Les aventures de Papy Courage, deuxième épisode : De quoi il a l’Eire ?

Producteur est un métier, la FFF le prouve tous les jours. A peine le Domenech show terminé, un nouveau héros prend déjà le relais.

18 novembre 2009. L’expertise d’un homme

« Il y a eu des années très difficiles, de galère par moment, et puis il y a eu ce suspense final, presque insoutenable et puis ce but de la délivrance. Je crois que sur la qualité de l’équipe, on mérite d’aller là-bas mais je comprendrais que les Irlandais soient frustrés ce soir. Parce qu’il faut être sportif et reconnaître que l’on a été un peu tétanisé par l’enjeu. L’équipe de France n’a pas développé son jeu comme elle aurait dû et comme je pense qu’elle aurait pu le faire (…). Nous n’avons pas eu beaucoup de chance au cours de la phase de qualifications, et là ce soir on fait quelque chose de beau pour le football français (…). Mais chaque fois que nous entrons par la petite porte, chaque fois que l’accouchement est difficile, que ce soit en 2000 ou en 2006, on prouve que l’on peut aller plus loin. »

18 novembre 2009. Les leçons d’un juriste

Les fautes d’arbitrage  font partie du jeu. Le match disputé par l’équipe de France « était un mauvais match et les Irlandais, sur cette rencontre, sur ces 120 minutes, avaient certainement plus de qualités que nous. Ils auraient pu, et ils pensent qu’ils auraient dû, aller en Afrique du Sud. Mais ça ne se juge pas comme ça.  Un jour, ça penche d’un côté, l’autre jour, de l’autre côté. Il faut l’admettre, c’est la loi du sport. » « On ne peut pas tricher » mais « dans tous les sports collectifs, (…) on a un peu tendance parfois à essayer d’être un peu en marge des lois, et l’arbitre est là pour remettre les gens à leur place. C’est le sport. »

19 novembre 2009. La compétence d’un homme

« Mon sentiment, il est mitigé. Premièrement je retiens l’essentiel, la qualification. De 1996 à 2010, la France n’a manqué aucun rendez-vous, bravo messieurs, joueurs et staff, qui ont permis cette pérennité. Le deuxième point que partage tout le monde, c’est que le parcours a été très, très laborieux. Avec un final qui a été décevant, parce qu’on a eu l’impression que nos joueurs ont eu un bon résultat à Dublin qui, paradoxalement, a semblé les avoir traumatisés, pétrifiés. On ne peut pas dire qu’on ait mal joué, on peut dire qu’on n’a pas joué. »

19 novembre 2009. L’expérience d’un grand joueur

« Le fait qu’on ait tout à perdre nous a bloqués. On dit que nos jeunes joueurs sont inexpérimentés, c’est vrai. Très peu ont connu une Coupe du monde. Et d’autres y vont pour la dernière fois. Il faut tirer l’enseignement des réussites et des échecs : tous ces joueurs ont touché du doigt ce qu’était une Coupe du monde, ça marque une carrière. Ils ont découvert cette peur qui vient de l’enjeu. On n’a pas positivé. Il restait 60 minutes pour marquer un but après celui des Irlandais. Mais on ne s’est pas dit ça, on s’est dit « merde, on ne va pas en mettre » et quand on se dit ça, on n’en marque pas. Mais l’équipe sera, je suis sûr, beaucoup plus performante. Heureusement, sinon c’est la porte ouverte à tous les déboires. »

19 novembre 2009. L’expérience d’un cuisinier

« Qu’on arrête d’en faire un plat ! C’est une faute d’arbitrage favorable. Est-ce la première ? La dernière ? Certainement pas. Quand Shay Given accroche le pied d’Anelka, l’arbitre dit « pas penalty ». Quand Lloris fait moins que ça à Belgrade, il est expulsé et il y a penalty. Il n’y a pas de vidéo. Une fois ça vous aide, une fois ça ne vous aide pas. »

19 novembre 2009. Les menaces d’un homme

« Il faut n’avoir jamais joué au foot pour ne pas savoir que ces choses arrivent : on s’attend au coup de sifflet et il n’arrive pas. Dire tricherie, tricheur… Que les gens regardent dans le monde, des tricheries je pourrais en trouver d’autres… Ce que je retiens, c’est une qualification heureuse, chanceuse, mais pas de triche. C’est une erreur d’arbitrage favorable, d’autres n’ont pas été favorables et on n’en pleure pas. »

19 novembre 2009. La confiance d’un homme

« Que les choses soient claires : Raymond Domenech, et on nous l’a reproché, a été reconduit dans ses fonctions pour nous qualifier au Mondial-2010. Je ne vois pas comment, au point de vue moral, lui dire « tu es un gentil petit garçon, tu dois laisser la place à un autre ». Et j’imagine mal Arsène abandonner Arsenal… Raymond a un combat jusqu’en 2010, je respecte mes contrats, même si ce n’est pas facile avec la pression autour. »

19 novembre 2009. La lucidité d’un homme

« Que les choses soient bien claires, un Patrick Vieira guéri, jouant régulièrement dans un club, pas forcément dans son club actuel (Inter Milan), et arrivant à un excellent degré de forme, est important pour l’équipe de France. Il est important par son expérience, sa qualité, son aura et c’est un meneur, pas au sens aboyeur, mais c’est un exemple. Dès qu’on voit cette tour de contrôle, attaquant tous les ballons, avec lui l’équipe est entraînée. Il ne peut prendre la place de personne : il faut qu’il joue, qu’il joue, qu’il joue, qu’il redevienne le Patrick Vieira qui meurt d’envie d’aller à la Coupe du monde. C’est un morceau de volonté, je le connais. »

19 novembre 2009. L’expérience d’un gynécologue-obstétricien

« L’accouchement a été très très difficile, la délivrance d’autant plus appréciée. On a tout connu, quelques hauts, beaucoup de bas, des moments difficiles, des matches laborieux, des fautes d’arbitrage dans un sens et dans l’autre. Mais on a fait contre fortune bon coeur, et le 18 novembre, tard le soir, la lumière verte s’est allumée, tant mieux pour le football français. »

19 novembre 2009. La lucidité d’un homme

« On n’ira pas la peur au ventre car si hier soir  on avait tout à perdre, là-bas, on aura tout à gagner. »

19 novembre 2009. La cohérence d’un homme

« On a eu deux années galères. On était tétanisés et on n’a pas su développer notre jeu. Je comprends que les Irlandais soient frustrés. Il faut oublier ce soir et s’en servir pour l’avenir. »

19 novembre 2009. L’expérience d’un prof

« Il faut savoir prendre ce match avec philosophie. Le football se joue sur des petits détails. La qualification est toujours belle, et je ressens une grande joie. »

19 novembre 2009. Les calculs d’un stratège

« Rappelons aussi que nous n’avons pas eu la chance avec nous pendant les qualifications. Aujourd’hui, on va à la Coupe du monde. C’est beau pour tout le football français. Beaucoup de joueurs méritent d’y aller. Et puis, on a déjà prouvé que lorsqu’on se qualifie par la petite porte, on peut aller très loin en phase finale. »

L’Edito : Cap ou pas Le Cap ?

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Diomède sur Direct Sport, Mavuba chez les spécialistes, Bruckner chez Taddei : les grands talk show peuvent-ils encore passionner avec les sujets de société ?

Deux matches officiels à la place d’amicaux qui ne servent à rien : l’équipe de France a trouvé comment se préparer au mieux à la Coupe du Monde. Y aller avec André-Pierre Gignac, c’est un beau challenge, lui même ne rêvait-il pas du maillot bleu quand il jouait à Pau ? C’était il y a quatre ans. Et quand il ne jouait pas à Toulouse ? C’était il y a deux ans. L’apprentissage accéléré, c’est simple comme un triplé contre les Féroé. Pour la Roumanie, on attendra, Anelka et Saifi ne peuvent pas toujours fournir.

Les défis du sport français sont décidément légion, puisque le sport collectif se cherche un nouvel étendard. Villeurbanne s’est permis d’y croire, ça fait deux défaites. Le Montpellier handball aussi, ça fait une contre performance en Roumanie, rien de définitif : d’autres s’en sont remis, rendez-vous en Serbie. Orléans tente sa chance en Euroligue à son tour, pourquoi pas un champion d’Europe en rugby tant qu’on y est. Au moins, ça ne passera pas à la télé. Ca passe déjà ?

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Gasquet, lui, a le choix du défi. Le premier, c’est de rejouer au tennis, Ferrer est encore trop fort en coup droit, en revers, en service, en retour, en break, en mental, il a tous les coups. Heureusement qu’il ne boucle pas une saison de post dépression qui lui évitera le Masters. Le second, c’est de jouer le TAS, à ne pas confondre avec la pétasse. Attention, la méprise peut valoir aussi cher qu’une vodka pomme de champion.

Pendant ce temps-là, Vendenbroucke et Maier s’en sont allés. Qui était le plus au sommet de son art ?

Serbie-France : L’ablation des Abidal

A l’occasion du jubilé Eric Abidal, le Vestiaire vous permet de redécouvrir les exploits historiques de l’autre Sydney Govou.

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Le jour où Lyon devait entrer dans l’Histoire du foot européen, il était là. Le jour du premier enterrement des Bleus de Domenech, il était encore là. Le jour où le plus grand Barça de l’Histoire a failli passer à la trappe, il était toujours là. Si la carrière d’Eric Abidal était un match, les « il s’est troué » de Jean-Michel Larqué ne dureraient qu’une heure et demie.

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La plus rapide, et peut-être la mieux construite de toutes ses oeuvres, à un poste d’arrière central qu’il estime le sien, contrairement à l’ensemble de ses entraîneurs. Le chrono affichait déjà 3’42 qu’Abidal lançait Luca Toni de la tête. L’Italien avait prouvé tout son goût pour le haut niveau à Munich, à moins que ce ne soit à la Fiorentina. Il confirme : seul face à Coupet, il se permet la gourmandise de tirer comme une merde à deux mètres du poteau, ce que tout bon avant-centre aurait fait à sa place. Mais, comme le dit le proverbe, si c’est dedans, c’est pareil, même si pour Maurice il faut nuancer. Alors, vingt minutes plus tard, la flèche Toni le prend de vitesse. Rapide, Abidal peut encore le rattraper pour l’empêcher de passer. Par la droite, par la gauche, les pieds d’Abidal choisissent les deux. Penalty, carton rouge, Boumsong rentre, l’Euro est fini. Colleter et Blondeau ont gardé la VHS.

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Ce n’est pas parce que Sagnol continue de donner des conseils en costard à la télé, à l’aise comme Marc Cecillon à une réunion de parents d’élèves, qu’il faut toujours l’écouter. Déjà pris dans son dos tout au long de la première mi-temps, Abidal s’accorde une pause pour admirer le jeu de tête de Drogba. Rattrapé par la réalité, dépassé par Anelka, il le colle, l’autre tombe tout seul, carton rouge. C’est cruel, mais le haut niveau c’est pas courir toujours derrière son attaquant. Heureusement, le miracle se produit pour le Barça : Seydou Keita est rapatrié sur le côté gauche de la défense. Chelsea finit par craquer quand Abidal est déjà douché. Déjà privé d’Alves pour la finale, Guardiola peut jubiler.

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La plus récente, pas si éloignée de celle de Chelsea puisque seulement quatre jours plus tard. Surtout, la seule qui manquait à son palmarès : l’expulsion à la maison. Un match pour le titre, le plus grand stade d’Europe plein à ras bord fêtant déjà son équipe qui mène 3-1 à 15 minutes du titre. Quelle meilleure minute pour venir provoquer un penalty, doucher l’enthousiasme des supporters et relancer un adversaire qui finalement égalisera à la dernière seconde et obligera le Barça à fêter son titre à l’extérieur ? Abidal, lui, est rassuré : il s’évite la finale de la Coupe du Roi et verra très probablement le match du titre dans un bar du Barrio Chino. Qui pourrait le reconnaître ?

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Chronologiquement, le premier drame de sa carrière, si l’on met de côté sa saison 2000-01 à Monaco. Il reste quelques secondes à jouer, Lyon tient sa première demi-finale de Ligue des Champions. Fred mis à part, on ne voit pas qui pourra empêcher la meilleure équipe d’Europe d’aller en finale. A cet instant, pourtant, personne ne comprend ce qui passe par la tête d’Abidal. En revanche, tout le monde voit bien que le ballon passe au-dessus de sa tête avant d’atterrir dans les pieds de Schevchenko, seul face à Coupet. Les analystes du monde entier sont formels : l’Ukrainien n’a donc pas pu sauter, Abidal était tout seul pour faire une tête. Farceuses, les caméras du monde entier ne manqueront pas de montrer qu’Inzaghi, dans son sprint de joie, croisera sa victime, les bras ballants. Comme si numéro 20 dans le foot, ça voulait encore dire pas titulaire.

Trois expulsions, une élimination, des moments clés où le talent compte, mais se voit moins que les conneries. Pour Domenech, une seule question : stoppeur ou latéral ?

France-Roumanie : Escudé du peu

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S’il fallait un match référence, il est arrivé. Un but encaissé, un marqué, face à la Moldavie. La finale de la Coupe du Monde n’est plus très loin, les barrages encore moins. L’Espagne malgré ses cinq buts enfilés aux Belges seront-ils au rendez-vous ?

Une fois n’était pas coutume, production et réalisation s’étaient chargées main dans la main du teasing. Papy Courage avait promis de l’épouvante, Raymond des occasions manquées. Tout avait été dit en conférence de presse, il ne manquait que le titre de la pièce. Les plus optimistes se prenaient à rêver, et si Israël jouait en jaune ?

Le défi était toujours le même : mal jouer avec les meilleurs joueurs du monde et si possible ne pas gagner. Comme d’habitude l’adversaire avait été choisi avec minutie : une fois de plus les Iles Féroé. Pourquoi changer un scenario qui marche,  les téléspectateurs ne s’en lassent pas encore. Du classique donc, mais si la machine est rôdée, le direct peut toujours apporter des surprises.

Cluj on est de fous

Raymond Domenech savait donc ce qui l’attendait. Un an qu’il préparait ce rendez-vous si crucial. Tout le monde se doutait et lui le premier que la Roumanie au Stade de France serait le point d’orgue de la qualification directe. Il avait même eu cette subtile reflexion qui ensuite lui avait semblé absurde : « Si on gagne pas, le vieux est capable de me foutre dehors. » En effet c’était absurde, d’une part le vieux est gâteux, d’autre part pourquoi virer un type incompétent, détesté de tous, qui ne respecte rien ni personne, qui se fout de la gueule du monde, qui n’a aucun résultat sur le terrain et qui surtout n’en a jamais eu.

Raymond en personne ne comprend pas bien cette attitude de Papy Courage à son égard, qui le maintient coûte que coûte. Mais la question ne se pose plus, mieux, Papy Courage à son tour se fout de la gueule du monde. Il faudra gagner les 4 avait-il clamé, avant de remplacer le « il faudra » par un « on va » il y a deux jours. La voyance aussi est art difficile. Il y a un an, il lui fallait 5 points en 3 matchs, Domenech en avait 4. Pas grave, rater les objectifs c’est ce qui fait le charme de Domenech. L’humiliation de l’Euro ? Echouer c’est aussi ce qui fait le charme de Domenech. Les meilleurs joueurs du monde qui ne savent pas jouer ensemble et faire la différence ? Savoir mettre mal à l’aise et faire n’importe quoi c’est ce qui fait le charme de Domenech. La France absente de la Coupe du monde 2010 ? C’est ce qui fait le charme de Domenech mais ça faisait moins celui de Houiller, Platini et Michel.

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Le doute chassé de son esprit moqueur, Domenech pouvait filer le coeur léger vers le deuxième épisode de la sixième saison de son show. Gagner de justesse face à des équipe de merde, il l’avait déjà fait plusieurs fois. Faire match nul, il n’avait plus connu ça depuis la Roumanie. Le destin est parfois malicieux. Mais attention, un match nul doit se faire avec la manière car cette fois on ne pourra pas se cacher derrière le bilan comptable qui est le plus important, ou derrière le public qui n’est pas gentil. Cette fois avec un seul point et une qualif directe enlevée, il faudra retenir le positif.

Et le positif c’est un gardien serein. Après Landreau, mais c’était pour rigoler, après Frey, Coupet et Mandanda, Lloris pouvait à son tour  confirmer qu’être le meilleur gardien français ne suffit pas pour le haut-niveau made in Domenech. La charnière avait été reconduite pour la première fois depuis cinq matches. Rappelons qu’il y a Gallas dedans, et qu’il ne sera pas le plus nul. Au milieu comme d’hab, la star madrilène associée à un Roumain ou quelque chose du genre, quoiqu’il en soit un type pas très bon. Devant, après avoir echafaudé son schéma tactique avec Benzema toute la semaine, l’avant-centre du Real est allé rejoindre le banc de touche. Les Chypriotes qui avaient prévu un plan anti-Benzema en ont eu pour leur argent. La presse locale avait prévenu que leur principal allié serait Domenech. En même temps c’était pas dur à deviner. Le reste c’est Henry qui arrêtera quand il l’aura décidé, Gourcuff, Gignac auréolé de ses deux bonnes perfs contre l’Azerbaidjan, et Anelka qui n’a plus joué en bleu depuis l’Euro 2000. Au final, hormis l’attaque, le milieu et la défense, la formation de départ est ce qu’il pouvait faire de mieux. Domenech est confiant, comment une équipe qui ne fout rien depuis 2 ans pourrait-elle écraser la Roumanie ? La première mi-temps aurait pu lui faire peur. Onze joueurs seuls sur le terrain pour une attaque défense, ça rappelle beaucoup de mauvais souvenirs à Raymond. Il sait que ça finit toujours par marquer. Il n’a pas tort.

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Anelka rate tout en un quart d’heure, l’histoire ne peut pas mieux commencer. En mal de stars, Domenech a invité Gignac en guest-star, il ne le décevra évidemment pas. La fin de saison approche, l’intrigue est touffue : on sent de la nouveauté, il y a des occasions avec le consentement des Roumains battant pavillon maltais. Tout n’est pas nouveau, Sagna et Evra s’échangent des ballons au-dessus de la surface roumaine, Anelka multiplie les centre tir, ses partenaires et le tableau d’affichage ne sauront jamais vraiment si c’est l’un des deux. Le gardien arrête tout, la transversale s’en mêle, Domenech prépare déjà son « Comment peut-on faire pour arriver à les mettre au fond ? » pour Astorga à la mi-temps voire mieux si affinités. La loi des séries, elle dure depuis le début des éliminatoires. Rassurant, l’inefficacité chronique est la marque des grandes équipes. Le public est captivé, il oublie même de siffler à la mi-temps, Domenech et Gignac sont pourtant sur la pelouse. Les joueurs de Cluj et Timisoara rentrent au vestiaire en riant.

0-0, plus que 45 minutes à tenir, Raymond revient sur le terrain avec le sentiment du travail bien fait, d’ailleurs il le dit. Il rit d’Astorga, Astorga rit de lui, et Gignac est toujours là. Manque de bol, Malte craque sur un corner, Henry rappelle soudainement qu’il ne joue pas en Ligue 1 depuis une décennie. Il faut un héros, Domenech croise les doigts, Escudé les pieds et le miracle se produit. Les premiers sifflets empêchent Papy Courage de ronfler, Ginola hurle sa joie. Il reste pourtant 40 minutes, il va falloir tenir bon. C’est l’heure du coaching.

Gignac sort, Ribéry entre et pousse Anelka dans l’axe. Il ne paraît pas vraiment meilleur mais mieux vaut s’assurer qu’on ne le verra plus jusqu’à la fin, Benzema rentre et Anelka repasse à droite. Gourcuff sort, c’est bien connu, la France est toujours meilleure sans vrai créateur. Ribéry coulisse en numéro dix, il a passé son été à dire que ça l’emmerde, les quinze dernières minutes sont garanties à vie. L’armada est enfin au complet, elle n’était pas titulaire. Benzema a une occasion en or de se révéler, mais le scénario est trop bien ficelé. Il n’aura pas une seule occasion, la France et quelques téléspectateurs l’entendront dire que les occasions il faut les mettre, mais de qui parle-t-il donc ?

« Ce n’est pas une desillusion, c’est une déception. Comment on peut faire pour arriver à les mettre au fond ? Ca va finir par arriver, c’est pas possible. » Astorga a beau repasser la bande, Raymond est bien en train de sourire.

Finalement, le monde est unanime, le monde français du moins. 35 minutes correctes sur 90 minutes durant lesquelles aucun but ne sera marqué. Un match nul désastreux pour l’avenir, et la Roumanie qui aurait même pu plier le match. Tout va bien, il faut retenir le positif car les trois points sont pas là. Mais pour Papy aucun problème « si on joue comme ça, les barrages c’est gagné« . Personne ne lui a dit que 1-1 ça compte pas pour une victoire.

Titi et Camara

Lloris : Toujours aucun but encaissé par les adversaires. Il aurait dû se méfier, à l’entraînement Escudé joue avec les remplaçants

Sagna :  On attend toujours sa première passe décisive en équipe de France.

Escudé : On a jamais su lequel de Julien ou Nicolas était le joueur de foot.

Gallas : Son meilleur buteur ne dépasse jamais la ligne médiane, Wenger doit halluciner en observant le coaching de Domenech.

Evra : Lizarazu lui a pas dit qu’on pouvait travailler les centres.

Toulalan : Blanc pourrait bien s’en passer pour les barrages.

Diarra : Gourcuff était là pour l’empécher de tirer.

Gourcuff : Encore un match décisif où il ne l’est pas.

Gignac : On sait pourquoi il a rendu Elmander indispensable.

Anelka : Contrasté contre les Féroé, nul samedi soir, place à la Serbie. 

Henry : Il accepte encore de venir, c’est déjà bien. Le seul à continuer à jouer malgré Domenech.

Escalettes:  «Et je répète que même s’il faut qu’on se qualifie par les barrages, c’est la mission de Raymond Domenech et il faut qu’il aille au bout et il ira au bout». On a lui a toujours dit qu’il fallait croire le plus possible à ses rêves pour les voir se réaliser.

Ligue 1 : Qui est le nouveau Benzema ?

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La Ligue 1 s’est ouverte sans l’un de ses anciens obscurs buteurs, avantageusement vendu 35 millions d’euros, assorti d’un éventuel bonus de 1 million en cas de Ballon d’Or, allez comprendre. Pour son successeur, il faudra négocier. Qui sera-t-il ?

1. André-Pierre Gignac

Meilleur buteur de la saison passée, il attaque le championnat de la confirmation, Benzema en a déjà deux derrière lui. Gignac a pour lui d’être puissant, adroit et instinctif. Comme Benzema. Comme Benzema, il est sélectionné en équipe de France sauf que lui est titulaire. Il est aussi passé par Pau, Lorient, a signé un pré-contrat à Lille avant de le renier pour aller s’enterrer un an à Toulouse derrière Elmander puis de s’imposer. Comme Benzema ?

2. Lisandro Lopez

Si Benzema avait des tatouages, il ressemblerait à Lisandro, à quelques dizaines de buts, de passes, d’années, de kilos et de millions près. Le Real a d’ailleurs beaucoup hésité entre les deux. Sévères, quatre buts infligés à Anderlecht ont déjà changé la donne. Contre Manchester, Benzema en a encore un d’avance. Lacombe suivait le successeur depuis deux ans, mais il ne pouvait pas l’acheter pour l’associer à Benzema, il avait Fred. Une procédure en référé est à l’étude.

3. Loïc Rémy

A 16 millions plus Mounier, il est celui qui se rapproche le plus du prix de Benzema. Quoique, on ne connaîtra jamais vraiment la valeur de Mounier, vu que Sacha Baron Cohen, le président niçois, n’entend pas lâcher sa star, sûr que dans un an, il vaudra le double. Qu’un club les propose, c’est autre chose. Bien vu, c’est à peu près dix buts garantis pour la 2009-2010.

4. Michel Bastos

Fausse alerte, c’est le successeur de Juninho. Ah non, c’est Pjanic. Le litige sera bientôt tranché par le Vestiaire.

5. Kim Kallström

En amicaux, quand Lyon marquait peu, tout passait par lui. Dès qu’il avait une occasion, il plantait. Pourtant, Claude Puel l’avait replacé à contre cœur (latéral gauche), ça fait pas mal de points communs avec Benzema. Et Lyon est prêt à s’en débarrasser à moindre prix : il est bien le favori pour la succession.

6. Guillaume Hoarau

Maradona faisait avec les pieds ce que les autres font avec une main. Hoarau, c’est pareil, mais heureusement pour lui le foot se joue aussi avec la tête.

7. Yanis Tafer

Au centre de formation, il est déjà vu comme le nouveau Benzema. Il a d’ailleurs fait ses premiers pas avec les pros l’an dernier, à seulement 17 ans. Le jeunot a de la chance, il a un air de Benzema, qui à son âge avait un air de Zidane. Etrangement, Tafer n’a pourtant pas vraiment d’air de Zidane. Lyon a-t-il déjà voulu prêter Benzema à Strasbourg ?

8. Marouane Chamakh

C’est pas de sa faute, il voulait pas rester et puis Laurent Blanc l’a convaincu qu’être un aussi bon buteur que Cavenaghi ne suffit pas.

9. Yoann Gourcuff

Laurent Blanc a créé un deuxième monstre qui n’était même pas prévu pour ça, il n’a qu’à se démerder.

10. Mamadou Niang

Son ratio s’améliore année après année, il s’en rapproche, comme de la trentaine. Il est le favori, puisque lui ne joue pas à Toulouse. Mais Titi Camara le prendrait mal.

Pendant ce temps-là, Bafé Gomis se rappelle qu’il sait marquer des buts, pas Pedro Delgado ni son cousin lyonnais. Alain Perrin est vert.

Domenech Show, Saison 6, épisode 1 :
Le Raymond de minuit

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4 buts marqués, 3 buts encaissés en 2009. Aimé Jacquet faisait à peine mieux au début 1998. Au détail près que son équipe ne perdait pas. Mais le bilan est-il si important ? Apparemment, pour Papy Courage, ça le devient. Voici la sixième et dernière saison du Domenech Show.

C’est l’histoire de l’avant-centre du Real Madrid, du meilleur joueur d’Allemagne, du nouveau Zidane, de l’ailier du Barça, de l’ailier de Chelsea et du meilleur buteur du championnat d’Angleterre. Tous avaient été réunis dans une splendide équipe d’Europe pour affronter la plus faible équipe du monde. Pour ce match exhibition, il fallait du spectacle, qui dit spectacle dit audience, qui dit audience dit Domenech show. Raymond Domenech avait donc été chargé de faire son boulot. Créer du supense là où il n’y en a aucun, voire rendre la rencontre équilibrée, sans que personne ne bronche. Un sélectionneur débarqué en pleines qualifications, ça ferait désordre. Une idée bien étrange, fait remarquer Henri Michel. Et un sélectionneur débarqué après un Euro désastreux, interroge Jacques Santini ?

La nuit de l’Higuain

Comme toujours on peut faire confiance à Domenech, comme toujours le destin est à son service, Thierry Henry ne pourra pas jouer. La logique s’impose, c’est la star du TFC qui le remplacera à la pointe de l’attaque. Le choix n’est pas si con : vierge avec les bleus, il n’a même pas marqué lors de la première journée, alors que Sverkos, Remy et même Giuly se sont fait remarquer. Avec un peu de chance il n’en plantera pas plus d’un, se dit-il. Une fois de plus Raymond n’a pas tort, encore moins lorsqu’il fout Anelka à côté. Son dernier bon match à ce niveau c’était il y a moins de dix ans, son championnat n’a pas repris et contrairement à Benzema, il n’est pas devenu indiscutable durant l’intersaison. Le reste c’est du classique, le fameux millieu de terrain à double entrée pour bien museler les terribles ferugineux et bien sûr une nouvelle charnière, la quatrième en quatre matches, cette fois ce sera Gallas-Escudé. Un rêve éveillé. Une précision au passage, Gallas n’est pas le fils, le neveu ou un petit cousin du Gallas retraité, c’est bien celui du Chelsea 2001.

Gallas ça tiraille

Mais Domenech ne peut pas tout faire tout seul. Il peut brouiller les pistes en changeant joueurs et système de jeu à chaque rencontre, se faire détester par la plupart des sélectionnés, Govou n’était pas là, il peut rendre les meilleurs mauvais mais après il faut y mettre du sien. Toulalan a compris, en plus d’être nul tout le match, il va finir avec le plus grand nombre frappes, et non cadrées faut-il le préciser ?, se demande Robert Budzynski.

Anelka n’en fout pas une, Gignac paraît soudainement bien moins efficace, sans doute l’effet Benjaminsson. Grâce à l’accident de la 43ème, le nouveau Papin du pauvre a soigné ses stats et Domenech a fait la gueule. 1 but toutes les 4 sélections, ça peut faire deux buts en fin de carrière. Pour la première fois Danielsen s’est créé une occasion en match international, en face c’était pas si Malte quand même. Ribery est rentré, pas Benzema et pourtant Domenech s’inquiète. Il n’a pas forcément raison, que la France se qualifie ou non, il sera toujours là, car c’est l’homme de la situation, mais bizarrement, la touche de la 92ème a fait peur à tout le monde.

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Lloris : Sur ses dégagements, il n’a probablement pas compris que la consigne de jouer au sol s’appliquait seulement aux joueurs de champs. Sur ses contrôles, il n’a probablement pas compris que faire comme Bousmong pouvait finir par être dangereux.

Sagna : Ses perles feraient marrer Taribo West, ses centres aussi. A force d’entendre qu’il est le meilleur latéral d’Angleterre, on va finir par ne plus le croire.

Gallas : Logiquement capitaine et titulaire, vu qu’il est le dernier champion du monde sur la feuille de match. Il n’est pas champion du monde ?

Escudé : Comme son compère de la charnière centrale, il a préféré laisser partir l’attaquant des Féroé seul au but en première mi-temps. Dommage, Sagna et Evra avaient décidé de couvrir.

Evra : Féroé ou Brésil, il joue pareil : de l’intensité, des coups et des centres qui n’arrivent jamais.

Toulalan : Il n’avait aucune chance de faire la même chose que Diarra et allait forcément marquer avec sa grosse frappe. Ca s’est vu.

Diarra : Quitte à faire comme Toulalan, autant essayer Alou, ça peut marquer sur coup de pied arrêté.

Anelka : Le fils prodigue de Domenech. Il avait décidé de tout rater et s’y est tenu. Des frappes écrasées dont il a le secret. Le buteur du Real sur le banc s’est régalé à voir jouer le remplaçant de Drogba à Chelsea.

Gourcuff : Zidane ne marquait pas contre les petites équipes. Il était même souvent assez mauvais.

Malouda : Passeur décisif, il est celui qui a le mieux compris comment jouer : en écartant au maximum le jeu. Ne plus écouter Domenech ça sert, il ne sera pas titulaire longtemps. Il a même réussi deux centres, bon ratio.

Gignac : Le saboteur. Alors que la mi-temps approchait, il a fini par cadrer un tir. Jusque-là, il s’était appliqué à tout envoyer au-dessus ou sur le gardien. Le buteur du Real sur le banc s’est régalé à voir jouer le buteur de Toulouse.

Pendant ce temps-là, Bryan Kerr voit la France meilleure que la Serbie. Mais pourquoi n’entraîne-t-il que les Féroé ?

L’édito : Public Senna

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Alors que tous les aoûtiens rêveraient d’un week-end barbecue dans le Médoc, les sportifs français savent eux aussi se délecter des plaisirs simples de la vie.

Le dégonflage de boulard est une activité de saison. Alain Bernard et Fred Bousquet s’y sont essayés avec brio et ridicule, Leveaux de la farce s’appelait Amaury. Le Vestiaire ne s’en serait-il pas douté ? René Rambier a tort de se moquer, Cécile Nowak et Cathy Fleury, c’était à Barcelone. C’est aussi à Barcelone que l’on aime jouer au bandit manchot. Quitte à y foutre tout son pognon pour ne rien ramasser. C’est pas comme si Eto’o était encore en mai dernier le meilleur buteur du monde. Lyon, qui possédait le troisième larron, considère que compter les cartes c’est tricher. Autant payer beaucoup n’importe qui et solder le reste. Comme toujours, c’est le plus sage qui se retrouve cocu. Sa géniale petite frappe devait bien finir par créer des problèmes. Bordeaux est en train de le sentir passer. Si Gomis vaut 15 millions, Chamakh en vaut au moins le double, Triaud est conciliant. Arsenal s’en branle un peu, mais si ça peut foutre la merde, pourquoi pas ? Mais le petit veut partir de toute façon, car une équipe avec Henrique, ça ne peut pas être devenu une grande équipe. Bellion en finale de Champions League, c’est pas crédible ? Et Massa pilote de F1 ?

Collet serré

Le Brésilien n’a pas à se poser la question, il est sorti du coma et tout était comme avant : Schumacher conduit une Ferrari, lui n’a toujours pas son permis, mais quand il sera grand lui aussi conduira une Benneton. Il a même rêvé que son idole lui rendait visite. Attention quand même, Clinton n’est plus président. Et s’il ne se rappelle de rien, nous oui. Enfin, un message de santé publique à l’attention des jeunes nés entre 1991 et 1992 : il faut éviter le basket-ball si une carrière de haut-niveau vous intéresse. Déjà que même les bons ils le sont pas tant que ça.

Pendant ce temps-là, Loeb apprend à perdre, Bartoli à gagner. Et Domenech ?

L1, Globe crotteurs : Robins des sous-bois

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Ils volent aux riches pour terminer leur carrière chez les pauvres. Ils sont nos deux meilleurs Robin des bois du concours des globes trotters. Ex-aequo sur la ligne d’arrivée, ils ont longtemps été promis à l’équipe de France. Ils ont préféré rester des bleus. Les petits clubs aussi ont le droit d’attirer les vedettes.

1. La mort aux rats

Le jeune Daniel Moreira n’a que 19 ans lorsqu’il débute en Division 1, à Guingamp. Un but en 26 matches, l’alerte est donnée, mais personne ne la reçoit. Il n’est pas défenseur. Les antennes relais des Côtes-d’Armor y sont sûrement pour quelque chose, Fabrice Fiorèse en rit encore. Transféré à Lens, Moreira y alterne le pas très bon pendant trois saisons et le meilleur de sa carrière pendant une saison, nous sommes en 2001-2002. 12 buts en 31 matches, Hoarau en ferait des cauchemars, malheureusement, les promesses sont entachées d’une cruelle suspicion : El-Hadji Diouf a aussi marqué dix buts cette saison-là. Deux ans et 17 buts plus tard, il met ses deux premières sélections chez les Bleus avec Santini dans la balance. Lens cède et croit bon de ne pas le retenir. La bonne fortune sourit toujours aux audacieux, Toulouse tente de monter un grand club sur les ruines de pas grand-chose. A partir de là, Daniel mort errera. Deux ans dans le sud pour un montant de 21 buts TTC, ça rapporte une sélection avec Domenech. C’était évidemment contre Chypre. Rennes flaire le bon coup et ne le regrettera pas. 39 matches, 0 but, il se hisse au niveau des tous meilleurs en obtenant une proposition de Grenoble, promu en Ligue 1 par hasard. 4 buts en 31 matches, ça s’appelle de beaux restes.

2. Sans un Dalmatien

Du stade Gaston-Petit, les supporters de Châteauroux se souviennent de la saison 1996-1997. La Berrichonne, Tonton et Tata à Vicq-Exemplet, la Division 2, et un sentiment que le petit jeune a enfin trouvé un chez lui. C’était avant une irrésistible ascension : trois ans, trois présences en tête de gondole du France Football spécial transferts : voilà comment on devient lensois, marseillais et parisien. Il côtoie Peter Luccin, mais rien n’y fait, il sait qu’il est unique. L’Inter Milan le réclame. Au bout de trois saisons, il jurera qu’il tutoie Ronaldo, mais la sanction tombe : l’Inter l’envoie enfin à Tottenham en 2003/2004. Ni l’OM, ni Paris, ni l’Inter ne lui ont ouvert les portes des Bleus. Il entre dans l’histoire par la grande porte. Son secret ? « L’année dernière, Jacques Santini est venu me voir à Milan contre l’Ajax d’Amsterdam et Lyon en Ligue des Champions. Je n’ai pas été bon lors de ces deux matches. Après, je n’ai plus eu de nouvelles. » Il choisit logiquement Toulouse à l’été 2004. Un mois d’août de feu lui offre un nouveau départ, en l’occurrence, ce sera pour le Racing Santander dès le mois de juin 2005. 13 matches, 0 but, la sélection se rapproche. C’est pourquoi il réédite cette performance en 2006-2007 à Bordeaux. Orphelin d’Oruma, Sochaux se tourne vers lui et lui offre un challenge qu’il relève : être le premier club français à le retenir deux ans. Ce n’est qu’un début : il est lié avec le club doubiste jusqu’au 14 octobre.

La Légende : L’ablation des Abidal

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Le Vestiaire est entré aujourd’hui dans sa troisième année d’existence. Pour l’occasion, il fallait rendre hommage au joueur le plus emblématique du sport français actuel. Le jour où Lyon devait entrer dans l’Histoire du foot européen, il était là. Le jour du premier enterrement des Bleus de Domenech, il était encore là. Le jour où le plus grand Barça de l’Histoire a failli passer à la trappe, il était toujours là. Si la carrière d’Eric Abidal était un match, les « il s’est troué » de Jean-Michel Larqué ne dureraient qu’une heure et demie.

23’31

La plus rapide, et peut-être la mieux construite de toutes ses oeuvres, à un poste d’arrière central qu’il estime le sien, contrairement à l’ensemble de ses entraîneurs. Le chrono affichait déjà 3’42 » qu’Abidal lançait Luca Toni de la tête. L’Italien avait prouvé tout son goût pour le haut niveau à Munich, à moins que ce ne soit à la Fiorentina. Il confirme : seul face à Coupet, il se permet la gourmandise de tirer comme une merde à deux mètres du poteau, ce que tout bon avant-centre aurait fait à sa place. Mais, comme le dit le proverbe, si c’est dedans, c’est pareil, même si pour Maurice il faut nuancer. Alors, vingt minutes plus tard, la flèche Toni le prend de vitesse. Rapide, Abidal peut encore le rattraper pour l’empêcher de passer. Par la droite, par la gauche, les pieds d’Abidal choisissent les deux. Penalty, carton rouge, Boumsong rentre, l’Euro est fini. Colleter et Blondeau ont gardé la VHS.

66’

Ce n’est pas parce que Sagnol continue de donner des conseils en costard à la télé, à l’aise comme Marc Cecillon à une réunion de parents d’élèves, qu’il faut toujours l’écouter. Déjà pris dans son dos tout au long de la première mi-temps, Abidal s’accorde une pause pour admirer le jeu de tête de Drogba. Rattrapé par la réalité, dépassé par Anelka, il le colle, l’autre tombe tout seul, carton rouge. C’est cruel, mais le haut niveau c’est pas courir toujours derrière son attaquant. Heureusement, le miracle se produit pour le Barça : Seydou Keita est rapatrié sur le côté gauche de la défense. Chelsea finit par craquer quand Abidal est déjà douché. Déjà privé d’Alves pour la finale, Guardiola peut jubiler.

76’13

La plus récente, pas si éloignée de celle de Chelsea puisque seulement quatre jours plus tard. Surtout, la seule qui manquait à son palmarès : l’expulsion à la maison. Un match pour le titre, le plus grand stade d’Europe plein à ras bord fêtant déjà son équipe qui mène 3-1 à 15 minutes du titre. Quelle meilleure minute pour venir provoquer un penalty, doucher l’enthousiasme des supporters et relancer un adversaire qui finalement égalisera à la dernière seconde et obligera le Barça à fêter son titre à l’extérieur ? Abidal, lui, est rassuré : il s’évite la finale de la Coupe du Roi et verra très probablement le match du titre dans un bar du Barrio Chino. Qui pourrait le reconnaître ?

87’27

Chronologiquement, le premier drame de sa carrière, si l’on met de côté sa saison 2000-01 à Monaco. Il reste quelques secondes à jouer, Lyon tient sa première demi-finale de Ligue des Champions. Fred mis à part, on ne voit pas qui pourra empêcher la meilleure équipe d’Europe d’aller en finale. A cet instant, pourtant, personne ne comprend ce qui passe par la tête d’Abidal. En revanche, tout le monde voit bien que le ballon passe au-dessus de sa tête avant d’atterrir dans les pieds de Schevchenko, seul face à Coupet. Les analystes du monde entier sont formels : l’Ukrainien n’a donc pas pu sauter, Abidal était tout seul pour faire une tête. Farceuses, les caméras du monde entier ne manqueront pas de montrer qu’Inzaghi, dans son sprint de joie, croisera sa victime, les bras ballants. Comme si numéro 20 dans le foot, ça voulait encore dire pas titulaire.

Trois expulsions, une élimination, des moments clés où le talent compte, mais se voit moins que les conneries. Pour Domenech, une seule question : stoppeur ou latéral ?

L’actu du mardi 14 avril

La légende de Jimmy

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A ceux qui doutaient encore de ses capacités, Jimmy Casper a répondu de la meilleure des façons : « Camembert. »

Bolt face

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« En Jamaïque, quand tu es enfant, tu apprends à rouler un joint. Tout le monde a essayé la marijuana », avait déclaré Usain Bolt dans le quotidien allemand Bild, dimanche. « Je veux m’excuser auprès du peuple jamaïcain si j’ai pu donner l’impression que tous les jeunes gens se roulent des joints », a depuis précisé Monsieur Propre. Qu’en pensent Lama, Barthez et Phelps ?

Alonzo morning

C’était dimanche sur le plateau du Canal football club. Jerôme Alonzo, 36 ans à peine, déclarait n’avoir jamais rencontré Domenech en dehors d’un reportage pour son magazine. Manque de chance ou carrière pathétique ?

Mimo… let

C’était écrit, Chavanel pouvait remporter Paris-Roubaix. Il n’a curieusement pas pu suivre les meilleurs pour finir huitième. C’est comme une victoire ?

Wind of change

Plus fort encore que René Higuita : le scorpion unijambiste.

Et puisque nos lecteurs parisiens la réclament, la même en couleurs, mais sans le son :

Chardy : dur, dur d’être un bébé

C’était la grosse cote des parieurs, des journalistes et de Guy Forget. Jérémy Chardy a pris 2-6, 5-7 contre Juan Monaco.

Ses fans Berne

Lequipe.fr parle aujourd’hui « des résultats en berne depuis le début de la saison » de Roger Federer. Qui croire?

Doha – du 5 au 11 janvier – Dur – 250 Series
Tour Adversaire Score
Tour 1 bat Potito STARACE (ITA) 6-2 6-2
8èmes de finale bat Andreas SEPPI (ITA) 6-3 6-3
Quarts de finale bat Philipp KOHLSCHREIBER (ALL, 8) 6-2 7-6(6)
Demi-finales battu par Andy MURRAY (GBR, 3) 6-7(6) 6-2 6-2
Open d’Australie – du 19 janvier au 1 février – Dur – Gd Chelem
Tour Adversaire Score
Tour 1 bat Andreas SEPPI (ITA) 6-1 7-6(4) 7-5
Tour 2 bat Evgeny KOROLEV (RUS, Q) 6-2 6-3 6-1
Tour 3 bat Marat SAFIN (RUS, 26) 6-3 6-2 7-6(5)
8èmes de finale bat Tomas BERDYCH (RTC, 20) 4-6 6-7(4) 6-4 6-4 6-2
Quarts de finale bat Juan Martin DEL POTRO (ARG, 8) 6-3 6-0 6-0
Demi-finales bat Andy RODDICK (USA, 7) 6-2 7-5 7-5
Finale battu par Rafael NADAL (ESP, 1) 7-5 3-6 7-6(3) 3-6 6-2
Indian Wells – du 12 au 23 mars – Dur – Masters 1000
Tour Adversaire Score
Tour 2 bat Marc GICQUEL (FRA) 7-6(4) 6-4
Tour 3 bat Ivo KARLOVIC (CRO, 27) 7-6(4) 6-3
8èmes de finale bat Fernando GONZALEZ (CHL, 17) 6-3 5-7 6-2
Quarts de finale bat Fernando VERDASCO (ESP, 10) 6-3 7-6(5)
Demi-finales battu par Andy MURRAY (GBR, 4) 6-3 4-6 6-1
Miami – du 25 mars au 5 avril – Dur – Masters 1000
Tour Adversaire Score
Tour 2 bat Kevin KIM (USA, Q) 6-3 6-2
Tour 3 bat Nicolas KIEFER (ALL, 28) 6-4 6-1
8èmes de finale bat Taylor DENT (USA, Q) 6-3 6-2
Quarts de finale bat Andy RODDICK (USA, 5) 6-3 4-6 6-4
Demi-finales battu par Novak DJOKOVIC (SER, 3) 3-6 6-2 6-3

Source : Lequipe.fr

France-Lituanie : Peggy les bons tuyaux

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Le Vestaire bouscule aujourd’hui sa programmation après la démission de la dernière grande star de la téléréalité au lendemain du meilleur épisode de l’histoire du Domenech Show.

Vous avez posé vos questions sur equipe.vestiaire@yahoo.fr

Pourquoi la France a-t-elle donné une telle impression d’impuissance ?
Le Vestiaire n’a pas réponse à tout. Défense de merde, milieu inutile, attaque bidon sont des pistes, mais on ne peut être sûr de rien.

Défense de merde ?
Le mot est sans doute dur. Squillaci n’a fait que deux interventions minables sur trois possibles, Gallas a pris sa retraite anticipée, Sagna a des idées, mais pas le niveau, quant à Evra, on se demande encore pourquoi il n’est pas titulaire.

Milieu inutile ?
Malgré une pression lituanienne de chaque instant, les Diarra ont tenu bon. N’aurait-il pas fallu mettre deux ou trois récupérateurs de plus ? La question mérite d’être posée, mais nous ne sommes pas entraîneurs.

Les Diarra ?
Pas mieux.

Attaque bidon ?
Qu’Henry ne joue pas à son poste, d’accord, que Ribéry ne joue pas à son poste, d’accord, que Gourcuff justifie sa carrière milanaise, d’accord, mais que personne n’ait déposé de réserve sur la réalité du score, c’est scandaleux.

Domenech sort-il grandi de ce double succès ?
Evidemment, l’important c’est les trois points, on ne lui demande pas de construire une équipe, de sélectionner les meilleurs ou de ne pas faire pitié devant des équipes faibles.

Pour une fois, ses choix ne sont pas tous en cause, c’est déjà un début ?
Effectivement, Mandanda est une vraie trouvaille.

Son coaching ?
Laisser Luyindula se faire humilier est plutôt bien vu. Réorganiser correctement le jeu avant la 80e minute, c’est pas mal non plus. Faire des tests en plein match est toujours savoureux.

Le terrain et le public sont-ils exempts de tout reproche ?
Là encore, c’est très bien vu. La France, tout en livrant l’un de ses pires matches toutes époques confondues, est parvenue à limiter la casse.

Le nouveau Zidane était dans quelle équipe ?
Dans un match de niveau mondial, il y en avait forcément un dans les deux formations. Côté lituanien, on espérait beaucoup de Danny le vicieux, mais il n’a curieusement pas réussi un contrôle du match. Côté français, en l’absence de Gourcuff, on attendait beaucoup de Camel Meriem. Peut-être trop.

Comment la Lituanie a-t-elle pu un jour gagner un match ?
Comment Luyindula a-t-il pu signer un contrat pro ?

Domenech fait-il vraiment tout ce qu’il faut pour ne pas se qualifier ?
Lisez le prochain Domenech Show.

Benzema est-il une escroquerie ?

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Tony Montana y était parvenu, mais un caïd qui n’a ni la confiance de son sélectionneur, ni confiance en son club, peut-il devenir le parrain ?

Bernard Lacombe n’a pas son pareil pour apporter son soutien. Malgré un palmarès d’entraîneur qui inciterait quiconque à fermer sa gueule, Lacombe a demandé et obtenu de son président – à ses heures rédacteur en chef par intérim de L’Equipe – une lettre ouverte dans le quotidien de sport de référence. « Il faut qu’il pense à être plus collectif, plus généreux », complimente Nanard au sujet de sa perle. Celui qui malgré ses 255 buts n’a jamais fini meilleur buteur de Division 1 admirait aussi Benarfa à ses heures.

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13 buts en 29 matches en France (1 but toutes les 162 minutes), 5 en Coupe d’Europe et 2 avec les Bleus, mais surtout aucun but marqué lors des quatre dernières journées, Benzema connaîtrait sa première crise d’adulescent. Certes, comme tous les jeunes, il commet des erreurs. Même Hoarau, du haut de son but toutes les 180 minutes, le toise avec son survêtement Carrefour sur le dos.

On le comprend, le Havrais n’a pas le boulard. Après tout, Henry ne doit-il pas sa carrière à sa modestie ? Benz, de surcroit, manque d’éducation : il manque une passe à l’aller contre Barcelone, se faisant réprimander par l’irréprochable Cris. Puis s’énerve sur ses soi-disant buses de coéquipiers à 4-0 au retour. Il a tort, les mêmes avaient tenu le grand Bayern en echec à domicile (2-3). Puis Karim manque la balle du 4-3, celle qui aurait qualifié Lyon après le 1-1 de l’aller.

Le gong de sa fin carrière sonna quelques jours plus tard, avant-centre transparent contre Auxerre, il fut, ailier gauche inutile contre Sochaux il disparut. Sa performance poserait moins de problèmes si ses partenaires n’avaient pas autant brillé que lors de ces deux matches. Du coup, il n’est plus indiscutable et Frédéric Née rode. Une belle Ligue des Champions, aucun transfert à négocier au cours d’une fin de saison palpitante où son équipe peut même gagner, sans lui, un nouveau titre de champion de France : toutes les conditions sont réunies pour qu’il soit au top.

Trappes nigaud

Toujours est-il qu’aujourd’hui, c’est une évidence, l’équipe de France ne peut plus compter sur lui. Un buteur naturel se dégage, c’est Henry et il joue à gauche. Anelka est au top, Gignac marche sur l’eau, Hoarau est le successeur naturel après des années d’ équipe de France espoirs, Rémy est le nouveau nouveau Henry. Attention, en club, Piquionne revient fort.

Le seul atout de Benzema, c’est la confiance du sélectionneur. Domenech n’a jamais hésité à le lancer contre vents et marées. A l’Euro, après une très mauvaise saison (26 buts), l’avant-centre est titulaire en meneur de jeu contre la Roumanie. Prometteur. Domenech a de la suite dans les idées, il sera sur le banc contre les Pays-Bas et de retour contre l’Italie. Dans une équipe au sommet de sa forme, il a pris ses marques définitivement. Titulaire en Suède, en Autriche et contre la Serbie, où il sera suppléé par Anelka avec un petit sourire complice de son coach à la mi-temps, remplaçant contre la Roumanie, titulaire lors du choc contre la Tunisie en amical (il marque), il regoûte son rôle préféré de joker contre l’Uruguay, l’Argentine puis en Lituanie. Pour le poste d’ailier droit, Domenech hésite avec Luyindula, le très frais remplaçant du poste au PSG. La confiance aidant, Benzema rentrera en fin de match.

Et si Le Vestiaire s’était trompé ? Et si Benzema n’était pas le joueur français le plus précoce de l’Histoire du football ? Et s’il n’avait pas marqué plus de buts en championnats, sélection et Coupe d’Europe qu’Henry, Trezeguet, Papin et Savidan au même âge ou au même nombre de matches disputés ? Et si une fois de plus la presse faisait preuve d’une incompétence dont seule l’encadrement lyonnais et fédéral connaissent les limites ?

Pendant ce temps-là, Stéphane Dalmat a vu le match en se rappelant qu’un jour, il avait été espoir du football français. Il est allé s’expliquer avec les potes de Luccin, pour savoir lequel des deux a le mieux échoué.

L’Edito : Le mariage de mon meilleur Rami

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Les lecteurs du Vestiaire commencent à s’agacer. A quoi bon attendre les événements ? Nos spécialistes révèlent régulièrement tout à l’avance. Lyon n’avait donc pas le niveau, Paris n’avait donc pas le niveau, Michel Gomez n’avait donc pas le niveau, Domenech n’avait donc pas le niveau, Lièvremont n’avait donc pas le niveau, Forget et Gasquet n’avaient donc pas le niveau, Ronaldinho était donc fini. Et si tout était écrit ?

Chacun l’aura remarqué, il n’y a pas eu cette semaine d’épisode du Domenech Show. Et pour cause : en prenant Gignac et pas Hoarau, il a fait malgré ses perles habituelles, le premier choix censé depuis 5 ans et la fabrication de sa petite Victoire. Du coup, il est épargné jusqu’au chef-d’oeuvre lituanien. Mais pourquoi donc avoir voulu se passer de la nouvelle star parisienne, se demandent les mêmes qui voyaient le Barça éliminé ?

Parce qu’il est moyen ou parce qu’il n’est pas bon ? Trop tôt pour se prononcer, à l’inverse du PSG, mais ça, on vous l’avait déjà dit en août dernier. Depuis, Anelka s’est blessé et tout est rentré dans l’ordre : un Parisien qui n’a pas marqué ce week-end à la place d’un Parisien qui n’a pas marqué ce week-end.

Et ça continue encore et encore

Chacun l’aura remarqué, Benzema n’a pas joué dimanche.  Et pour cause, il réglait les dernières modalités de son départ. Chacun l’aura remarqué, il est temps de retrouver le tournoi des V Nations ou alors autant intégrer le Portugal, l’Espagne, le Géorgie et la Roumanie. Ce n’est pas Marc Lièvremont qui criera au scandale, quatre victoires de plus et il pourrait faire croire que le Mondial est à la portée de son équipe ou pire, qu’il est capable de gérer autre chose que des cadets.

Entraîneur est un métier, sélectionneur un supplice, que diable allait-il faire dans cette galère ? Faire moins bien que Laporte était difficile, mais finalement pas impossible, la preuve. Sinon, il y avait aussi Milan-San Remo. Ah bon. Et Ronaldinho fini ? Fini.

Pendant ce temps-là, Steven Gerrard et Thierry Henry n’ont toujours remporté aucun Ballon d’Or.

Marchons ensemble à Twickenham

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Ce n’était pas une demi-finale de Coupe du monde, mais ça y ressemblait. Ce n’était pas non plus un Australie-Portugal. C’était quoi, alors ?

De notre envoyé spécial permanent dans les faubourgs de Bristol

Faudra-t-il que Le Vestiaire réserve à Marc Lièvremont le même traitement qu’à Domenech et Forget pour que les instances dirigeables du rugby tricolore prennent enfin conscience de son manque de légitimité à la tête de l’équipe de France ? Ses deux haltères ego ont davantage de vécu, il n’y a pas de quoi en faire un Show, mais on a sûrement vu dimanche la pire sortie des Bleus depuis que les Six Nations se jouent à cinq et demi.

Le XV de France a pris la campagne publicitaire de Nike un peu trop au sérieux : à force de vouloir marcher sur Twickenham, il en a oublié qu’il était aussi parfois utile de courir un peu. A son manque d’engagement se sont en plus ajoutés les deux pieds gauches de Parra et des lacunes défensives plus vues depuis la petite finale argentine. Il n’y a bien que le niveau jeu de son équipe que Lièvremont a réussi à faire reculer.

Pour Wilkinson le Glas

Dans son hommage à William Gallas, Le Vestiaire avait évidemment refusé de céder à la facilité il y a deux semaines, après une victoire en trompe l’oeil contre la Nouvelle Zélande d’Europe. La France, dans son chaudron de Saint-Denis, venait alors d’humilier de cinq points la meilleure équipe du monde. Son Tournoi était fini. A quoi bon aller risquer une blessure en Angleterre alors que les phases finales du Top14 approchent ?

Le trio fédéral parachuté à Marcoussis a su trouver les mots pour motiver ses troupes. Il aurait peut-être pu y ajouter quelques abstractions : dignité, envie, combativité. Placage et replacement n’auraient pas non plus été de trop sur la fiche de Chabal : il a plaqué en première mi-temps trois fois moins d’Anglaises que Cipriani au lycée.

La pluie et le pied de Wilkinson n’y sont cette fois pour rien. Le fond de jeu français est si bien en place qu’on en craindrait presque les rouflaquettes de Griffen. Espérons seulement que le résultat en Italie, quel qui soit, n’influence pas la seule issue logique de ce Tournoi : l’éviction de Lièvremont.

Pendant ce temps-là, le premier qualifié de la zone Asie tremble déjà. Il ouvrira sa Coupe du monde contre la France de Fabien Galthié, le 10 septembre 2011.

Saison 5, Episode 6 : Fanni paye à boire

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Le Domenech show fait enfin son retour. En télévision, à l’instar d’A prendre ou à laisser, c’est la rareté qui suscite l’envie. Marc Lièvrement a bien tenté de faire autant de conneries, mais il capte moins la lumière et, surtout, il ne possède pas cet air inutilement arrogant qui sied si bien à l’ancien moustachu.

Il nous avait donc abandonné à la fin du cinquième épisode sur un résultat prometteur. Un 0-0 d’envergure face au redoutable Uruguay. Francescoli ne jouerait plus. Mais même en vacances, notre héros ne chôme pas, avec son mentor de 83 ans son aîné, prenant le temps d’enregistrer un clip voulu amusant. Il l’est. Pour Domenech, c’est une bonne occasion de faire croire au vieux qu’il s’investit dans la course à la qualif. Pour le vieux, une bonne occasion de parler Anglais, comme à la Belle époque. Sarah Bernhardt, où te caches-tu ?

Son vrai retour se déroula comme il se doit, en access, en direct sur Canal+, loin des critiques molles du féroce Guy Carlier. Raymond est allé à la baston. A chaque question son foutage de gueule habituel. Préparé comme jamais, son Mathoux de sparring partner en aurait pourtant rendu cocu Jean-Charles Sabatier. Qui a dit une fois de plus ? En deux réponses, il va plier le match.

Prendre à Fanni ce qui est à César

Apercevant Rod Fanni dans un résumé, Hervé le perfide ne manque pas de rappeler au sélectionneur que le médiocre Rennais a déjà foutu les pieds à Clairefontaine. Domenech a l’habitude de ce genre de vannes et même s’il ne connaît pas vraiment ce joueur, c’est un type qui a bien pu se retrouver un jour sur une de ses listes sans qu’aucun journaliste ne moufte. Et comme s’il avait senti que comme chaque semaine Rod serait ridicule le week-end suivant, même face au Havre, il ne s’en laisse pas compter : « Non, c’est Fanni lui-même qui s’est sélectionné, par son niveau de jeu. »

Fanni ardent

Quand il pense niveau de jeu, le maître de cérémonie de la chaîne cryptée, et de nombreuses autres soirées sans doute moins avouables, pense à Gignac. A priori, il a raison. Meilleur buteur du championnat, d’une régularité impressionnante, serait-il candidat naturel à l’équipe de France ? Domenech se fâche. « Et pourquoi pas Hoarau, tant qu’on y est ? », pense-t-il, mais il préfère s’abstenir, on pourrait le prendre au sérieux. « La Ligue 1, c’est pas la Ligue des Champions », se contente-t-il d’ajouter. D’ailleurs, Jimmy Briand joue à Rennes.

Sa plus belle réponse, Domenech attendra sa liste argentine pour l’offrir. Entre Frey, Janot, Landreau et Richert, il prend Carasso. Et en bon Lyonnais, il aime Saint-Etienne. Après avoir ruiné la carrière de Gomis, il prend Dabo, quasiment qautre matchs disputés cette saison, dans un club qui a des points d’avance sur Angers. Et bien-sûr, il rappelle Boumsong. Le chef-d’oeuvre peut continuer.

Les stigmates de l’Escalettes show

Une déprogrammation de fortune a permis à Canal+ d’acquérir les droits d’un épisode inédit du Domenech show, tourné pour la première fois en extérieur, sans l’acteur principal.

Platini avait choisi ce soir de poser ses caméras à Gerland pour ce spin off sur les coulisses de la célèbre real-tv de la FFF. Le dernier épisode avait permis de constater l’écrasante domination du onze de Domenech sur une des plus belles formations latines. Sur le terrain, Ribéry, Benzema et Henry, résultat logique : 0-0. Ces trois joueurs étaient là à l’Euro, encore là contre la Roumanie. A l’arrivée, aucune victoire et seulement trois buts marqués. Logique. Que Ribéry soit inefficace en bleu, c’est logique, il porte juste le Bayern sur ses épaules, marque, fait marquer et brille à tous les matches, quel que soit le niveau.

Que Henry ne soit pas trop productif avec les tricolores, c’est là encore logique. Il est juste titulaire dans la meilleure équipe du monde. D’accord, il marque lui aussi en ne jouant pas dans l’axe. Mais doit-on s’arrêter à ce genre de détail ? Que Benzema ne soit pas au niveau en sélection, devinez quoi, c’est logique. La planète football ne cesse de le clamer, il n’a pas encore le niveau international. En effet, le haut niveau, c’est pas son truc. Il est juste meilleur buteur en Ligue des Champions, Lyon n’existe pas sans lui et ses buts et son efficacité ne rappellent pas, mais alors pas du tout Ronaldo. Le constat est sévère, Domenech n’a rien à voir là dedans, sa reconduction ne souffre d’aucune bêtise. D’ailleurs, quelle était la couleur du maillot d’Anelka pour sa seule mauvaise prestation de la saison ? Le hasard est parfois facétieux.

A ce rythme, même le plus gâteux des papys gâteaux va finir par le voir.

Domenech show, Saison 5, épisode 5 : Céleste et bobards

Après 2002, l’Uruguay est décidément la bête noire de l’équipe de France, un peu comme la Roumanie, l’Autriche, les Pays-Bas, l’Italie, le Paraguay ou l’Espagne. Mais après tout, les Boliviens avaient été aussi rudoyés par cette même Celeste (2-2).

Même L’Equipe s’en est aperçu, il n’aura fallu qu’un seul match. Mieux, il n’aura fallu que 45 minutes pour que le monde entier comprenne, hypocrites inclus, que l’équipe de France est au moins aussi forte qu’à l’Euro. Constat assez étonnant après un remaniement de staff aussi important. « Mais bon sang, qu’est-ce qui cloche ? », se demande « Maître Courage » Escalettes. Hier soir, il n’y avait pourtant pas que onze nuls, il y en avait vingt-deux, mais l’équipe de France, transfigurée depuis deux matches, n’a pas réussi à développer son jeu, comme depuis deux ans. C’est quand même bête.

C’est Escalettes qui va être content. Son choix est payant. Le match d’hier ressemble à s’y méprendre aux 42 derniers de l’équipe de France. Anelka, Henry, Ribery, Benzema ou Gourcuff. Est-ce si faible que cela ? Quoiqu’il en soit, Domenech est maintenant assuré de conserver sa place jusqu’à l’élimination de la Coupe du Monde 2010. Ce n’est pas maintenant qu’il va réussir à faire ce qu’il n’a jamais su faire. En plus, Maître Courage avait vu juste au lendemain de France-Tunisie : la naissance d’une vraie équipe. Hier, c’est zéro but marqué, comme contre l’Italie ou la Roumanie. Les temps changent.

Les papinazes de Savidan

« Savidan, c’est notre nouveau JPP », lance Larqué entre deux coups de lèche de Christian. Savidan vient alors de tenter sa 32e reprise de volée. Cette fois, elle est passé à 20 mètres, ça va bien finir par rentrer. Ainsi, Papin avait 30 ans lorsqu’il a débuté en Bleu. Et il était aussi connu pour tenter des gestes ridicules sans en planter un. L’histoire se réécrit sans cesse.

Domenech n’avait pas attendu la première minute tricolore de Stèèèève pour le flinguer : « Pour Savidan, c’est ce soir… Ou jamais ». L’ancien adversaire de Ribery en National, comme inscrit sur les fiches de Christian, a compris le message : il va essayer de marquer sur chaque action. Son contrat pour le Domenech Show passe par là. Gomis en avait mis 2, comme la Ligue où il évolue désormais. Prometteur.

Défense de gagner

Les latéraux se sont mis derrière au niveau des centraux. Fanni, c’est normal : il n’a que 26 ans, jouer avec les adultes, c’était pas prévu. Pour Evra, ça va bientôt s’appeler une habitude. Et Anelka va se faire appeler David. C’est ça de réussir toutes ses occasions en club, les prestations en équipe de France se remarquent. Lancé coté gauche, il repique dans l’axe pour se remettre sur son pied droit, mais au moment de frapper, c’est la chute.

Christian, conquis : « Anelka ! A côté… C’est pas idiot, c’est vraiment pas idiot. » Astorga, en pleine émulation, a dû frapper fort. Entre trois questions condescendantes, il jette son pavé à la gueule de Vieira. Comme tout le monde, excepté Escalettes, il a bien compris que la qualification serait un chemin de croix qui conduirait à l’enterrement de la génération Benzema-Ribery. Alors, il refuse pour la première fois d’obtempérer aux consignes de sa production. Hannezo n’a pas fait le déplacement, David joue cartes sur tables : « Patrick, vous allez vous qualifier pour la Coupe du monde 2010 ? » La réponse ne serait donc pas si évidente que cela. Qu’en pense Maître Courage ?

Escalettes se souvient de l’histoire de ce club qui descendit de division avec le même effectif et le même entraîneur. Le fameux électrochoc ne vint jamais. Il y avait des joueurs, mais pas d’équipe. Il ne trouva jamais le coupable. De toutes façons, il s’en foutait, JPP était de retour.

Saison 5, épisode 4 : « Nous, on a aimé »

Qui l’eût cru ? Le troisième épisode du Domenech show a coûté sa place à l’ancien quotidien de référence du sport. Depuis, la presse a créé pire.

Le Vestiaire avait annoncé la couleur. Une équipe de France à la hauteur repose sur un numéro 10 et quand il s’appelle Platini ou Zidane, c’est encore mieux. Le succès des Feux de l’Amour a été basé sur les mariages et les manipulations de Victor Newman et de sa moustache. Celui du Domenech show repose sur les exploits de Raymond sans sa moustache. Les ingrédients sont les mêmes, plus les héros sont méchants, plus l’audience frémit. Comment Platini et Jacquet pouvaient-ils confier les Bleus à Houiller et son charisme de vendeur de chichis ?

Souvenez-vous, Domenech est en grand danger avant la Roumanie. La presse se déchaîne, sans raison évidente. Le bilan du sélectionneur ressemble à celui d’Henri Michel. Pas sa fin. Escalettes, en pleine découverte des valeurs de la témérité, prend des vacances, alors que tout le monde le croyait à la retraite depuis 15 ans. Mais Domenech n’est jamais meilleur que dans l’adversité. Contre les Libanais, il aligne son équipe habituelle, celle qui a gagné l’Euro 2008 sans Thuram.

Un 10 impensable

Dans l’équipe type, il ajoute aussi le fils d’un copain entraîneur, qui n’a jamais rien prouvé, ça se fait dans toutes les entreprises. Une humiliation de plus, ça embellit un bilan. Les 45 premières minutes renforcent encore Domenech à son poste. Il n’y a plus aucun doute sur l’issue de la future réunion du comité des fêtes. Mais 45 minutes plus tard, on s’est rendu compte que Zidane était revenu à Bordeaux. Gernot Rohr était dans le jardin en train de couper sa ciboulette pour cette délicieuse salade de tomates du dîner. Il est 21h55, ça en dit long sur sa lucidité. Domenech doit revoir ses plans. Le retour de l’homme Zidoine lui ouvre une fenêtre. Ca l’ennuie un peu : il n’y croyait plus et avait déjà prévu une sortie de secours à la mesure de l’homme de théâtre qu’il est : siffler lui-même l’hymne tunisien avec un masque de fantôme sur le visage. Il n’aura pas à le faire.

Escalettes show

Il s’appelle Jean-Pierre Escalettes. Sa notoriété, sa naissance au début du XXe siècle et son expérience du haut-niveau ont fait de lui un petit homme courageux. Convoqué par Sarkozy, après France-Tunisie, pour ses excès de bravoure au moment des hymnes, il se déclare écoeuré. Il le sera beaucoup moins quand Platini trouvera que l’idée d’évacuer un stade est stupide. Après tout, Platini a peut-être raison, comment savoir ? Peut-être dormait-il à l’instant fatidique, on approchait les 21 heures. Sa témérité se signale toujours dans les moments les plus durs. Alors qu’il envisage de virer définitivement Domenech, ce dernier est réélu triomphalement, non sans que Papy soit allé se cacher loin des caméras. Il a bien raison Maître Courage, président de Fédé, c’est tout sauf un boulot médiatique.

En plus, il n’est pas gâteux du tout. Alors que la France est quatrième de son groupe avec 4 points et sort d’un match nul face à la Birmanie, il déclare avoir vu la construction d’une véritable équipe, avant de prendre à témoin Gérard Houiller, un autre grand entraîneur. Ce n’est pas la moindre de ses qualités, car Maître Courage s’exprime plutôt bien pour un communiquant. Dénonçant avec justesse la communication de Domenech, il utilise la très charmante parabole du vinaigre sur une plaie. Alain Rey (photo) et ses amis linguistes devraient publier une étude du cas dans les prochains mois.

Escalettes chaud

Maître Courage est aussi un homme de conviction, fidèle à ses valeurs et à sa parole. En un mot, il est intègre. Après l’Euro et les palabres de son sélectionneur, il maintient Domenech en lui demandant 5 points et des déclarations sobres. Raymond a 4 points et parle d’odeur du sang et de guillotine, il est toujours là. Et si Maître Courage était bien à sa place ? En progrès, il s’entiche du cumul des mandats. Non content d’avoir ramené Kostadinov dans les couloirs de la DTN, il se permet un Euro 2008 remarquable, fait tourner son équipe Espoirs comme à l’époque de Domenech. En sus, il compte se représenter. Comment s’écrit retraite ? Si la valeur n’atteint pas le nombre des années, alors il est plus vieux qu’on ne le croit. En fin politicien, il sait calculer. Il voulait virer Domenech pour être reconduit, finalement il a changé d’avis dans un accès de patriotisme. Quant à la grève des joueurs, Maître Courage ne voulait pas en parler, fier comme Artaban, il a glissé que finalement ça ne lui disait pas trop. Le courage des opinions. Son plus bel héritage restera donc pour toujours le maintien du Domenech show.

Le rotor de Raymond

Notre héros shakespearien est donc renforcé, comme au bon vieux temps, il a les mains libres, les téléspectateurs ne vont pas le regretter. Pour sa première sélection post triomphe, ce soir, Raymond a décidé de la jouer sobre. Les attaquants tricolores cartonnent un peu partout en Europe, il n’a que l’embarras du choix : Nasri, Anelka, Benzema, Henry. Il peut aussi piocher Ben Arfa, et même Saha, même s’il ne joue plus à Metz depuis bien longtemps. La liste est sans doute trop courte. Ce n’est pas la première fois qu’il détecte un évident manque de réservoir en attaque. C’était déjà le cas en mai, il avait comblé le vide avec Gomis.

Cette fois, ses adjoints ont fait le boulot, ils lui proposent Pouget, Chapuis et même Marc Libbra, qu’ils ont aperçu un samedi aprem dans le Onze d’Europe, en plateau, pas sur le terrain, mais pour eux c’est pareil, ils ont bien raison. Domenech prend Briand. Mais la liste est encore trop courte, Le 10 sport le réclame à corps et cri, il faut essayer Hoarau. Domenech a lu quelque part qu’un jour Jacquet essaya Ouedec et comme tout le monde il ne lit pas les nouveaux torchons. Il prend Savidan. Si ce dernier avait eu l’âge d’Hoarau, lequel aurait-il pris ? Pagis ne pourra jamais en être sûr.

Boumsong-Lassana-Savidan : la colonne verte en branle

Au milieu, Vieira et Makélélé sont toujours les meilleurs, même s’ils ne jouent plus depuis deux ans. Domenech, qui est chanceux comme un cocu, et ça n’a rien à voir avec l’arrivée de Giuly à Paris, dispose en plus de Toulalan d’un sosie du Pat : Alou Diarra. Dès la coupe du Monde 2006, il avait vu la ressemblance. A l’époque, il n’était pourtant qu’une sentinelle violente du Lens pas champion de France. Aujourd’hui, il est incontournable, son retour en bleu se fait donc difficilement. Logique. C’est Lassana qui est titulaire dans les pattes de Toulalan. En vrai Praud, David Astorga a compris la subtilité : pas de question.

Enfin, coté défense, la provocation a assez duré. Domenech a gardé son poste en alignant Boumsong. Escalettes est humilié, les blagues les meilleures sont les plus courtes. Boumsong est ce qui fait de pire en Ligue 1, Raymond le sait, les abonnés de Canal aussi. Ces derniers ont eu tellement de piqûres de rappel qu’ils en sont devenus toxicos. Mais finalement, il le rappelle, en renfort. Les lois du destin sont parfois cruelles, celles du foutage de gueule impénétrables.

Anelka est redevenu le grand buteur qu’il aurait toujours dû être, comme Le Vestiaire l’y destinait. Domenech hésite encore : autour d’Henry, qui mettre : Savidan, Benzema ou Briand ?