là où il est aujourd’hui, s’il n’a plus un Euro à investir pour remplacer tout le monde, si Grenier est appelé au brillant avenir dont Malbranque et Bergougnoux ont été privés, il y est forcément pour quelque chose.

Inter-OM : Völler de poule

Dans la cassette OM les années champion, l’OM avait besoin d’être champion pour aller loin en Coupe d’Europe ?

Aussi fière d’exhiber les plaques rouges de son décolleté, Nathalie Ianneta n’a pas fait languir trop longtemps son réalisateur préféré : un chiffre, un seul, le 19. Dix-neuf ans après, l’OM est de nouveau en quarts de finale de C1. Ca valait bien des félicitations en duplex à André Ayew, sans carte de presse bien sûr, défaite à Ajaccio oblige.

Même sur Canal, le maquillage et les synthé ne redonnent aux gens qu’une première fraîcheur toute relative. La preuve, Papin était en sur le plateau pour analyser le match de TF1. A l’époque, Biétry n’avait même pas son numéro de portable. Eh non. France football valait 12 francs et ne sortait qu’une fois par semaine avec un sujet sur Bocandé de temps en temps. Sauzée, lui, mettait des triplés, si les fractures comptaient Diawara serait le successeur. Chaque époque mérite son leader. Cette année, enfin hier, il est venu du banc : Brandao qui remplace Valbuena et Rémy, et derrière Mandanda se charge des passes : avec ça on peut voyager. C’est huilé comme une attaque Völler-Boksic avec Ferreri sur le banc. C’est beau comme à l’époque : contrôle du dos, reprise en plein milieu. Peut-être que Boksic aurait choisi la poitrine et fait exprès, chacun ses spécialités.

Produit Boksic

Le retour du grand OM, celui dont tout le monde rêve, ce n’est pas tellement d’avoir deux fils Pelé. C’est qu’on reconnaît bien l’équipe de 93, capable de transposer en Coupe d’Europe son niveau de Division 1. Et ça marche. Deschamps est toujours là bien sûr. Il n’est pas le seul à avoir vingt ans de plus et à mériter le costard et une place de choix sur le banc : Diarra, Diawara, Cheyrou et pour les quarts Bracigliano. L’épine dorsale des grands OM a toujours fait froid dans le dos, l’axe Mandanda-Diawara-Mbia-Valbuena-Rémy ressemble bien à Barthez-Boli-Desailly-Boksic-Völler.

Il y a aussi les petits jeunes qui ont une avenir international tout tracé : Marquet en 93, Morel, Amalfitano, Nkoulou, Azpilicueta, Gignac, Kaboré, Fanni, Jordan Ayew cette année. Si les petits cochons ne les mangent pas ceux-là, on ne sait pas jusqu’où ils iront. Et dans une compétition autrement relevée : Nicosie pourrait se dresser sur la route de l’Olympe en quarts. C’est vrai qu’à l’époque, y avait pas Lyon.

Pendant ce temps-là, le Bayern n’en a mis que sept. C’est en huitièmes que la compétition commence vraiment.

Ligue des Champions, Lyon : La Garde exclusive

Lyon est toujours en C1 au printemps, mais avec Puel c’était moins sympa. Maintenant, il y a du beau jeu et une prometteuse 7e place à seulement trois points de Toulouse et Saint-Etienne. Et encore, tout ça sans Gava.

Dans le plus grand secret, le Vestiaire enquête depuis la victoire sur tapis vert de Zagreb. Plus difficile est le challenge du printemps : pour se qualifier pour une nouvelle C1, il faudra la gagner. En même temps, les preuves s’accumulent : Rémi Garde n’est pas ce qu’on appelle un bon entraîneur.

L’honnêteté intellectuelle du Vestiaire, jamais mise en cause même par les plus grands apôtres de Babak Amir Tamasseb, nous commande de nous taire. Relever aujourd’hui que la huitième défaite lyonnaise en douze déplacements, alors même que Jean-Michel Aulas négocie une prolongation de contrat avec son entraîneur, qui s’appelle Rémi Garde, serait injuste. Déplacé après tout ce qu’il a accompli depuis son arrivée. Lyon, 3e, payait les années Puel, ce traître même pas capable de prendre moins de cinq points de plus que Garde après 26 journées. On comprend mieux pourquoi il était détesté de tout l’effectif. Même la star Lisandro, sans parler un mot de français à part lésion, contracture et déchirure, n’en pouvait plus.

Cris d’adolescence

Rémi Garde est différent : humble, comme tous ceux qui portent des cravates sans avoir l’air de le mériter. Pas le genre à réclamer cinq millions pour licenciement abusif, ni à garder pour lui deux buts d’avance contre le PSG. Jamais un mot plus haut que l’autre, le sens de la mesure et cette autorité naturelle qui sied aux grands meneurs d’hommes. La main de velours dans un gant de fer, qui maintient le capitanat à Cris, un peu plus fini qu’hier mais moins que demain. Les deux hommes marchent main dans la main pour la reconstruction après l’exode de l’été : Toulalan, Pjanic, Delgado, Diakhaté. A deux éléments près, l’épine dorsale du huitième de finaliste de Coupe de la Ligue de la saison dernière, excusez du peu. Garde n’a hérité que de Lloris, Cris, Cissokho, Réveillère, Lovren, Kallström, Gourcuff, Gonalons, Bastos, Briand, Ederson, Gomis et Lisandro. Plus du tout la même équipe, mais avec ça, les gens voudraient qu’ils fassent au moins aussi bien que son prédécesseur. Allez expliquer à Cris que courir reste important pour un joueur de football quand vous vous prénommez Rémi. Puel, il s’appelait Claude et il avait l’air méchant quand le public l’insultait. C’était quand même plus facile de ne pas perdre contre Caen, à Valenciennes et à Nancy.

Pendant ce temps-là, Garde aimerait être à la place de Koscielny ce soir pour que Dominique Armand déchire devant lui sa deuxième carte de presse. Merci un soir d’élimination, ça aurait de la gueule.

Allemagne-France : Le Werder de brêles

Wiese n’a rien arrêté, Klose n’a rien marqué, Ozil s’est contenté de dribbler Cabaye : le Werder n’avait même pas eu besoin d’eux pour battre Monaco.

Un match en Allemagne, en dehors du fait que les Français le gagnent toujours si l’Allemagne n’est ni fédérale, ni démocratique, ni national-socialiste, est toujours du plus vif intérêt. Le premier enseignement de ce match vient comme d’habitude de Ribéry, qui n’aime jamais tant les pelouses de Bundesliga que quand elles sont piétinées par des équipes de Bundesliga, voire quand elles montrent leurs nibards en plastiques à la une de Paris match. Ce n’était pas le cas hier, Ribéry a été à chier, mais il avait une béquille. Ca fait deux ans et demi qu’il a une béquille.

Le requin marteau

Il faudrait donc songer à le remplacer, et ça tombe bien, il y a désormais du monde pour faire son boulot. Menez a l’avantage de courir vite et de manquer les passes les plus simples, c’est tentant. Malouda, lui, a marqué mais il joue toujours à Chelsea. Inutile d’être blessant, Nasri joue à Manchester City et Cabaye à Newcastle et ça ne les empêche pas d’être titulaires. La nouveauté, c’est qu’ils n’ont pas été plus mauvais que ça, si le ça est une défense Hummels-Badstuber. Tiens, Badstuber, c’est de lui dont le Vestiaire parlait quand le Bayern en prenait 5 au Camp Nou ?
Pour aller loin dans une compétition, il faut bien sûr avoir une défense ou quelque chose qui y ressemble. Lloris par exemple, ça évitera à trop de monde de dire que M’Vila et Cabaye se sont fait marcher sur la gueule. M’Vila avait tellement envie d’aller au petit coin qu’il a inondé ses chaussures. Impossible dans ces conditions de faire une passe correcte, mais ce n’est pas Diarra qui va lui faire la leçon. En plus on s’en fout, puisque maintenant la France est favorite pour l’Euro et que c’est Debuchy le meilleur. Si l’Allemagne voulait l’être, elle n’avait qu’à aligner Neuer.


Pendant ce temps-là, il y a Giroud. Donc il n’y a plus Hoarau ni Gameiro. Mais qui c’est le champion de France ?

OM, ligue des champions : T’as pas cent Bâle ?

Nkoulou, Nagatomo, Thiago Silva, Shirokov, Witsel, Koné : après tout, pourquoi la Ligue des Champions serait réservée à des joueurs de Ligue des Champions ?

« Je sais pas ce qu’il nous a fait Diawara, il a eu du mal avec le ballon. » Comme nous tous, Lizarazu s’est demandé tout le match si la tribune Ganay du Vélodrome était fermée ou simplement vide. Il ne s’est pas demandé s’il avait bien joué à l’OM, là aussi on aimerait en savoir plus. Mis en concurrence avec les pleurs de Scott Thomas sur Canal et le résumé de Caen-Auxerre sur Infosport, le huitième de finale de Ligue des Champions a eu bien du mérite de se terminer sur un score aussi fleuve. Un but, près de deux occasions, les grands joueurs font les grands matches. Sneijder n’était pas nominé cette année. Le verrou intériste a même failli être trop costaud, n’est pas Novare qui veut.
Grâce à un but sur corner à la 93e minute, ce qui arrive dans tous les huitièmes de Champions League qui se respectent, l’OM garde toutes ses chances de revivre le mois de mai 93. Si le tirage au sort devient complice, le Real et le Barça pourraient même jouer la finale en mars. Il faudra alors choisir l’autre finaliste, et c’est là qu’avoir appris l’existence de Joël Obi, Schürrle, Lavezzi et du championnat chypriote va servir au Vestiaire. Comme regarder la rediff de Milan-Arsenal un vendredi matin pour comprendre pourquoi tout le monde dit attention au Milan. Mais le Milan n’a pas battu l’Inter sans Rémy, lui. Alors attention.

Lampardzoumian

A ce stade de la compétition, rien ne remplace l’expérience. Chelsea en crise, l’Inter en crise, c’est comme Ribéry et Robben impuissants à Fribourg et battus à Bâle. La Premier League c’est aussi Arsenal et bien sûr Manchester United et City. Sinon, le vainqueur de Naples-Chelsea pourra s’avancer vers les quarts raisonnablement philosophe : prendre un but n’est pas la fin du monde, on finit toujours par en prendre un autre et y a même pas besoin de savoir faire le jeu. S’il affronte le vainqueur de Zenith-Benfica, ce sera même un superbe spectacle et l’assurance de retrouver en demie une révélation de la saison prête à se faire torcher en aller-retour. Celui qui aura le moins souvent le ballon l’emportera.

Palmarès : Xavi à deux

Marc Keller est l’invité de la grande soirée Ligue des Champions. C’est pour commenter la mi-temps de Naples-Chelsea. Ouf.


5. Abedi Pelé

Il sort Nedved et Davids parce que si Papin est aussi efficace que Boksic et Völler, c’est parce qu’il était d’accord. Le Ghana n’a pas remporté la dernière CAN un peu intéressante parce qu’il était suspendu. Pour une fois que c’était pas à la queue de rat ou au mulet de Waddle.

4. Gerrard

C’est Xavi, Iniesta et Vieira en un peu moins décisif. Plus viril qu’Iniesta quand même malgré ses 16 ans, il est un peu moins fragile mais avait une date de péremption un peu hâtive. Du coup on ne sait pas si c’est lui ou Capello qui a trahi sa légende en Afrique du Sud.

3. Vieira

Il a battu le Togo mais avait la fâcheuse habitude de se tordre la cheville quand il filait ses coups de pieds dans la gueule de ses contemporains. Il n’a pas battu l’Italie par altruisme, Iniesta a battu les Pays-Bas.

2. Iniesta

Pourquoi deuxième ? Peut-être parce que Vieira n’a pas sauvé le plus grand Barça de l’Histoire du plus beau des fiascos. Peut-être aussi parce que Xavi ne passe pas la moitié de chaque saison avec un pet en travers. Au fait Xavi a-t-il déjà été mis en concurrence avec Giuly à part pour les meufs qui aiment les nains ? Ah le fétichisme.

1. Xavi

Ronaldinho et Messi lui doivent quelques ballons d’or et Guardiola évite soigneusement de lui donner des conseils. Même en Afrique il a triomphé, sans qu’Aragones ne lui ait demandé. A l’origine de tous les buts les plus importants du Barça de ces 5 dernières années, Xavi n’aurait plus perdu un ballon depuis le Mondial 2006. Si c’est Messi le plus grand, ça se joue à quelques centimètres. Sans doute parce que lui ne s’est jamais fait friser les cheveux. Ah le fétichisme.

HulkMusclor ne manquera pas de faire un coucou à Nedved et Davids.

Thierry Henry : Le red boulard de New-York

Thierry Henry carbure-t-il au Red Bull ? Nul ne le sait et tout le monde s’en fout.


Il était parti brouillé avec la France, au terme d’une Coupe du monde 2010 où il avait soigneusement mis sa merde et une ultime interview langue de bois à Denisot. Pléonasme. Depuis, nous n’avions vu de l’ancien capitaine des Bleus que les photos de son immense duplex new-yorkais, son nouveau look barbu et son léger embonpoint. On le disait en pré-retraite, fini pour le football de haut niveau. Pire, ses derniers mois en Europe avaient été entachés de cette polémique « nationale », suite à sa main décisive pour une fois qu’elle ne servait pas à Madame. Adieu « Titi » Casanova, place à Henry le tricheur, l’égoïste et le cupide. Une de ces affirmations serait fausse, à vous de trouvez laquelle, bon courage.

C’était ignorer que les légendes ne meurent jamais et qu’elles renaissent parfois de leurs cendres au moment où on s’y attend le moins. Alors que la France du football et du marketing pleurait la non-venue de la pop-star David Beckham qui partit en lui-aussi sur un joli carton, Thierry Henry alimentait modestement son ego en inaugurant une statue de son auguste personne, à Londres.

Costume chic, écharpe du club, petite larme au coin de l’oeil, l’image d’un « historique » d’Arsenal inaugurant sa propre statue a fait le tour du monde. Le plan com’, parfaitement huilé, a produit son effet puisque, soudain, Henry est redevenu « Titi », le chouchou et meilleur buteur de l’équipe de France.

L’attaquant aurait pu en rester là et, une fois l’événement immortalisé, repartir en exil Outre-Atlantique. C’est ce qu’il aurait fait s’il n’avait été qu’un grand joueur, comme David Beckham. Le risque d’être humilié en Ligue 1 était trop important pour l’icône anglaise qui a préféré offrir à la France un spot de pub en slip pour H&M.

Henry au petit lait

Plutôt que de se mettre à poil pour une enseigne d’entrée de gamme et quitte à se mettre en caleçon, autant que ça en soit un avec le blason de son club de cœur. C’est ainsi que l’impensable s’est produit : un retour du meilleur buteur de l’histoire des Gunners. L’Emirates a cru au mirage mais c’était bien la réalité quand, pour son retour en Cup, il a marqué le but de la victoire face à Leeds, club pas beaucoup plus has-been que lui. Et une spéciale « enroulée à la Henry », histoire de faire les choses bien. L’image, encore une fois, a fait le tour du monde, même si c’était contre une équipe de seconde division. Le pari était déjà gagné et l’a été encore plus après deux autres buts en 127 minutes de jeu en championnat, dont un ultime décisif, à Sunderland, dans les arrêts de jeu.

Et voilà comment « Titi » le honni est devenu « King Henry », une histoire que raconteront les fans d’Arsenal à leurs arrière-petits enfants dans quelques jours. Le joueur, lui, a redoré son blason et au passage celui de son club, même s’il n’a pu éviter la déroute de son équipe face au grand Milan. Celui de Van Basten. Pardon, celui de Baggio et Weah. Pardon, celui de Shevchenko. Pardon celui de Kaka. Celui d’Ibrahimovic. Pardon.

Au final, tout le monde est content. Le joueur a conforté son image de légende, les supporters (ainsi que les Baby Gunners) ont pu revoir jouer l’idole de l’enfance de leurs parents, et le club a fait une belle opération puisque le prix du prêt de six semaines a été compensé par la vente des maillots « collectors » du Français. Ce dernier peut retourner tranquillement aux Etats-Unis, pour gagner des dollars parce que les livres il n’a jamais vraiment aimé ça. Après une nouvelle larme versée, des buts marqués et une place en Ligue des Champions récupérée, le tout mâtiné d’un côté humble, grand-frère, super-sub et supporter, plus personne ne pourra jamais lui parler de son boulard. Et pour tout ça, il n’a même pas eu à se mettre à poil et exhiber ses tatouages et certains de ses membres. La classe.

C1, Arsenal : La famille Adams

Le football européen tombe des nues. Après les deux Manchester, personne n’avait vu venir le naufrage du 4e de Premier League.

La vie était pourtant douce dans le quartier émirati de Londres. Arsenal réussissait la saison parfaite. Le survol de son groupe de Ligue des Champions, en terminant deux points devant l’Olympiakos, avait fait taire les sceptiques. En championnat, Arsenal avait réussi à prendre moins de buts à Manchester que de points de retard sur City à mi-championnat. Pas mal pour une saison de transition.

Et puis le chef d’oeuvre est arrivé. 7-1 contre Blackburn, dans la foulée d’un 0-0 à Fulham. Wenger avait donc raison depuis le début. Le talent n’attend pas le nombre des années. C’est pourquoi Boateng n’a pas attendu les 27 ans de Vermaelen pour profiter à fond des trois mètres de distance qu’autorise le marquage Arsène rupin, quand il ne glisse pas. A deux mois près, Koscielny est aussi prometteur, mais il n’a joué qu’une mi-temps. Une trouvaille remplace une trouvaille : Djourou est rentré en jeu puis dans la gueule d’Ibrahimovic en pleine surface à la 78e. Sagna n’a que deux ans de plus mais le petit apprend vite à lever la main pour réclamer un hors jeu quand Ibrahimovic part dans son dos. Rusé, il a attendu que Robinho et Ibra réengagent pour la baisser.

Song of freedom

Au fond, quatre buts, qu’est-ce que c’est quand on a une divison offensive pareille ? L’immense Van Persie en plein boum a tout tenté, sur sa seule frappe, pour inscrire son 20e but en Ligue des Champions. Ce sera peut-être pour son 65e match. Il affole les compteurs à seulement 28 ans et la barre des 35 buts d’Henry pourrait bien tomber. Enfin la barre de ses buts avec Arsenal, sinon c’est 59 en Coupe d’Europe. Mais avec Arsenal, le danger vient de partout. Et peu importe si l’excuse de la jeunesse des Baby Gunners peut remettre à demain les ambitions : Rosicky (32 ans) et Arteta (30 ans), les remplaçants des vieux Fabregas et Nasri, et Song (25 ans) sont peut-être encore des intrus en 8e de finale de Ligue des Champions, mais ça ne durera pas.

Pendant ce temps-là, Nasri vise le doublé Premier League-Europa League. Et pourquoi pas ?

Palmarès : A Xavi, à l’Amor

descanso

Incapable de cadrer un tir de sa carrière internationale, Jérémy Toulalan a sa part de l’héritage. Voici le meilleur milieu de terrain de ces 20 dernières années. Pardon, de tous les temps.

6. Claude Makélélé

Né en 1973, champion du monde en 1998, à 25 ans, en pleine force de l’âge. Ca aurait été pas mal, mais pour ça il aurait fallu devenir le meilleur plus vite. Il ne l’a décidé qu’au Real, à 28 ans, bien qu’il ait très tôt commencé à fracasser des blondes. Peut-être n’étaient-elles pas toutes la fille de l’entraîneur. Tout ça rapporte quand même une Ligue des champions. Il a beau avoir dégoûté l’Espagne et le Brésil en 2006, il lui manque six ans de carrière. Tout n’est pas de sa faute, Suaudeau le faisait jouer ailier à défaut d’en faire son gendre. C’est un gâchis, alors, on ne va pas regretter qu’il ait joué au PSG.

5. Christian Karembeu

Le doublé Mondial 1998–Euro 2000, il était là. La victoire du Real en finale de C1 1998, il était encore là. Loussouarn fracassé en 2 avant Leverkusen c’est toujours lui, à chacun sa blonde. On peut s’en étonner, autant que de son record de jonglages, mais il était titulaire deux fois. Bien sûr, il a pris un carton à chaque fois, mais Roberto Carlos n’a toujours pas digéré.

4. Carlos Dunga

Dans tous les clubs où il est passé, personne ne l’a remarqué. Pour une bonne raison : Pise, Fiorentina, Pescara, Stuttgart avant le Japon, il n’a en fait connu aucun club. Dans toutes les équipes nationales où il est passé, personne ne l’a remarqué non plus. Mais par chance, il a gagné le Mondial 1994 avec Romario, malgré Mazinho, seulement finaliste du 1998 mais le numéro deux du classement l’excuse. Et de toutes façons, comme ses compères du podium, il ne savait pas jouer au foot.

3. Gennaro Gattuso

Il a commencé par Pérouse, les Rangers et Salernitana avec Rigobert Song. Enchaîner onze saisons à Milan derrière, ça ne trompe pas. Trois finales de C1 (2003, 2005, 2007), deux gagnées et le Mondial 2006 : Dieu ne lui a pas mis le ballon dans le berceau, mais des crampons et de la barbe. Il a parfaitement su comment s’en servir.

2. Didier Deschamps

Desailly était plus doué, mais contrairement à lui, aucun entraîneur n’a songé à faire jouer Deschamps à un autre poste. Le vrai prototype du poste, petit, teigneux, moins bon footballeur que les autres, moins rapide, une technique limitée. Comme Dunga, il ne sortait jamais du onze type et a rendu ses équipes intouchables : Marseille, la Juve, la France. Résultat : il a tout gagné. Mais depuis Xavi aussi.

1. Xavi

Gardien, défenseur, milieu, attaquant: quand Xavi porte le même maillot que vous oubliez votre poste et faites comme Pique, filez-lui le ballon. Ca fait plus de 5 ans que tout le monde fait ça et que Xavi prend moins de but que l’adversaire.

Ligue des Champions, Lyon : Aly ballot

Mais qu’est-ce qui rend Aly Cissokho si indispensable ? Pourquoi Lyon fait-il tout pour le garder, ou au moins ne pas s’en débarrasser sans ménagement ? Un niveau de jeu justifie-t-il un licenciement ?


9e journée, PSG-Lyon 2-0

Chanceux sur le premier but qui ne vient pas de son côté, Cissokho l’est moins sur le second. On joue les arrêts de jeu, il ne pense qu’à contre-attaquer. Comme l’OL, il est surpris par un contre assassin. En l’occurrence un coup franc à 40m. Evidemment Cissokho ne voit pas le coup partir. Il est au marquage de Jallet qui marche à toute allure pour placer sa tête. Imparable, même si du regard il tente de freiner le ballon.

11e journée, Lille-Lyon 3-1
C’est l’une de ses grandes spécialités : la contre-attaque. Pour être performant dans l’exercice, il faut être prêt. Personne ne lui en veut donc d’avoir tenté le coup. Sur un centre de Hazard, il se démarque derrière Sow et Cole. Mais, malchance, Hazard préfère passer le ballon à un joueur qui a le même maillot que lui. Dommage, il n’était qu’à 95 mètres du but de Landreau.


13e journée, Sochaux-Lyon 2-1

Le chef d’œuvre. A la retombée d’un corner sochalien, il tente une aile de pigeon. Le gardien de l’équipe de France est battu. Grisé, le latéral surmonte l’égalisation pour tuer le match et la cheville de Boudebouz, après avoir bien attendu qu’il soit dans la surface. Malin et décisif.

19e journée, Valenciennes-Lyon 1-0

Cissokho, c’est d’abord un pied, qui lui permet d’être gauche en toute circonstance. Alors, sur un coup franc, il joue de malchance. Le destin fait rebondir la tête de Gomis sur son pied, comme il l’avait empêché de sauter parce qu’il était à son marquage. Encore décisif, Cissokho confirme qu’il est particulièrement affûté contre Lyon. C’est son quatrième but.
22e journée, OM-Lyon 2-2
C’est dans les chocs qu’on voit les grands joueurs. Après Paris et Lille, Cissokho fait la passe de trois, en l’occurrence une petite remise pour Cheyrou en pleine surface. C’est but, et en plus le mercato est fini.


Bonus Ligue des Champions : Zagreb-Lyon 1-7

Ce n’est pas parce que Cissokho est défenseur qu’il aime défendre. Face aux dribbles des attaquants croates, pourtant, il se montre intraitable. Mais arrive cette 42e minute et cette accélération de Vrsaljko qui malheureusement ne feinte ni à droite ni à gauche. Cissokho recule, tombe et dix secondes plus tard Lloris et le staff sont contents de son travail.
23e journée, Lyon-Caen 1-2
Alors qu’il faisait du bon travail surtout à l’extérieur, Cissokho décide qu’en 2012, il se montrera aussi à Gerland. Il donne donc un petit aperçu de sa vitesse. Quand Hamouma s’échappe dans son dos, il prend rapidement dix mètres de retard. Mais le sélectionneur aura sans doute vu que, même en petites foulées, il est revenu à huit mètres au moment où le ballon pénètre dans le but. Une démonstration de force.

« Le seul club avec qui nous ayons parlé à son sujet c’est Newcastle l’été dernier quand Aly voulait partir. »

Benzema : Un Bron vieil Enfoiré

L’Equipe du jour nous apprend que Goldman vient juste de chanter avec un type qui gagne plus de pognon que lui, un joueur du Real mort il y a un an et demi. Au moins une info que le Vestiaire n’avait pas déjà dite.


Le Vestiaire ne l’a déjà dit que 139 fois : le Vestiaire vous avait déjà tout dit. Alors quand le quotidien expert du sport français, qui a annoncé le premier titre en Grand Chelem de Gasquet bien avant l’heure, tombe sans doute par hasard sur de vieux manuscrits un peu jaunis du Vestiaire, cela donne une nouvelle annonce intempestive. Maintenant c’est sûr, Benzema est bien le plus grand. On peut même faire dire à  l’entraîneur de Majorque qu’il a un GPS dans la tête quand il joue. Ou à l’entraîneur du FC Séville qu’il a le niveau du Ballon d’Or. Jusque-là, seuls le Vestiaire et Benzema l’avaient dit.

As hole

L’enquête fouillée explique alors que Benzema sait marquer, faire des passes, que c’est souvent lui qui ouvre le score, et qu’avec lui le Real joue mieux. Mais ce n’est pas tout : une source bien informée révèle qu’il a perdu du poids. CQFD comme on dit : Benzema vient justement de réussir un sombrero sur Puyol pour marquer au Camp Nou. Le Pullitzer arrive à la 59e ligne, quand on nous apprend que Benzema n’en a rien à foutre de gueuler sur les arbitres et qu’il n’a jamais craint la concurrence d’Higuain, puisqu’il pense que tout dépend de lui. Si le Vestiaire avait une secrétaire, et pas seulement pour les besoins de son spécialiste média, elle aurait immédiatement envoyé gracieusement l’intégrale des Oncle Benz. Comme ça, pour le prochain papier Benzema, il y aura un scoop : Benzema parle quelques mots d’espagnol mais ça le fait bien chier.

Pendant ce temps-là, le Vestiaire croit savoir qu’il est bien le seul à avoir douté du niveau de Gourcuff, fin 2010, juste avant la sépulture écrite ce matin en page 4, constatant chiffres à l’appui que Gourcuff depuis 2010 ce n’est plus tout à fait ça. Qu’il ne pense qu’à sa gueule, qu’il ne vaut pas 25 millions, et que Grenier n’est pas loin d’être meilleur et plus sexy que lui. Pourquoi le Vestiaire avait-il osé se demander le 27 septembre si « le remplaçant, c’est le numéro 7 ou le 29 ? »