GP d’Australie : L’étrange histoire du benjamin Button

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Depuis le temps qu’elle essayait, la FIA a enfin réussi à mettre à mal la domination des frères Schumacher. Les grid girls ne sont pourtant pas dupes : il n’y a bien que de sponsors sur sa combinaison que Jenson Button est encore vierge.

De notre envoyé spécial au Walkabout

Les insomniaques manceaux se rappellent sûrement que l’année dernière à pareille époque la crise n’était encore qu’un mauvais film de Coline Serreau, que Karen Minier s’ennuyait ferme un week-end sur deux et que l’astigmate le plus rapide du grand ouest avait flirté jusqu’à deux tours de la fin avec la quatrième marche du podium. Bien calé à l’arrière du peloton, Seb la Bourde a cette fois évité une  nouvelle désillusion à son public. Il a terminé dans l’aileron de son leader, à six secondes, seulement, de la voiture de sécurité.

Soleil couchant dans les carreaux, nouvelles données aérodynamiques, changement d’heure : Bourdais pourra trouver toutes les excuses du monde, il a surtout été dominé tout le week-end par un coéquipier sans expérience ni grand talent. Son mano a mano épique avec Heidfeld pour la quinzième place et un point généreusement récupéré sur tapis vert ne suffiront pas à cacher sa misère australienne. Et s’il était aussi nul que Le Vestiaire le pensait ?

Oh, la Brawn blague

On en oublierait presque qu’il y a eu ce matin un semblant de course à l’avant. Jenson Button s’est offert le plus beau doublé pole-victoire de sa carrière et Barrichello a bien eu raison de ne pas arrêter la sienne. Comme Takuma Sato et les ouvriers de General Motors, les deux pilotes étaient encore au chômage il y a un mois. Les fonds de tiroir de Ross Brawn et trois journées d’essai en ont fait la nouvelle force majeure de la F1.

Comment donc un tel miracle technologique a pu être possible ? C’est difficile à reconnaître, mais il y a des questions auxquelles même Le Vestiaire ne peut pas répondre. Mais il y a les autres, et quelques certitudes. Si la domination des BGP se confirme, le nouveau règlement aura atteint l’idéal communiste : remplacer la dictature bourgeoise par celle du prolétariat.

A fond le KERS

Parti d’encore plus loin que Bourdais, Lewis Hamilton a de son côté parfaitement entamé la quête de ses huit titres mondiaux. Il compte déjà six points d’avance sur Massa, Raikkonen, Kubica et Sutil et a pris après seulement trois tours un ascendant psychologique certain sur son coéquipier prodige.

La piste n’a en revanche pas été suffisement dégagée pour permettre à Ferrari de marquer un point cette saison. Comme Le Vestiaire l’avait prévu, Nakajima et Piquette ont pourtant fait de leur mieux, mais Vettel les a rejoint un peu tard. Et quand bien même Kubica a tout tenté en fin de course pour aller chercher la médaille d’argent, les pneus slicks et la première sortie du KERS n’ont pas vraiment accouché de l’orgie de dépassements espérée. Il n’y a bien qu’au fond du motorhome de Brawn GP qu’on sait changer de positions.

Pendant ce temps-là, Trulli a bu tout le champagne d’Hamilton.

Le Nevers de la médaille

Felipe Massa est le nouveau champion du monde 2008 virtuel à titre posthume prévisionnel. A part ça et la moitié du règlement, rien ne change en F1.

C’est sans doute, avec le ping-pong et le beach-volley, un des seuls sports dont les règles changent plus souvent que les interfaces de Facebook (devenez fan du Vestiaire ici). Le titre F1 ne se jouera plus aux points, mais au nombre de victoires : la FIA en a décidé ainsi, en concertation avec elle-même et les banquiers d’Ecclestone, et Dieu seul sait ce qu’elle peut encore inventer d’ici deux semaines.

Il faudrait peut-être lui dire que Schumacher a arrêté la compétition, que les deux derniers championnats se sont joués sur le dernier Grand Prix et que Piquette et Nakajima ne sont jamais à court d’idées pour dynamiter une course. A part un peu plus de confusion chez les lecteurs du blog de Jean-Louis Moncet, la nouvelle réglementation ne devrait pas apporter pas grand-chose. Mais à quelques médailles près, Bernie a eu ce qu’il voulait, et c’est bien là l’essentiel.

KERS que c’est ?

Et pendant que tout Nevers salue la réforme en silence, la vitrine du sport automobile exposera cette saison des monoplaces bâclées, dénuées d’esthétisme et d’identité (vidéo). Au chasse-neige frontal s’ajoutera un système que personne ne veut et ne maîtrise. Comme Sylvain Mirouf, le KERS aura pour seul intérêt de redistribuer les cartes : McLaren brouille parfaitement les siennes jusqu’ici et la femme de Ross Brawn ne lui en veut déjà plus d’avoir hypothéqué leur chalet suisse.

De là à penser que l’Orni de Brackley peut gagner les trois premières courses de la saison, il y a un pas que Barrichello franchit chaque hiver avec plus en plus de rhumatismes. Jean Todt, Ron Dennis, Coulthard et Fisichella enfin partis, le Brésilien est le dernier témoin au cul (à) l’air d’une F1 compétitive, sans règles artificielles ni restrictions budgétaires.

Et si Mosley, pour réduire les coûts, commençait par s’attaquer au premier poste de dépenses de la FIA : les honoraires des putes de Chelsea ?

L’Hommage : Pas Manceau pour un sou

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La Scuderia du pauvre a une confiance aveugle en son pilote essayeur, qui ne voit pas beaucoup mieux. Le taurillon mayennais repart cette saison pour un tour avec l’ambition d’en boucler un peu plus.

Toro Rosso n’a donc pas attendu le printemps pour donner raison au Vestiaire : Bourdais aura la deuxième chance que Ronnie Peterson n’a jamais eue. L’astigmate le plus rapide du monde fait tellement l’unanimité dans son équipe qu’elle n’a mis que six mois pour le confirmer. Ce n’est pas grand-chose, après tout, à l’échelle de la carrière de Barichello.

Bourdais, en 2008, ce n’était pas que l’imposture dénoncée par quelques sites confidentiels. Il a quand même tenu toute la saison la dragée haute à Trulli et Sutil dans les premiers virages ; il s’est chargé lui-même de vérifier la résistance de la STR3 sur les murs de Barcelone et a mené de main de maître le Grand Prix du Japon. Pendant trois tours.

Le meilleur pilote français de la deuxième moitié des années 2000 a surtout connu Gerhard Berger et les frissons du podium virtuel, mais il préfère après les courses la compagnie de ses mécanos aux cérémonies protocolaires. C’est tout à son honneur.

Crashé dans son myope

La concurrence de Sato n’était donc qu’un leurre, orchestré dans l’ombre par les publicitaires de Red Bull. Les médias ont fait monter la sauce mayennaise sans même se poser la question : à quoi bon remplacer un binoclard fauché par un suicidaire sans le sou ?

Le premier avait au moins le mérite de connaître la voiture et les couloirs de l’usine. Il sera cette saison l’équipier de luxe d’un Suisse de 20 ans pétri d’expérience : deux titres nationaux en Mini et une saison de GP2 finie juste derrière Pantano, Senna, Di Grassi, Grosjean et Maldonado. Que du beau monde. Combien sont aujourd’hui en F1 ?

Pendant ce temps-là, Bourdais récolte enfin les fruits de sa saison 2008 : sa licence est dix fois moins chère que celle d’Hamilton.

Sébastien c’est flou

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Le site officiel de Toro Rosso a abandonné le Français pour le Japonais et les fans de La Bourde s’interrogent : quelle langue parle-t-on à Laigné-en-Belin ?

Si Paul Newman était encore de ce monde, il n’aurait pas eu à partager avec Carlos et Depardieu les rétrospectives de l’année 2008. Il ne regretterait plus d’avoir arrêté sa carrière au bon moment et se demanderait quel mauvais remake lui joue son protégé à lunettes. Sébastien Bourdais lui a refait en quelques mois toute sa filmographie : Ce Monde à part, Virages, L’Arnaqueur, Les Sentiers de la perdition, La Couleur de l’argent.

Il ne lui en resterait qu’un seul à tourner – Le Verdict – mais comme General Motors et Ross Brawn, l’industrie cinématographique n’est pas épargnée par la crise. La production chercherait même à imposer sa doublure japonaise, moins coûteuse, mais personne n’est dupe : il n’y a bien qu’à Marseille et au Marineland qu’on remplace un manchot par un autre.

Les 12, Sato part

Bourdais, son maigre salaire à part, n’est pas plus riche qu’il y a deux mois, quand Le Vestiaire dressait un bilan sans concession (automobile) de sa première saison catastrophique. Le talent ne s’achète pas, nous avaient alors répondu Pedro Diniz et Gaston Mazzacane. Sato n’a pas voulu les croire; du moins jusqu’à ce que Subaru, Kawasaki et Honda se chargent de rappeler à Toro Rosso que l’herbe n’est pas beaucoup plus verte au soleil levant.

Si la Scuderia du pauvre hésite encore entre la peste et le coléreux, c’est qu’elle espère bien choper autre chose avant les premiers essais libres de Melburne. D’après nos sources minérales, Red Bull aimerait associer l’expérience de Jenson Button aux oreilles de Buemi. L’attribution du numéro 12 (photo), le seul laissé vacant cette semaine par la FIA, dépendra donc du rachat de Honda  Racing. Les fans de Bourdais peuvent toujours se cotiser.

Pendant ce temps-là, Alessandro Zanardi s’est reconverti sur deux roues.

Bilan Le-Vestiaire.net : Bourday after day

L’avenir de Sébastien Bourdais en Formule 1 s’écrit désormais en bas d’un chèque : 10 millions d’euros. Et s’il ne lui manquait pas que l’argent ?

Australie. Quatrième, sans avoir fait un dépassement, de son premier GP en F1, il est trahi par son moteur à deux tours de l’arrivée. La malchance le frappe déjà. Elle ne le lâchera plus. Les efforts conjugués de Piquette et Nakajima lui permettent quand même, avec deux points, de devancer les deux Ferrari au classement des pilotes.

Malaisie. Parti en fond de grille après avoir changé son moteur, il finit sa course dans le bac à sable du sixième virage. Mais cette fois encore, il a une bonne excuse : « Il y a des voitures partout, c’est vraiment très déstabilisant. »

Bahreïn. Son GP, c’est lui qui le dit, « n’a rien de très excitant ». Une course « sans histoire, mais sans grande excitation non plus ». C’est pareil à la maison avec Claire.

Espagne. En confiance après avoir détruit en essais privés, sur une erreur de pilotage « bête et méchante », l’évolution de sa charrette, il est victime au septième tour d’une tentative de dépassement de Piquette, qu’il n’a pas senti venir, par derrière. Le fourbe.

Turquie. Une casse mécanique au 26e tour l’empêche de voir l’arrivée. Le retrait des Super Aguri lui ouvrait pourtant un boulevard.

Monaco. La météo lui joue cette fois un bien vilain tour. De la buée plein les lunettes, il ne voit pas Coulthard, mal garé sur le côté de la route. Et là, c’est le drame : « Je me disais ça va, ça va. Et puis à un moment ça n’allait plus du tout. La voiture s’est dérobée en aquaplanage et je suis parti à la faute. »

Canada. Il commence enfin à réaliser que « la F1 n’est pas une Champ Car », que ça va un peu plus vite en ligne droite et qu’il n’y a pas vraiment sa place. « C’est mon pire week-end de pilote automobile depuis très longtemps. J’ai été un passager de ma propre voiture. » C’est joliment dit.

France. Il crédite son public d’une solide 17e place : « C’est bien de sentir que je ne suis pas complètement invisible malgré mes modestes résultats. »

Grande-Bretagne. La pluie l’empêche encore d’exploiter tout le potentiel d’une voiture qu’il n’arrive de toute façon pas à régler : « J’en bave, mais je vais continuer encore un peu à chercher une solution. » Partir en tête-à-queue n’en est peut-être pas une.

Allemagne. La série noire continue, et pas seulement pour Hamilton. Le Manceau est privé des deux séances d’essais libres, sa course n’est pas beaucoup plus excitante et Vettel prend définitivement l’ascendant.

Hongrie. « Encore un week-end à oublier. » Rétrogradé de cinq places sur la grille pour avoir bouchonné Heidfeld en qualifs, il s’enflamme à son premier arrêt au stand et finit avec trois tours de retard. C’est mieux que rien.

Europe. Les Toro Rosso, après trois semaines de trêve estivale, sont méconnaissables. Il en profite pour accrocher le top ten, mais dixième, ça ne suffit pas à marquer des points.

Belgique. Il passe en deux virages de la quatrième à la septième place. Le climat belge est aussi incertain que son pilotage sous la pluie. Il prend quand même deux points. Ses derniers de la saison.

Italie. Qualifié à une inhabituelle quatrième place, il rate complètement sa procédure de départ. Le moteur cale et c’est avec un tour de retard qu’il savoure la première victoire de son coéquipier de 19 ans. Sans ce fichu embrayage, « c’est la troisième place (qu’il) pouvait viser » pourtant.

Singapour. La nuit ne lui porte pas plus conseil que son ami Paul Newman, disparu dans la semaine. La Marseillaise résonne pour la première fois de la saison dans les paddocks. Elle n’est pas pour lui, mais il s’en fout, il n’a pas encaissé le décalotage horaire pour rien : « C’est beau des F1 la nuit. »

Japon. Leader virtuel pendant trois tours, il réalise sans doute la meilleure course de sa saison. Enfin tranchant, il est sorti des points après la course par une pénalité de 25 secondes injustifiée. Il ne s’en remettra pas.

Chine. « En haut de la liste » de Berger, il fait dans le premier virage les frais du train arrière de Trulli, qui a l’audace de freiner devant lui. L’inconscient. Une mésaventure de plus dans « l’une des saisons les plus pourries de (sa) carrière ».

Brésil. « Une course à l’image de beaucoup d’autres cette année. » Sans relief, loin de Vettel et encore ponctuée de malchance. Le sort s’acharne comme Trulli, qui tente un nouveau dépassement. Et lui qui croyait que c’était interdit en F1.

Bourdais, on le répète, n’est pas un mauvais pilote, mais le bilan de sa saison parle de lui-même : deux courses honnêtes (Australie et Japon) et une bonne séance de qualifs (Italie) au milieu du naufrage ne suffisent pas à plaider sa cause auprès de Toro Rosso. Il n’a jamais trouvé les bons réglages sur la STR2, retardé sur une faute de pilotage l’arrivée de la STR3 et gravement souffert la comparaison avec Vettel, pourtant beaucoup moins expérimenté. Le Français ne doit pas qu’à la seule malchance ou aux manœuvres audacieuses de ses adversaires le désaveu manifeste de son équipe, qui a quand même osé le mettre en concurrence avec Sato et Buemi. Ca veut tout dire. Ses chroniques lucides « Au cœur de la F1 », dont la majorité des citations de cet article sont extraites, manqueront autant à son sport que les campings sauvages de Magny-Cours. Laffite lui cèdera-t-il son fauteuil de consultant ?

Bilan : A billets pour l’hiver

Puisque les lecteurs d’Aujourd’hui Sport attendent toujours le compte-rendu du GP du Brésil, faisons les patienter avec notre bilan saisonnier. Et si, malgré Burt, Hamilton n’avait pas tout faux, coco ?

Ferrari. Stefano Domenicali et Mario Almondo auraient fini chez Fiat si la Scuderia n’avait pas au moins ramené le titre constructeur. La voiture italienne était largement au-dessus de la concurrence, mais les options tactiques des deux hommes ont coûté le championnat à leurs pilotes. Massa a sûrement vu s’envoler dans le dernier virage d’Interlagos la chance de sa carrière ; celle de Räikkönen dépend maintenant de la fréquence de ses sorties en boîte les week-ends de Grand Prix.

McLaren. L’écurie anglaise a marqué 151 points de plus qu’en 2007, sans même aller voir dans le garage voisin, celui des Force India. Bien que nous ne l’ayons jamais ménagé, il faut reconnaître à Hamilton une certaine régularité au haut niveau. Aussi perméable à la pression que les digues vietnamiennes, il a manqué au Brésil l’occasion de faire taire les supporters espagnols. Mais c’est quand même plus dur sans coéquipier.

BMW. Un printemps qui chante et le pilotage exceptionnel de Kubica laissaient augurer le meilleur aux amateurs de tunning. Les congés estivaux de ses mécaniciens et la barbe de Nique Heidfeld ont empêché le Polonais de se mêler à la course au titre. Il le fera en 2009 si les actionnaires allemands dégèlent enfin leur budget développement.

Renault. Si la saison avait débuté en Hongrie, Alonso serait triple champion du monde. Mais avec (Giuseppe) Dessi, on mettrait Piquette en Bouteille, sans faire offense à notre ancien stagiaire. Renault a fait l’erreur de le garder. La comparaison avec l’Espagnol est pourtant cruelle pour la famille Grosjean.

Toyota. Trulli est certainement le meilleur sur un tour. Dommage pour lui, les courses en ont plus de cinquante en général. Le dernier de la saison était de trop, aussi, pour Timo Glauque. Et dire que certains osent penser qu’il a volontairement ouvert la porte à Hamilton.

Toro Rosso. Vettel n’a fait qu’une erreur cette saison : signer chez Red Boules, l’écurie mère, moins performante. Personne, ou presque, n’aurait jamais pu miser sur un pareil rétablissement des Minardi. Ca n’aura curieusement profité qu’au nouveau Schumacher.

Red Bull. Pouvaient-ils espérer mieux avec Webber, Coulthard et un moteur Renault ? Red Bull n’a quand même pas tout perdu cette année : la boisson est arrivée sur le marché français.

Williams. Kiki Rosberg est encore plus irrégulier que les contractions de Karen Minier. Nakajima, lui, est dans la droite lignée des grands pilotes japonais.

Honda. A ce prix là, ils feraient mieux de se concentrer sur la moto. Button a oublié que James Hunt (photo) ne faisait pas que boire et baiser.

Force India. Il fallait bien faire le nombre, Ecclestone a des filles à nourrir. Sutil aurait mieux fait de se pendre après Monaco.

GP du Brésil, Lewis Hamilton : Un peu Timo pour la fin

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Sébastien Loeb a bien mal choisi son jour pour rentrer dans la légende. Il aurait pu attendre notre correspondant à Llanelli.

A vaincre sans péril, on triomphe sans Magloire, rappelle souvent Grégory Galiffi sur les trottoirs de Puteaux. Deux jours avant Obama, Lewis Hamilton a donc gardé son avance sur la frange conservatrice que Massa a tant mal à coiffer. Il a renvoyé Mansell dans les pubs d’Upon-on-Severn et arraché sa première couronne sur une nouvelle erreur de la concurrence. L’Anglais a conclu sa saison par un grand prix sans panache (photo) et un titre au rabais. Stefano Domenicali n’y est cette fois pour rien, mais Timo Glauque devrait pouvoir passer son réveillon chez les Pussycats.

La robe rouge de Nicole Scherzinger avait suffi à combler l’ennui, avant que le climat tropical brésilien n’offre à la F1 une fin de course dont elle avait besoin. Le dépassement de Vettel n’aura finalement servi qu’à confirmer le talent du minet d’Heppenheim, incroyable d’audace devant le nouveau précoce. La capacité de ce dernier à supporter la pression a autant impressionné Le Vestiaire que les lecteurs de L’Equipe.fr : plus de 85% d’entre-eux pensaient, hier, qu’Hamilton n’atteindrait que sous la couette les sept titres de Schumacher. Il n’en a ni le charisme, ni le coup de volant, tout juste un coéquipier fantôme comme on avait l’habitude d’en coller au Baron.

La Force India est avec lui

Ses stratèges partis, la Scuderia a décidé depuis de ne plus mettre ses oeufs dans le même pas niais. Raikkonen choisit ses courses comme Nalbandian ses tournois et les progrès de Massa n’auront offert que dix secondes de bonheur au public brésilien, le temps de comprendre que Glauque en avait perdu autant dans le dernier virage. La joie contenue sur le podium, le nouveau Senna a passé en revue les erreurs tactiques de son équipe, le péroné gauche de son pompiste, la chaleur hongroise et ses quinze tête-à-queue de Silverstone. Le titre pilotes n’aurait jamais dû échapper à Ferrari ; celui des constructeurs, que Le Vestiaire lui avait depuis longtemps promis, ne suffira pas à consoler Montezemolo : le grand public a toujours boudé ses citadines.

Derrière, Kubica se demande pourquoi les ingénieurs de BMW ne sont toujours pas rentrés de leurs vacances d’été et Alonso s’est offert, après Singapour, son deuxième podium de nuit. Ces deux là pourraient se joindre en 2009 à la course au titre si ont leur en donne les moyens. Ca sera plus dur pour Piquette, dont la carrière en F1 s’est terminée avec celle de David Coulthard, dans le premier virage. Comment Renault pourrait-elle le garder ?

Toro Rosso se pose la même question depuis six mois. Bourdais a encore fait une grande course ce week-end, il est encore passé en Q1, mais Trulli a encore eu le malheur de se mettre sur son chemin. C’est à n’y rien comprendre : a-t-on déjà vu pareil acharnement ? Son passage dans l’herbe a tellement contrarié le meilleur pilote français du plateau qu’il a presque concédé un tour à son coéquipier. La malchance, nous y reviendrons bientôt dans un bilan spécial, ne lui aura épargné que quatre points cette saison. Mais que ses des tracteurs se taisent : c’est quand même mieux que Button et Force India réunis.

GP de Chine : Une valse Hamilton

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Lewis Hamilton est aussi apprécié par ses pairs que Schumacher en son temps. Il n’y aura bientôt plus que six titres mondiaux pour les séparer.

Winnie l’Ourson et ses amis ne dormiront plus jamais seuls au théâtre des fantaisies. Prof veut y planter son cirque : les autres nains étaient allez Troyes dans la forêt. Il arrivera bientôt à nous faire prendre des V6 pour des lanternes, les manuts de Seine-et-Marne en oublieraient presque Coline Serreau. On limitera donc la réduction des coûts aux moteurs. Comme les autres pays émergents, la France aura un circuit tout neuf en 2010.

Obama sera d’ici-là président de la Caroline du Sud et double champion du monde, Massa aura attaqué Rogaine en justice et Button donné un petit-fils à Bernie. Car à moins d’un sacrifice de Nakajima, Hamilton deviendra, d’un coup d’un seul, l’héritier de Mohamed Ali, Tiger Woods et Roger Bambuck. Ferrari a réussi à lui refiler le titre, ça n’a pas été simple. A croire que l’Anglais n’en voulait pas. On ose l’imaginer assez intelligent pour assurer une 5e place au Brésil. L’histoire ne se répète pas toujours en F1. Demandez à Panis.

Massa ne suffit plus

La Scuderia n’a sans doute jamais eu deux pilotes aussi faibles. Massa a la carrure de Bernat-Salles et personne n’a encore dit à Raikkonen que la saison commençait au printemps. La mère Schumacher doit se retourner dans sa tombe : même Ralf aurait pu être champion du monde avec une voiture pareille. Si les ingénieurs de BMW consentent enfin à faire progresser la leur, l’avènement de quatre écuries de pointe en 2009 fera autant pour le spectacle que toutes les règles pondues depuis dix ans par la FIA.

Seb la Bourde ne sera peut-être plus là pour le voir. La malchance l’a encore frappé ce week-end. Quand bien même les commissaires l’ignorent, il faut que des pilotes freinent devant lui. La F1 est cruelle, que faisait donc Trulli dans le premier virage, en plein sur la trajectoire du Français ? Le taurillon a donné à ses patrons, s’ils hésitaient encore, une raison de plus pour ne pas le garder. Berger lui a pourtant fait croire qu’il était « en haut de la liste ». Il n’a pas dit ce qu’il y avait dessus.

Formule 1, GP du Japon, Renault : Losange et des monts

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« Vous avez bien fait de vous lever ! » a crié pendant deux heures l’héritier de Pierre van Vliet. Chuck Norris et Marc Minardi n’avaient pas mis de réveil.

Ca va mieux chez Renault. Les ouvriers de Sandouville seront contents de l’apprendre. Le seul salaire annuel d’Alonso suffirait, en passant, à payer pendant deux ans les mille smicards remerciés. Mais on n’est pas là pour parler politique, après tout, Seb la Bourde fait ça beaucoup mieux. Tokyo ? Ca lui a rappelé les Etats-Unis, « mais avec plein de Japonais ». Et la région autour du circuit, c’est un peu l’Autriche, « mais avec plein de Japonais ». Il va bientôt écrire qu’il y a trop de Chinois à Shanghai. Que fait Jorg Haider ?

On pense ce qu’on veut de sa première saison en F1 et de ses trois tours en leader virtuel, il faut reconnaître que le Français ne méritait pas plus sa pénalité de 25 secondes que les drive through infligés à Hamilton et Massa. C’était déjà dur pour Piquette de doubler en F1, ça devient impossible maintenant que la FIA refait passer par les stands tous ceux qui s'éloignent un peu trop de la trajectoire idéale. Les instances dirigeantes comprennent tellement leur sport que le GP du Canada va sauter la saison prochaine. C’était l’un des plus beaux du plateau.

Tout avait pourtant bien commencé pour Nakajima, auteur dès le premier virage d’un éperonnage dont il partage le secret avec Sato. Son public a apprécié. Quelques mètres devant, Hamilton montrait combien il avait retenu les leçons de la saison dernière. Il n’était plus le chien fou immature qui perd le titre sous la pression. Il ne tenterait plus de manœuvres désespérées et laisserait Nicole à ses occupations les week-ends de course.

Légitime défiance 

Heureusement, une fois encore, Ferrari a fait de son mieux pour lui offrir le titre. Ses mécanos ne craignent plus pour leurs genoux depuis le retour de l’homme-sucette, mais son duo de pilotes a confirmé qu’il n’était pas à la hauteur de l’héritage cabré. Massa a récupéré deux points aussi précieux qu’un autographe de Bertrand Baguette, mais Ross Brawn se demande encore comment la Scuderia peut être en mesure de tout perdre avec une voiture aussi supérieure ?

Jamais championnat n’aura couronné un pilote aussi peu légitime, qui que ce soit. Kubica ne va quand même pas profiter tous les dimanches de la faiblesse de ses adversaires. Il a déjà montré ce qu’il valait. « Si BMW avait apporté autant d’améliorations à leur voiture que nous l’avons fait cette année, le Polonais serait champion du monde », murmure-t-on chez Renault.

Ca va mieux pour le Losange et Le Vestiaire est content de l’apprendre, lui qui avait refusé en début de saison d’enterrer trop vite Alonso (2e commentaire). « Sa marge de progression est importante », écrivions-nous alors, conscients que l’Espagnol n’avait pas battu deux fois Schumacher pour rien. Pour la première fois depuis le printemps, les deux meilleurs pilotes ont fini aux deux premières places. Pas forcément dans le bon ordre.

Rallye, Moto, Formule 1 : Le bon, la brute et le truand

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Le Vestiaire poursuit cette semaine son printemps du cinéma. Le buffle mayennais, du pop corn plein la barbe, rigole encore de Ben Stiffler.

Le bon. Le monde, dit-on, se divise en deux catégories : il y a ceux qui tiennent à leur volant et ceux qui creusent. Lui, il creuse. Il n’y avait pas besoin d’être inscrit sur un forum de tuning pour voir au soir du premier rallye de la saison qu’une fois encore Sébastien Loeb aurait pour seule concurrence Dimitri Karbanenko et la gendarmerie monégasque. A part en Turquie, où les Ford s’étaient garées pour le laisser balayer, l’Alsacien a gagné toutes les courses qu’il a terminées. Ca fait déjà neuf : plus que Bernard Darniche en vingt ans de carrière. Latvala n’a pas fait illusion bien longtemps, les copains de Sordo le renient et les consignes d’équipe ne suffiront pas à Hirvonen pour faire la couverture de Men’s Health. Loeb va bientôt pouvoir se casser un bras en VTT.

La brute. Il porte des blousons de cuir et sa casquette de travers. Mike Di Meglio, c’est la terreur du plateau 125. Il se rase déjà, à 20 ans, et sa mobylette rouge force le respect des plus grands. Pierre-Henri Potherat lui-même se couche à chaque passage de ce monstre de puissance, un monocylindre de 80kg qui propulse le Toulousain à des vitesses folles les jours de grand vent. Arnaud Vincent a demandé hier aux Editions Sodis de brûler leur stock d'invendus : Di Meglio a battu de 8 ans son record de précocité.

Le truand. Il a réussi à faire croire au monde et aux modérateurs de son forum qu’il avait sa place en Formule 1. C’est fort. Sébastien Bourdais a offert à Claire, d’Istanbul à Singapour, la lune de miel dont elle rêvait. Il peut partir tranquille, elle verra encore le Japon, la Chine et le Brésil. Toro Rosso a déjà mis à l’essai la moitié de la GP2. Il n’y avait bien que Paul Newman pour croire qu’on ne cherchait qu'à remplacer Vettel. Bruno Senna, Sébastien Buemi, Salvator Duran, Takuma Sato : parmi ces noms se cache le successeur de Bourdais. Que fait Romain Grosjean ?

Pendant ce temps-là, Yvan Muller a le droit à une brève dans le JT de Pernault. Mieux vaut faire du tourisme que du ski de fond.

Formule 1, GP de Singapour : Vol de nuit

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Alors, bien sûr, la nuit a été belle comme une photo de Stéphane Mantey. Noyée sous les feux de 2.500 projecteurs, Singapour a offert aux téléspectateurs européens le spectacle grandiose d’une toute puissance technologique. La F1 en avait-elle vraiment besoin ?

Max Mosley avait confié il y a dix jours ses états d’âme à Anne Giuntini. Elle en a pris plein les lunettes. Le président de la FIA, qu’on ne présente plus, s’était dit favorable à l’instauration d’un moteur commun à toutes les écuries, question de coût : « Dans une période où l’économie mondiale est en récession, la F1 gaspille du temps et de l’argent. » Si peu…

La facture de la sauterie singapourienne n’a pas dépassé 150 millions de dollars faibles, dont un tiers pour le seul système d’éclairage. Et pendant que la France des sports mécaniques découvrait que Guy Lux lui-même avait servi la science, plus de 3 millions de Watts étaient générés jours et nuits pour la beauté du sport, n’en déplaise à Max l’écolo. Le fils d’Oswald Mosley avait osé brocarder dans la même interview de nos confrères monopolistiques « l’urgence de progresser sur les problèmes d’environnement ». Ca attendra un peu, Kuala Lumpur et Shanghaï veulent aussi leur nocturne.

No Newman, no cry

Bien que Kubica ne l’ait pas terminée dans les points, il y avait une course, dimanche, après le JT de Claire Chazal. Renault n’a pas eu cette fois à virer 2.000 de ses ouvriers pour faire parler d’elle. L’écurie française a même redonné ses lettres de noblesse à l'art du sacrifice cher à Nakajima : Piquette dans le mur, Alonso s’est arrêté juste au bon moment. Avait-on déjà vu stratégie plus audacieuse ?

Pendant ce temps-là, Hamilton a récupéré les points que la FIA lui avait retirés en Belgique. Le pompiste de Ferrari a le sens de la justice, Massa ne passera plus aux stands par hasard. Avec sept points de retard, le Brésilien n’a plus que son volant entre les mains. Il doit gagner les trois dernières courses et espérer que quelqu’un puisse s’intercaler au moins une fois entre lui et le fan des Pussycats. C’est pas gagné, les stats de Raikkonen parlent pour lui.

Le Finlandais n’a pas pris un point en quatre courses. Force India à part, seuls Piquette, Rubinho et Button ont fait aussi bien. Ca classe une performance, le toujours champion du monde a envoyé dans le mur plus de voitures que le crash test de Guyancourt (photo). La main sur le cœur à l’arrière du garage, Bourdais a savouré lui sa première Marseillaise en F1. Les larmes ont coulé derrière son masque de ski : Paul Newman n’a même pas attendu la fin de la saison.

Les interviews (presque) imaginaires du Vestiaire

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« On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux », soupirait René Hias sur son lit d'hôpital. Sébastien Bourdais ne s'est jamais penché à son chevet, mais il a répondu à nos questions.

QUESTION : Sébastien, de quoi votre avenir en F1 dépend-il aujourd'hui ?
SEBASTIEN BOURDAIS : C'est le flou le plus total. Je ne vois vraiment pas.

Q. : Avez-vous pensé à nettoyer vos lunettes ?
S. B. : (Il marque un temps d'arrêt, se met le doigt dans l'oeil.) Merde, je porte des lentilles maintenant depuis que Gerhard s'est assis sur mes Tchin-Tchin. Je les avais laissées sur le bureau de ma femme.

Q. : Les négociations sont-elles en bonne voie avec Toro Rosso ?
S. B. : Bonne voix, bonne voix… C'est vite dit. Gerhard a quand même un sacré accent. Vous savez ce que c'est, les gens de l'Est.

Q. : Que s'est-il passé sur la grille de départ à Monza ?
S. B. : J'ai câlé, ça arrive. J'ai jamais vraiment aimé les démarrages en côte.

Q. : La ligne droite de Monza n'est pas en côte…
S. B. : Il y a un léger faux-plat montant, comme sur la route de La Bazoge, où j'ai passé mon permis. Ca m'a déconcentré, j'ai oublié de relâcher l'embrayage.

Q. : Mais les F1 ont toutes des boîtes séquentielles…
S. B. : Elle sert à quoi alors la deuxième pédale ?

Q. : A accélérer peut-être ?
S. B. : Vous avez fait de la course ? J'ai déjà été pilote, moi aussi, avec Paul Newman.

Q. : Vous conduisiez sa limousine ?
S. B. : En semaine, seulement. Mais j'ai été aussi quatre fois champion de Champ Car avec sa voiture McDo. C'est aux Etats-Unis d'Amérique.

Q. : Comment avez-vous vécu la victoire de votre coéquipier Sebastian Vettel en Italie ?
S. B. : Assis, sur une chaise pliante à l'arrière du garage.

Q. : Est-ce que l'on peut voir en lui l'héritier de Schumacher ?
S. B. : Est-ce que ça fait de moi le nouveau Eddy Irvine ?

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain

Formule 1, GP d’Italie : Vettel est pris qui croyait prendre

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La course de Bourdais s’est arrêtée en qualifs. Sebastien Folin n’envisage pas mieux à Singapour : les lunettes infrarouges seront interdites.

Cette année-là, Nelson Piquet, le vrai, soufflait le dernier de ses trois titres au nez et à la moustache de Nigel Mansell, Gerhard Berger faisait encore la fierté des coiffeurs de Wörgl et Closefield Barbie payait pour ses crimes. De l’autre côté de la ligne Maginot, entre Dachau et Flossenbürg, Vettel buvait ses premières Red Bull. C’était l’année 1987, Yannick ne l’a même pas chantée.

A 21 ans, 2 mois, 12 jours, 5 heures, 43 minutes et 28 secondes, l’Allemand est entré dans la légende comme Ronnie Peterson en est sorti. Plus jeune pilote de l’Histoire à mener une course, à marquer des points, à se qualifier en pôle, à gagner un GP et à aller en conférence de presse après avoir gagné un GP, il s’ouvre un destin à la Jenson Button.

Comme au bon vieux temps, Max Mosley, le bras bien tendu vers un ciel couvert, a eu le droit aux hymnes allemand et italien en enfilade. Mais où était donc passé Schumacher ? Son héritier n’est pas plus prognathe que notre spécialiste F1 et a eu la bonne idée pour la saison prochaine de signer chez l’écurie mère, moins performante.

L’appui et le beau temps

Vettel ne peut mathématiquement plus contrarier Felipe Massa dans sa course au titre. Le Brésilien quitte l’Europe avec un point de retard et ses chemises à fleurs : la saison des moussons s’est terminée sur une dernière démonstration d’Hamilton. Reconnaissons lui un certain talent sous la pluie.

On se demande encore en revanche comment la Scuderia a pu prolonger Raikkonen. Le Finlandais a attendu les dix derniers tours pour se mettre à conduire, aussi maladroit jusqu’alors que la nouvelle grande blonde de TF1 aux interviews. Il ne faudra pas plus de trois semaines avant que Button ne l’attire.

Pendant ce temps-là, Ron Dennis n’a vu cette saison aucun pilote sensationnel en GP2. Kubica à part, y en a-t-il vraiment en F1 ?

Formule 1, GP de Belgique : Eau rouge, ô désespoir

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Lewis Hamilton n'a jamais vraiment eu les faveurs du Vestiaire. Son bras de fer avec Raikkonen méritait pourtant mieux qu'un déclassement injuste qui ne grandit ni la F1, ni Romain Grosjean.     

Ferrari a demandé à la FIA d’enlever trois tours à tous les Grands Prix, Ecclestone va faire arroser les pistes au Moët & Chandon et les Pussycat Dolls se sont déjà lancées dans l’écriture de leur nouveau single : « Across the chicane ».  Leur protégé britannique a exécuté en début de course ce que Nicole Sherzinger ne verra jamais avant le mariage : un tête à queue sans conséquence, le museau dans le gazon.

Il a aussi bouclé les deux derniers tours les plus lents de l’Histoire belge depuis que Lotus ne fait plus que du papier toilette. Les F1 ne sont pas faites pour la pluie, Piquette en sait quelque chose. Déclassé ou pas, Hamilton aborde les cinq derniers GP avec autant de confiance que la saison dernière : Kovalainen a montré pourquoi il ne sera toute sa vie qu'un coéquipier modèle et il faisait un peu trop froid en Belgique pour que Massa se risque à ouvrir la route.

Spa la joie

L'Anglais s'est surtout débarassé de Kimi Raikkonen, dont le titre mondial ne tient plus qu’à un coup de fil de son nouveau patron. Le Finlandais, par péché d’orgueil, s’est fait l’arrache qui rit sans que Nakajima n'intervienne. Il a laissé à Kubica la troisième place du classement général et quelques plumes sur les murets belges. Combien de temps faudra-t-il encore à la Scuderia pour comprendre que le Polonais vaut largement mieux ?

Bourdais, lui, n’avait plus vu une Ferrari d’aussi près depuis le Salon de l’Auto 2007. Un pied sur le podium, l’autre sur les freins, il pensait avoir enfin assuré ses arrières chez Toro Rosso. La météo en a décidé autrement. Les lunettes embuées, le Français est passé en un tour « from hero to zero », tranchait Martin Brundle dans un rare éclair de génie. Il pleut sûrement moins aux Etats-Unis.

Formule 1, GP d’Europe, Ferrari : Le doute Massa aïe

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Ecclestone a donné raison à ceux qui ont préféré rire de Boris Johnson. Le Grand Prix d'Europe ne sert à rien, vivement Shanghaï.

Robert Poitrenaud – aucun lien, fils unique – aurait sans doute appelé ça la rançon du progrès. Ferrari avait marqué cette saison l'Histoire de la Formule 1 et de la sécurité routière en régulant ses pitstops par un signal lumineux semi-automatique. Mais l'homme-sucette ne manque visiblement pas qu'à Karen Minier : Raikkonen a amputé un de ses mécaniciens et il a fallu la clémence des arbitres de la FIA pour que Massa n'ait qu'à piocher dans son argent de poche.

Le Brésilien a serré les fesses pendant deux heures pour que le moteur de la F2008 ne chauffe cette fois-ci que celles de son coéquipier. Il a surtout semé le doute dans les rangs de la Scuderia. Et si Raikkonen n'avait du numéro 1 que l'autocollant sur le capot ? Quel âge a vraiment Madame Massa ? Son fils perdra-t-il tous ses cheveux avant d'être sacré ?

Virage à l'accorde

Hamilton a reçu sur le podium des sifflets à la hauteur de son sens du spectacle. Il n'a rien montré du week-end à part les sponsors sur sa casquette. Ron Dennis espère sûrement que l'irrégularité de la concurrence suffira à en faire un champion du monde au rabais. Qui a dit Jacques Villeneuve ?

Le nouveau tracé n'a pas apporté beaucoup plus d'enseignements. Bernie aurait pu rester encore deux semaines à Saint-Trop'. C'est peut-être louable de visiter les pays du Tiers-monde, mais il n'y avait vraiment que les prises de vue aériennes pour donner un peu de crédit au Monaco du pauvre. Pas un dépassement de l'aprem, pas un Allemand pour faire sortir la voiture de sécurité. Alonso a dû se faire chier dans le garage Renault. Nakajima, redresseur de torts et d'ailerons arrières, n'a pas supporté de n'avoir lui qu'un seul Grand Prix à domicile.

Pendant ce temps-là, Kubica a rappelé aux dirigeants Ferrari qu'ils n'avaient pas à chercher trop loin pour remplacer Raikkonen, Coulthard aurait mieux fait d'aller conduire Beckham dans le Nid d'Oiseau et Vettel va bientôt regretter d'avoir signé chez Red Bull. Les Toro Rosso ont affiché en trois semaines une progression Boltistique. Bourdais a même signé la meilleure vitesse de pointe en bout de ligne droite. Dommage pour lui, il y aussi des virages en F1.

Formule 1, GP d’Allemagne, Hamilton : Dans sa Benz, Benz, Benz

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A chaque week-end de course son nouveau Senna : celui d’Hockeinhem tape aussi bien les murs.

Il a le charisme de Jens Jeremies, une grosse cylindrée et un sens certain de l'organisation. Lewis Hamilton en passerait presque pour le sixième Teuton du plateau, les bretelles en moins. Il a en tout cas réussi là où Hubert Fournier avait échoué : s’imposer en Allemagne, sur des terres que Max Mosley se plaît à revisiter.

Parce que Ferrari a oublié que le limitateur de vitesse ne s’actionnait que dans les stands ; parce que Kubica n’est plus là que pour vendre le pétrole malais ; parce qu’Hockenheim, enfin, comme les hanches de Julie Benz, est taillé pour la glisse, Hamilton a repris au championnat l’avance qui ne lui avait pas suffi la saison dernière.

On le dit plus mature, plus expérimenté. Il est surtout toujours aussi chiant. L’Anglais a passé la conférence de presse d’après podium à remercier ses Meccanos, sa famille, la Reine mère, ceux qui ont toujours cru en lui et Kovalainen, pour avoir pilé en bout de ligne droite. Heureusement que les consignes d’équipe sont interdites.

Les Teutons en pointe

McLaren ne lui avait pourtant pas facilité la tâche (caravane) après que la suspension arrière-gauche de Glauque a fait sortir la voiture de sécurité. Ca n’aura finalement pas changé grand-chose, sauf pour le moteur de Webber.

Le Grand Prix avait été jusqu’alors aussi vibrant que le 99 Luftballons de Nena, à tel point que Martin Brundle ne savait plus quelle connerie raconter pour meubler ses blancs, sinon espérer tout haut que la piste allemande ne soit pas assez large pour Nakajima.

Dans des conditions normales de visibilité, Bourdais et Coulthard ont respectivement accroché le peloton et Barrichello. Junior s’est chargé cette fois du hold-up brésilien, il ferait mieux d’éviter Alonso pendant quelques jours. Raikkonen, pendant ce temps-là, préfère lancer la course au titre en embuscade. Il n’a pris trois points ce week-end. C’est toujours mieux que Sangare.

F1, GP de Grande-Bretagne : La guerre des trois n’aura pas lieu

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Ross Brawn a offert une deuxième jeunesse à Barrichello. Passera-t-il la barre des 500 Grands Prix ?

De notre envoyé spécial permanent au Royaume-Uni

La mi-saison a rappelé dimanche Hamilton, Massa et Raikkonen à leurs insuffisances. Les neuf premières courses n’auront servies à rien sinon à confirmer ce que Le Vestiaire savait déjà : le Mégane Trophy attend Piquette Junior à la fin de l’automne, Magny-Cours ne manquera qu’au Conseil général de la Nièvre et Seb Bourdais devrait changer d’opticien.

Le Français a encore navigué à vue sous les caprices de l’été britannique, tout juste a-t-il senti Sutil lui passer sous le nez en marche arrière. « Je ne voyais rien, c’est la première fois que ça m’arrive », a reconnu le pilote de Champ Car dans une chronique touchante de lucidité. Il y admet ses erreurs de réglage et ses lacunes derrière le volant. Toro Rosso « (le) soutient » encore. Pour combien de temps ?

Nicholas peau lisse

Devant, la Formule 1 se cherche un patron. Kubica en a les épaules, mais pas les moyens. Sa saison s’est terminée au Canada, il n’a plus rien à en espérer. Ron Dennis sait bien que le Polonais surclasse Kovalainen, mais McLaren n’osera jamais mettre Hamilton en concurrence directe avec le meilleur pilote du plateau. Nicholas n’y survivrait pas.

On nous promet un suspense de taille jusqu’au dernier Grand Prix. La Scuderia fait ce qu’elle peut pour l’entretenir. Massa a été sacrifié dès les qualifs à Silverstone et Raikkonen serait déjà loin si le sort, et Hamilton, ne s’étaient pas chargés de lui arracher de gros points. Le package Ferrari est largement au-dessus de la concurrence, mais l’équipe a enchaîné en cinq mois plus d’erreurs stratégiques que Ross Brawn sur toute la carrière de Schumacher. Avec un peu de rigueur, le cheval cabré sera à nouveau champion du monde, ou le spécialiste F1 du Vestiaire ne sera plus.

Formule 1, GP de France : Le lot Ferrari

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Le nouveau Senna ne joue pas avec Robert Pires. Il n'a jamais gagné non plus le Rallye Cœur de France.

De notre envoyé spécial en région Centre

Bernie l’éclectique espérait une deux fois six voies depuis Gonesse, trois demi-douzaines d’hôtels étapes et le double de masseuses dans son mobil-home du Salixcamp. Il a subi tout l’aprem les passages avides de la patrouille de France, les rouflaquettes de Guy Montagny et les courbures abusives de l’attachée de presse de la FFSA.

Jamais le Grand Prix de France n’avait autant mérité d’être rayé du calendrier Pirelli : Ferrari a pris trois tours à tout le monde et Nakajima s’est retenu de faire sortir la voiture de sécurité. Massa n’a eu qu’à ménager la sienne pendant que le sort s’acharnait sur Raikkonen comme la FIA sur McLaren. Hamilton a les défauts de ses qualités, c’est sûr, mais il ne méritait pas autant d’attention.

L’attente accule

Kubica n’a plus rien à espérer cette saison. Il a laissé à Trulli le soin de rappeler à Kovalainen qu’un nom finlandais ne faisait pas tout et repris une position d’attente que les copines de Max se plaisent à maintenir. Heidfeld s’y cantonne avec un peu trop de conviction depuis quelques courses. Son volant chez BM est en sursis, comme Nigel Stepney.

Le même sort attend Junior à la fin de la saison. Ses premiers points n’y changeront rien, même Bourdais en a ramené. Le Français a terminé à domicile son deuxième Grand Prix consécutif. Il a suivi Raikkonen pendant deux tours, entretenu le gazon nivernais et fait vibrer d’un seul élan tous les caleçons du service sport de TF1. Pour une fois, Le Vestiaire s’était trompé : Jacques Laffite est encore plus chiant que Martin Brundle.

Formule 1, GP du Canada, Kubica : Le grand Robert

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Ferrari ne vaut pas mieux que Toyota et BM. Et si Catherine Pic prenait les commandes du 20 heures ? 

Le Québec libre lui a enfin pardonné d’avoir poussé Jacques Villeneuve vers la chanson. Ses manœuvres aériennes n’y sont cette fois pour rien. Le Vestiaire en rêvait, Kubica l’a fait : le Polonais est bien le meilleur pilote du plateau. Comme nous l’avions annoncé ici et , bien avant que la presse ne s’intéresse à son physique ingrat, il a marché à Montréal sur les traces de Jean Alesi. Elles ne mènent pas forcément au DTM.

Le grand Robert a surtout le nez, la régularité et l’intelligence de course d’Alain Prost. Il tire depuis le début de la saison le meilleur parti de sa BM pendant qu’Heidfeld traîne sa barbe derrière les Red Bull. Le voilà en tête d’un championnat aussi difficile à lire que les encyclopédies de Pierre Ménard. On n’ose lui promettre le titre. Hamilton ne montera pas Raikkonen tous les week-ends.

Spa sorcier

L’Anglais devra repasser le code de la route avant Magny-Cours, où la FIA lui a réservé une tente sur le parking est. A l’aise dans le désert (Bahreïn et Turquie), Massa devrait s’y consoler après avoir fait pour rien le plus beau dépassement de la F1 depuis Hakkinen sur Schumacher, en 2000 à Spa.

Sutil n’avait alors comme Di Meglio qu’une tondeuse débridée pour aller au collège. Il n’a eu besoin de personne, hier, pour sortir d’une piste qui n’en était pas vraiment une. Sylvain Mirouf n’aurait pas mieux brouillé les cartes que la voiture de sécurité : Brundle a cru au doublé Toyota, Barrichello s’est longtemps demandé pourquoi on avait repeint sa voiture en blanc et Bourdais a regardé la course de l’arrière. C’est toujours mieux que les stands.

Formule 1, GP de Monaco : Le festival de pannes

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Barrichello a relancé sa carrière sur le Rocher. Et si l’héritier de Senna n’était pas son neveu ?

La dernière fois qu’il avait plu à Monaco, Jérémy Menez avait dû ressortir du grenier la capote de sa Smart Cabriolet, Daniel Ducruet n’avait pas eu besoin de Fili Houteman pour mouiller son pantalon et Olivier Panis avait terminé une course. Il n’y a pas eu de miracle cette fois-ci, du moins pas pour la gagne.

Lewis Hamilton a confirmé ses progrès turques grâce à une touchette dans les premiers tours l’obligeant à décaler sa stratégie. L’erreur paye parfois, Timo Glock ne doit pas désespérer. L’Anglais a laissé passer l’orage Ferrari pour reprendre les McLaren du championnat. Il a pris soin de remercier sa mère, la Fédération Française de l’Acier et le Pape après avoir baisé les pieds de Son Altesse Sérénissime.

Le Vestiaire appelait de ses vœux une victoire de Kubica au soir même de son abandon en Australie. Il aurait pu être exaucé ce week-end si la pluie ne s’était pas arrêtée de tomber au milieu de la course. Le pilote BMW était clairement le meilleur dans des conditions glissantes que les deux Ferrari ont apprécié : l’une a filé large, l’autre dans le train arrière d’une Force India. Le pauvre Sutil ne sait toujours pas comment il a fait pour se retrouver quatrième à moins de dix minutes de la fin. Raikkonen non plus, il ne l’a pas supporté.

Gaule volant

Junior a prié très fort Sainte Dévote pour éviter la glissière. Il n’aurait pas dû lâcher le volant, c’était peut-être une des dernières fois qu’il avait l’occasion d’en toucher un dans une F1. L’apprenti de chez Renault s’est quand même senti moins seul en Principauté : Hamilton, Raikkonen, Massa, Alonso, Glock, Button, Fisichella et Rosberg sont tous partis à la faute pendant que Kovalainen réussissait enfin un dépassement propre. Sur la voiture de sécurité.

Bourdais n’a pas encore vu grand-chose dans tout ça, au propre comme au figuré. Pourtant nantie de la nouvelle évolution de sa charrette, dont il s'était chargé de retarder lui-même le développement, la honte du sport mécanique français n’a pas eu le temps d’essuyer la buée sur ses lunettes. Il a enfourché Coulthard comme Karen Minier ne l’a jamais fait : par derrière.