En 2011 comme en 1999, l’équipe de France était presque aussi mauvaise que la génération actuelle. Mais l’histoire a fini un tout petit peu mieux et le doit beaucoup à la dernière prestation correcte d’un numéro 10 bleu.
C’est le 31 octobre que la Coupe du monde 1999 a vraiment commencé pour l’équipe de France.
Ce jour-là le futur ex quinze le plus nul de tous les temps a rendez-vous avec l’histoire. Skrela-Villepreux explosés par Lomu, tout un peuple attend ça depuis la cuillère de bois du dernier Tournoi où les Bleus avaient tout de même écrasé l’Irlande 10-9. Mais une autre Irlande, sans O’Driscoll. La promesse est belle, le staff a mis les joueurs pour : Garbajosa, Bernat-Salles, et Dourthe derrière, Lièvremont, Juillet, Pelous, Tournaire, Ibanez et Soulette devant. Ce n’est pas une blague. Aux manettes, Galthié encore simple bouche-trou columérin et Lamaison en 10, Aucagne était sur répondeur. Sinon il y aussi de vrais joueurs comme N’Tamack, Dominici, Magne et Benazzi, suffisant pour prendre 70 points, du jamais-vu en demi-finale. Sauf qu’au commentaire c’est Christian Jeanpierre.
Bénit Benazzi
A la 20ème minute, une chevauchée de Dominici trouble Christian : « Il va marquer » hurle-t-il alors que le Parisien mange la pelouse par les oreilles à 5m de la ligne. Quelques secondes plus tard, Dourthe a l’idée d’extraire un ballon ovale d’une mêlée ouverte, sans même filer un coup de couteau à Bernat-Salles, Cecillon aurait opté pour le fusil. Christian apprécie la passe de Galthié, alors à 15m de l’action. Tout ça finira par un essai de Lamaison, qui en mettra même un autre durant le reste de sa carrière en bleu. La France tient, mais la confiance demeure même si Soulette fait le premier geste intelligent de toute sa vie et éteint Kronfeld de ses petits doigts boudinés. Cecillon ne fait décidément pas école. A la 47ème minute, il y a 24-13 car entre-temps Lomu a préparé sa dialyse par deux essais. A la 47ème minute, Dan Carter et Jonny Wilkinson, encore puceaux devant leur télé, découvrent un vieux « C’est pas sorcier » sur le poste de demi d’ouverture.
Lamaison hanté
Jamy est un poil plus séduisant et s’appelle Christophe. Comme Jamy, Lamaison n’est pas très adroit de ses pieds, un peu gauche de ses mains, en somme un Michalak du 20ème siècle. Mais il découvre soudain qu’il peut se servir de ses chaussures pour faire autre chose que taper des pénalités. ChriChri va alors faire un truc étrange qu’il reproduira encore cinq fois avant sa retraite: passer un drop entre les barres, et même deux. Découvrir le rugby à 28 ans, Carbonneau s’en était privé. Un miracle n’arrivant jamais seul, Galthié prend une initiative en tapant par dessus la mêlée. Une charnière complémentaire qui dirige le jeu, on aura tout vu, on ne le reverra jamais en France. La balle attérit sur Dominici qui fait ce qu’il sait faire: « C’est un génie » ponctue Christian. Un futur prix Nobel de vitesse, sans doute. Puis, Lamaison a encore une idée, toujours avec ses pieds, il sert Dourthe dans l’en-but. 3 lexomils plus tard, Richard applatit et montre le numéro sur son maillot à tout le monde, le regard vide. L’avantage de ne pas savoir lire c’est qu’on ne peut pas deviner que son nom n’est pas écrit dessus. La suite c’est un placage à retardement de Lamaison non sanctionné suivi d’un ballon au sol lâché par Umaga, frappé par Lamaison. A ce niveau d’inspiration, il aurait même pu décrocher son CAP, voire une mention. La suite c’est Magne qui cavale et Bernat-Salles qui justifie enfin l’existence de la Section paloise et un peu la sienne mais pas celle de Christian : « Le bout-de-choux qui pèse 30 kilos de moins que son adversaire direct Jonah Lomu« . Sauf que là c’est Jeff Wilson.
2 drops, 2 passes au pied, 4 transformations, 1 essai, 3 pénalités, un peu trop pour un seul homme. Titou stoppera sa carrière le lendemain. Les hommes de Lièvremont aimeraient en faire autant. Patience.