FFF, Conseil fédéral : Ancêtre ou ne pas être

C’était Papy Courage.

Né le 29 mai 1835 ,ou 1935, à Béziers, on ne sait plus vraiment, Jean-Pierre Escalettes n’a qu’une trentaine d’années de moins que Lazare Ponticelli quand il commence à jouer au foot, au Bordeaux Etudiants club, peu après la guerre. Le football n’est pas un métier, mais une passion, voilà tout ce qui compte. C’est en substance ce que se diront les électeurs du district de Dordogne, de la Ligue Aquitaine mais aussi ceux du Conseil fédéral au moment de l’élire président de la FFF en 2005, à 70 ans à peine.

On dit aussi que la valeur n’atteint pas le nombre des années. Aux âmes bien nées, évidemment, mais Papy ne connaît pas Corneille, même s’il l’a presque cotoyé, il est prof d’anglais. Football amateur, football scolaire, football féminin, équipe de France, quelle que soit la langue, ça se joue toujours à onze contre onze. Autant tout gérer de la même manière.

L’oraison du plus fort

Raymond Domenech déjà en place, Papy n’a qu’à régler les affaires courante, et à  un certain âge, on connaît la courante. Lors de sa première année à la présidence du comité des fêtes de la FFF, tout se passe merveilleusement bien : à peine plus jeunes que lui, ses congénères Thuram et Barthez s’occupent de tout, le public vient à la parade. C’est deux ans plus tard que tout se gâte, y compris lui. Le comité des fêtes implose, mais Papy reste digne. De toute façon, depuis le passage à l’Euro il s’y perd souvent.

Soutenu par ses proches, Papy prend la courageuse décision de ne rien changer. La famille, c’est sacré. Mais, floué par le responsable animation et le directeur technique du comité, c’est affaibli qu’il vit ses derniers jours. Devant sa faiblesse, tous, proches et moins proches ont vivement souhaité que l’agonie ne dure pas. Même s’il laisse derrière lui souffrance et misère, il est probablement mieux là où il est. Une chose est sûre, même si Papy a déjà tout oublié, on ne l’oubliera jamais.

Les aventures du grand requin Blanc :
Le bleu coule dans Cévennes (1/2 et 2/2)

blanco

Timide, modeste, maladroit parfois, c’est un nouveau sélectionneur touchant que vient de découvrir la France. Portrait d’un Cévenol presque authentique, tout simplement.

Pour succéder au Domenech Show, la production n’a pas hésité longtemps. Pas question d’arrêter la seule émission de téléréalité sportive, pour autant le renouvellement était indispensable. Il fallait donc un homme avec au moins autant de qualités, mais davantage de défauts, car le public avait fini par se lasser d’un personnage pas assez fouillé. Trop redondant, Raymond était finalement devenu trop prévisible. Le peuple doit s’agacer, mais, jamais, il ne doit détester.
Le seul homme à correspondre au portrait ne pouvait donc être que Laurent Blanc. Son parcours, sa saison, sa communication ont fait de lui un être protéiforme, mais suffisamment sympathique dans l’imaginaire collectif pour que l’on ait l’impression que tout a changé. Il y a pourtant certains principes immuables auxquels il ne faudra jamais déroger. Voici les secrets d’un programme qui va cartonner:

Un palmarès d’entraîneur. Il faut d’abord avoir fait ses preuves, mais pas trop. Ainsi, Domenech avait un titre en D2, Blanc en a un en Ligue 1.

Une image. Ray aimait se faire affubler du doux surnom de boucher sur le terrain. Lolo est au contraire le roi du fair-play, incapable du moindre geste déplacé, déplacée comme aurait pu l’être une mâchoire croate un soir de 1998.

Un caractère apaisant et réfléchi. Laurent Blanc, c’est le calme incarné, la lucidité habitée. Un homme toujours capable de prendre la bonne décision au bon moment. Pragmatique, il a su arrêter les Bleus à temps en l’an 2000. Jamais il n’aurait été ridiculisé par Crespo un soir de 1999. Lucide et désintéressé, il l’a été suffisamment pour faire le choix de l’ambition, lorsque Naples a requis ses services. Maradona, la coke et les titres étaient bien sûr partis, mais pas le tiroir-caisse.

Le don de soi. Des choix, il a toujours su en faire, sans pour autant ne penser qu’à sa gueule. Car avec lui, la hiérarchie ne sera jamais réduite au rôle de pantin désarticulé. Le stoppeur international n’était pas du genre à dézoner en pleine prolongation de huitième de finale de Coupe du monde. Aucune chance, donc, d’être débordé par son ego, quitte à rejoindre Manchester United à 36 ans. Une saison à Barcelone, ça ne fait jamais assez sur un CV.

Le talent. Blanc, numéro 5 dans le dos, n’avait aucune chance non plus d’être débordé par Kostadinov un soir de 1993. De toute façon il était surtout réputé pour défendre sans tacler, les deux mètres de retard, ça ne pouvait pas être lui, il jouait à Saint-Etienne quand même. Mais ce n’est pas grave, Blanc était reconnu pour ses qualités de buteur. La défense, ça attendra 1996 et son premier vrai club. Il n’a que 31 ans. Sa carrière commence.

La communication. Le dernier élément qui a fait pencher la décision, c’est sa maîtrise de la psychologie, facilitée par son humanité. Quand il indique la direction de la porte à Micoud, il n’y a qu’une seule issue. Quand il prépare mentalement son équipe, elle perd rarement six places de championnat, une Coupe de la Ligue et une Ligue des champions en trois mois. Et si jamais ça devait arriver, tout ne serait pas forcément de la faute des joueurs.

Coupe du monde (2/2) : Le Khediraton

Si la Coupe du monde a pu être le feu d’artifice de la saison, c’est en partie grâce aux joueurs qui ont tous évolué à leur niveau, à part Capello peut-être.

maitre

Casillas a fait beaucoup de conneries et quand Robben s’est présenté face à lui, il a trouvé le moyen de dévier du tibia. J.-P. a alors loué sa grande chance. Barthez aussi avait un sacré bol dans les grands matches.

Défense de défendre

Evra. Il y a quelques années, Loïc Guillon avait été désigné capitaine du FC Nantes, peu de temps avant de retrouver Delhommeau à Vannes.

Puyol-Piqué. Il y avait mieux peut-être ? C’est pas une raison.

Demichelis. Indispensable pour déséquilibrer une défense, il a même fini par obliger Higuain à défendre sur Schweinsteiger. Un meneur d’hommes, sûrement le catogan, même Van Buyten et Van Gaal s’y sont laissé prendre.

Maicon, Lucio, Juan. Felipe Melo leur doit de l’argent, mais finalement, pas tant que ça. Et puis Luis Fabiano, Robinho et Kaka aussi.

Au milieu de nulle part

Van Bommel. Impeccable jusqu’en finale, puis son agression sur Iniesta s’est vue. C’était bien tenté quand même.

Schweinsteiger. A 25 ans, il n’est pas contre devenir la nouvelle star, mais si Müller pouvait être là tout le temps, ça l’arrangerait.

Gourcuff. Le seul à sortir intact du Domenech Show, aussi bon en sélection qu’il l’a été en club. Inutile donc.

Xavi. Sans lui, le football ressemble à rien. Avec lui, parfois aussi hélas. Allez, grand joueur quand même.

Iniesta. Le Barça 2009 n’a pas été oublié grâce à lui, l’Espagne 2010 pareil. Intouchable.

Sneijder. Les grands joueurs se révèlent en finale. Il n’en a joué que deux cette saison. Une de trop.

Messi. Être le meilleur joueur du monde en club ne transforme pas en grand joueur. Etre le meilleur joueur de l’équipe d’Argentine ne transforme pas en Maradona. Fidèle à son niveau. Insuffisant.

Kaka. Peut-on être considéré comme un grand joueur quand on a fait que deux saisons de haut niveau et jamais rien foutu en équipe nationale ? Ronaldinho dit oui, Cristiano Ronaldo dit non.

Müller. Transforme des joueurs moyens en machine à gagner. Ça rappelle quelqu’un, mais qui ?

Brêles and buteurs

Forlan. Il a fait une grosse Coupe du monde. C’est-à-dire qu’il a marqué. Au début, ça suffisait, puis ça n’a plus suffi.

Suarez. Une vilaine rumeur l’a sali en pleine Coupe du monde : il jouerait dans le championnat hollandais. Personne n’a pu confirmer, même à la rédaction d’Eurogoals. La seule certitude est que pour un buteur, Suarez est un gardien de but pas trop mauvais.

Robben. Les grands joueurs se révèlent en finale. Il n’en a joué que deux cette saison. Pas assez.

Van Persie. L’un des rares à avoir confirmé en sélection sa saison de club. Il même été au-dessus de son vrai niveau. Inexistant.

Higuain. Utile en Liga, contre Zurich et la Corée du Sud, c’est déjà beaucoup plus que Van Persie, mais est-ce que ça sert vraiment à quelque chose ?

Tevez. Un passage de United à City devait bien trouver son explication.

Klose. Ok, mais qu’est qu’il fout dans cet article ?

David Villa : On savait qu’à 28 ans personne ne lui avait encore fait confiance. On ne connaissait pas sa capacité à peser sur les grands matches. Le Camp Nou prie désormais pour qu’Iniesta ne soit pas tout le temps blessé.

Cristiano Ronaldo. Ça vaut quoi en fait Cristiano Ronaldo ? Pas grand-chose ? Ça doit être ça.

Hors compétition

Ghana. En défense, c’était trop ghanéen, en attaque, c’était trop rennais. C’était pas bon, mais c’est ce qui se fait de mieux en Afrique. Mais c’était pas bon.

Paraguay. Cardozo joue au Benfica, il n’y rate pas que des penalties et dispute souvent une compétition comparable à la Coupe du monde, l’Europa League.

Wenger. Arsène rupin a confirmé qu’il était bien aussi bon recruteur qu’entraîneur, même s’il s’est évertué à convaincre du contraire. Quand Van Persie ne fout rien, c’est parce que personne ne lui donne de bons ballons. Quand Van Persie réussit une passe, c’est un joueur de grande classe.

Le Guen. Dès que Juninho, Diarra et Essien ne sont plus sur le terrain, le métier se complique et les journalistes deviennent très très méchants. Il ne fait pas de pronostics, donc Paul le poulpe ce n’est pas lui.

Lippi. Quand la Juve  joue avec Milan, ça fait peur. En 2006, pour certaines raisons, en 2010 pour d’autres. D’ailleurs, Cannavaro est venu remettre le trophée aux Espagnols avec le sourire, mais croyez-le ou non il n’est pas encore retraité.

Capello. Une deuxième chance à l’Euro ?

Dunga. Pas besoin d’une deuxième chance, Felipe Melo c’est Felipe Melo.

Gerrard, Lampard, Rooney. Gascoigne, Platt, Shearer.

Benzema. Benzema.

Christian J.-P. Répéter que Jesus Navas a de beaux yeux de loup ne fait pas forcément de vous un surdoué. Répéter que ça vous fait plaisir pour Iniesta ne fait pas de vous un lèche-cul. Et appeler Mathijsen Mike Tyson tout le match ne fait pas de vous un incompétent.

Pays-Bas-Espagne (1/2) : La mort Roja

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Quand Sneijder et Robben affrontent Xavi et Iniesta, il ne manque plus que Toulalan pour être en demi-finale de Ligue des Champions. Mais ça ne veut rien dire.

Messi aurait pu être décisif et faire gagner seul l’Argentine. Higuain aurait pu marquer quand ça comptait vraiment. Cristiano Ronaldo aurait pu briller ailleurs que devant Lloris. Curieusement, rien ne s’est passé ainsi. A croire que Le Vestiaire avait décidé en octobre du reste de la saison, à travers son fameux nivellement par le bas, consacré dès les quarts de finale de C1.

Désormais, le foot n’est plus dominé, les meilleures individualités ne sont plus assez fortes pour porter à elles seules leurs équipes. Les collectifs composés de joueurs moyens peuvent rivaliser avec les autres. En clair, tout le monde a le même niveau, sauf Higuain bien sûr. Sur ce principe, l’Inter pourrait très bien être champion d’Europe, le Bayern et Lyon en demi et Ibrahimovic, Higuain et Demichelis avoir le droit de pourrir la saison de Messi.

Forlan ou pas rapide ?

Tous sauf un : Thomas Müller. La nouvelle star allemande n’a eu besoin que d’une année pour faire du Bayern la troisième équipe mondiale, clubs et nations réunis, à égalité avec le Penarol Montevideo. Enlevez-lui Demichelis et même Mourinho ne se balade plus. Messi a confirmé lui aussi qu’il n’était qu’un demi-Maradona, un message qu’il avait déjà cherché à transmettre à toute la Catalogne. Que Sneijder et Robben, qui ne se sont même pas imposés au Real, soient avec le buteur de Valence les vedettes de la Coupe du monde n’inquiètera personne.

Que l’Espagne 2010 remporte le titre, en jouant encore moins bien qu’en 2006, ne sera que justice puisque Villa a remplacé Ibra le temps d’une Coupe du monde, voire un peu plus. Après avoir échoué en C1, Barcelone est donc devenu champion du monde juste parce que la défense brésilienne et l’attaque hollandaise n’ont pas le droit de porter le même maillot. Et si l’un a finalement pris le dessus sur l’autre en quarts de finale, ce n’est que pour rendre hommage à Cannavaro, Gallas et tous les autres, même Puyol, catastrophique hier soir, mais soutenu par Robben, comme il le fut par Kroos en demi et Cardozo en quart. Et Xavi se fit une nouvelle fois piquer son Ballon d’or par Iniesta, qui ne l’aura pas.

Forlan n’aura finalement été que le meilleur joueur du haut de tableau. C’est déjà pas mal, même si  Iker Casillas a embrassé une autre voie.

Espagne-Allemagne : Müller au vaincu

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L’Espagne va donc enfin devenir championne du monde. Est-ce seulement à cause d’une bande de puceaux d’outre-Rhin ?

Qu’avait-il pu passer par la tête du Vestiaire pour dire que Müller était le joueur clé de cette équipe ? Car notre spécialiste était en réalité bien en-dessous de la vérité. L’Allemagne, c’est Müller. Et l’Allemagne sans Müller, c’est la France sans Zidane. Il n’y a plus rien, dix joueurs de champs transformés en poteaux, incapables de créer quoi que ce soit et Schweinsteiger pour faire joli. Mais n’est pas Otamendi, Higuain, Demichelis et l’autre axial qui veut.

Surtout quand Klose explique en 90 minutes pourquoi la plupart de ses buts en Coupe du monde ont été inscrits au cours de premiers tours, Angleterre et Argentine inclus. Surtout quand Ozil confirme que son pucelage aura du mal à partir. Surtout quand Trochowski continue de jouer à Hambourg, même si Karlsruhe mériterait légitimement de l’avoir dans son effectif. Et même si Kroos a raté la balle de match, ce qui aurait pu tomber sur un autre mais non, c’est sur lui. Mario Gomez ne serait donc pas le remplaçant du remplaçant de l’avant-centre du Bayern pour rien. Pour info, le remplaçant s’appelle Klose.

Ozil d’aliénés

Hélas, l’histoire ne dit pas si Khedira a touché un ballon hier soir, et personne n’ira vérifier. Sans Müller, Low ne pouvait rien tirer d’autre de son équipe. Il avait même compris qu’une finale ne passerait que par une prière : que sa défense fasse correctement son boulot. Elle l’a exaucé, sauf sur un corner anecdotique à la 72e minute. Et pourtant, Boateng et Jansen ont eu du mal et pourtant c’était Pedro en face.

Thierry Henry comprend soudainement ce qui a pu lui prendre la place, l’humiliation ne s’arrêtera donc jamais. On ne pourra par contre rien reprocher à Podolski, qui était bien là, mais pas Müller pour lui donner le ballon. Et pour ceux qui auraient pas compris le rôle de Müller, demandez-vous pourquoi le pressing espagnol récupérait tous les ballons, pourquoi l’Allemagne a pratiqué un vilain kick and rush et pourquoi les contre-attaques n’ont même pas pu mettre à l’épreuve l’horrible défense espagnole.

En Espagne, il y a Iniesta et  Xavi derrière, Puyol, Piqué et Ramos devant. Et oui. Et si Villa a presque 29 ans, ce n’est pas un hasard. Et non.

Escalettes show : Papy fait de la résilience

C’était le Truman chauve.

tribun

24 avril 2006. La retraite de Zidane et l’émotion d’un homme

« Je suis un peu triste. Ce n’est pas un scoop. »

18 juin 2006. Un début de Coupe du monde entre courage et confiance

« Je ne veux pas lui mettre de pression avec un objectif. »

« Ce contrat précise que si on fait un bon parcours, on discutera de l’avenir. Il faudra alors juger quel est un bon parcours. C’est évidemment subjectif. J’ai une petite idée, mais c’est au conseil fédéral de trancher. Un bon parcours, c’est d’abord qu’on joue mieux qu’actuellement et qu’on franchisse au moins le premier tour. »

9 juillet 2006. La vérité du terrain

Finale de la Coupe du monde, France-Italie : 1-1.

10 juillet 2006. L’expertise d’un spécialiste

« Zidane est un homme triste ce soir. »

14 juin 2008. Après France-Pays-Bas (1-4), Thierry Henry rassure

« Il reste une grosse possibilité de se qualifier. »

« Le but est toujours de se qualifier et de gagner l’Euro, pour l’instant, oui. »

« C’est toujours dur de retenir le positif dans un match où tu perds 4-1, mais on a évolué contre une équipe en réussite, et on n’a pas mal joué. Il ne faut pas baisser la tête, revenir à chaque fois et frapper à la porte. C’est ce qu’on a fait hier. Je rate mon lob devant Van der Sar, point barre. Ça ne m’a pas empêché de marquer ensuite. C’est comme ça. Il faut réagir. »

16 juin 2008. Le courage et la confiance d’un homme

Jean-Pierre Escalettes assure qu’il soutiendra le sélectionneur « jusqu’au bout » et souhaite son « maintien jusqu’en 2010 ». Mais, « c’est la vérité d’aujourd’hui ». « Bien sûr, il est plus facile de faire ce débriefing après une campagne victorieuse… Mais en ce qui me concerne, je soutiendrai Domenech jusqu’au bout, nous sommes un tandem. Je ne suis pas un homme déloyal, je ne dirai pas « Raymond, démission. » « Je suis pour son maintien jusqu’en 2010. Mais c’est la vérité d’aujourd’hui, d’autres paramètres peuvent entrer en considération. »

17 juin 2008. La vérité du terrain peut-être

Premier tour de l’Euro : France-Roumanie 0-0, France-Pays-Bas 1-4, France-Italie 0-2.

3 juillet 2008. Le courage d’un homme

« Le maintien de Domenech, c’est un maintien sous conditions, un point sera notamment fait après les trois premiers matchs de qualification pour la Coupe du monde 2010.

Raymond a admis avoir commis un certain nombre d’erreurs, maintenant il va pouvoir les corriger, y porter remède. Si on était allé chercher quelqu’un d’autre, il y aurait eu une phase d’adaptation. Les manques ? En premier lieu, il y a la communication du sélectionneur. Elle a été, par moment, désastreuse. Elle était trop personnalisée. Il y avait de l’agressivité, un manque de transparence… cette communication a été comme du vinaigre que l’on met sur une plaie. Il faut que ça change. D’ailleurs, Raymond a demandé à s’appuyer sur les services généraux afin de se faire idée. J’aurais également un rôle à jouer là-dedans. Maintenant, il n’a qu’une mission : se concentrer sur le terrain. Gommer les aspérités de quelqu’un de son âge, ce n’est pas évident. C’est un pari. On va tout faire pour l’aider avec sa volonté. On va faire une campagne extrêmement agressive au niveau des médias pour réconcilier l’équipe de France avec son public. Ça doit être le fer de lance d’une nouvelle équipe de France. Je vais d’ailleurs intervenir auprès des joueurs lors de notre prochaine rencontre. On va les mettre devant leurs responsabilités. Il faut qu’ils sachent ce qu’ils représentent, ce qu’ils doivent à leur public. »

4 juillet 2008 La presse avait dû mal comprendre

Libération : «Domenech sauve sa tête sous condition de résultats» «Si les Bleus de Domenech ne ramassent pas un minimum de cinq points lors de ces trois échéances-là Domenech est viré».

Le Figaro: Jean-Pierre Escalettes, est «très conscient de jouer une partie à hauts risques : si Domenech n’avait pas les résultats escomptés, il serait poussé dehors et le président avec lui, alors qu’il aimerait entamer un second mandat en fin d’année».

Le Parisien-Aujourd’hui en France : «Domenech repart à zéro» . La fédération a confirmé le sélectionneur «sans conviction».

La Gazetta dello sport : maintien «miraculeux» et euro «désastreux» .En Italie Roberto Donadoni a été viré malgré une qualification en quart de finale.

7 juillet 2008, la confiance d’une Fédération

«Le public est déçu par l’élimination précoce de l’équipe de France. En plus, l’affiche de rentrée (Autriche-France, le 6 septembre) est peu attractive.»
«L’équipe de France s’éloigne de son public, peut-on lire dans l’appel d’offres. Elle n’exprime pas suffisamment de valeurs humaines et relationnelles, dissuadant ses supporters de lui accorder un soutien inconditionnel
«Suite à la prise de pouvoir de l’argent et dans un contexte malsain (racisme, violence, tricherie), l’équipe de France occupe une place à part. Elle véhicule l’image de la France qui gagne et suscite le respect de ses adversaires

11 octobre 2008. La vérité du terrain

Autriche-France 3-1, France-Serbie 2-1, Roumanie-France 2-2

11 octobre 2008. le courage d’un homme.

«On verra… Je reste fidèle à ce que j’ai toujours dit à savoir qu’on fera le point après les trois premiers matches.
«Il y a eu une deuxième mi-temps rassurante, contre la Serbie et la Roumanie. Un jour, il faudra être bien pendant deux mi-temps, tacle Jean-Pierre Escalettes, qui n’est pas aussi prêt à s’exposer que l’été dernier pour soutenir son sélectionneur. Les conseils fédéraux sont toujours des conseils où les gens s’expriment. J’ai dit qu’on ferait le point au bout de trois matches, pour savoir si on a hypothéqué nos chances ou pas». Manifestement, avec deux points de retard sur deux leaders, ce n’est pas le cas. «On verra ce que nous diront nos amis».

15 octobre 2008. Les fantasmes d’un homme

Le conseil fédéral de la FFF a maintenu Raymond Domenech dans ses fonctions de sélectionneur de l’équipe de France, mercredi, a indiqué son président Jean-Pierre Escalettes au siège de l’institution. «Il n’y aura pas d’arrêt sur images…», dit Escalettes. « Raymond Domenech a gommé certains aspects difficiles de sa communication, avec humilité et réalisme» «parcours correct, avec deux matches à l’extérieur, sans plus», «Mais nous n’avons pas hypothéqué nos chances». «On aurait pu s’en tenir à ça, mais deux choses ont fait pencher la balance de façon beaucoup plus forte : c’est ce qui s’est passé sur le terrain»
« Ils veulent aller en 2010 avec leur coach »
« Je pense à la deuxième mi-temps contre la Serbie, et au miracle de Constanta, avec 67% de possession de balle, des occasions, un football généreux tourné vers l’avant. Il s’est passé quelque chose» «Gérard Houllier disait :  »c’est dans l’adversité que naissent les grandes équipes ». Nous l’avons connue, cette adversité. Il y a eu une campagne de presse comme je ne l’ai jamais vu, des blessures successives jusqu’à la dernière minute, avec notre capitaine Patrick Vieira, un début de match catastrophique. Mais il y a eu un coach qui a su dire ce qu’il avait à dire. Il y a eu une révolte technique aussi. Ceux qui vivent dans cette équipe vous le disent : c’est la vérité, il y a adhésion des joueurs. Ils veulent aller en 2010 avec leur coach». Changer de sélectionneur à un tel moment «serait criminel, maintenant que la machine est lancée».

28 mars 2009. Le fatalisme d’un homme

« Raymond Domenech reste le mal-aimé ? Oui, ça ne change pas. Je me demande si ça changera un jour. Bon, Raymond, c’est comme ça. C’est une figure controversée. Il le restera jusqu’au bout. Peut-être même que, d’un certain côté, il ne déteste pas ça. Je n’en sais rien. »

11 novembre 2009. Les certitudes d’un homme

« On va se qualifier. Ce n’est pas un optimisme béat, mais l’expression d’une énorme volonté. Une élimination n’aurait pas de conséquences économiques pour la Fédération mais serait un échec, difficile à digérer sportivement et mauvais pour l’image du football français. Pour Domenech, c’est comme pour les joueurs : on prend les matches comme ils arrivent et après on avisera. Le Conseil fédéral se prononcera. Ce que je peux vous assurer, c’est qu’on n’a pas abordé le problème. »

18 novembre 2009. L’expertise d’un homme

« Il y a eu des années très difficiles, de galère par moment, et puis il y a eu ce suspense final, presque insoutenable et puis ce but de la délivrance. Je crois que sur la qualité de l’équipe, on mérite d’aller là-bas mais je comprendrais que les Irlandais soient frustrés ce soir. Parce qu’il faut être sportif et reconnaître que l’on a été un peu tétanisé par l’enjeu. L’équipe de France n’a pas développé son jeu comme elle aurait dû et comme je pense qu’elle aurait pu le faire (…). Nous n’avons pas eu beaucoup de chance au cours de la phase de qualifications, et là ce soir on fait quelque chose de beau pour le football français (…). Mais chaque fois que nous entrons par la petite porte, chaque fois que l’accouchement est difficile, que ce soit en 2000 ou en 2006, on prouve que l’on peut aller plus loin. »

18 novembre 2009. Les leçons d’un juriste

Les fautes d’arbitrage font partie du jeu. Le match disputé par l’équipe de France « était un mauvais match et les Irlandais, sur cette rencontre, sur ces 120 minutes, avaient certainement plus de qualités que nous. Ils auraient pu, et ils pensent qu’ils auraient dû, aller en Afrique du Sud. Mais ça ne se juge pas comme ça. Un jour, ça penche d’un côté, l’autre jour, de l’autre côté. Il faut l’admettre, c’est la loi du sport. » « On ne peut pas tricher » mais « dans tous les sports collectifs, (…) on a un peu tendance parfois à essayer d’être un peu en marge des lois, et l’arbitre est là pour remettre les gens à leur place. C’est le sport. »

19 novembre 2009. La compétence d’un homme

« Mon sentiment, il est mitigé. Premièrement je retiens l’essentiel, la qualification. De 1996 à 2010, la France n’a manqué aucun rendez-vous, bravo messieurs, joueurs et staff, qui ont permis cette pérennité. Le deuxième point que partage tout le monde, c’est que le parcours a été très, très laborieux. Avec un final qui a été décevant, parce qu’on a eu l’impression que nos joueurs ont eu un bon résultat à Dublin qui, paradoxalement, a semblé les avoir traumatisés, pétrifiés. On ne peut pas dire qu’on ait mal joué, on peut dire qu’on n’a pas joué. »

19 novembre 2009. L’expérience d’un grand joueur

« Le fait qu’on ait tout à perdre nous a bloqués. On dit que nos jeunes joueurs sont inexpérimentés, c’est vrai. Très peu ont connu une Coupe du monde. Et d’autres y vont pour la dernière fois. Il faut tirer l’enseignement des réussites et des échecs : tous ces joueurs ont touché du doigt ce qu’était une Coupe du monde, ça marque une carrière. Ils ont découvert cette peur qui vient de l’enjeu. On n’a pas positivé. Il restait 60 minutes pour marquer un but après celui des Irlandais. Mais on ne s’est pas dit ça, on s’est dit « merde, on ne va pas en mettre » et quand on se dit ça, on n’en marque pas. Mais l’équipe sera, je suis sûr, beaucoup plus performante. Heureusement, sinon c’est la porte ouverte à tous les déboires. »

19 novembre 2009. L’expérience d’un cuisinier

« Qu’on arrête d’en faire un plat ! C’est une faute d’arbitrage favorable. Est-ce la première ? La dernière ? Certainement pas. Quand Shay Given accroche le pied d’Anelka, l’arbitre dit « pas penalty ». Quand Lloris fait moins que ça à Belgrade, il est expulsé et il y a penalty. Il n’y a pas de vidéo. Une fois ça vous aide, une fois ça ne vous aide pas. »

19 novembre 2009. Les menaces d’un homme

« Il faut n’avoir jamais joué au foot pour ne pas savoir que ces choses arrivent : on s’attend au coup de sifflet et il n’arrive pas. Dire tricherie, tricheur… Que les gens regardent dans le monde, des tricheries je pourrais en trouver d’autres… Ce que je retiens, c’est une qualification heureuse, chanceuse, mais pas de triche. C’est une erreur d’arbitrage favorable, d’autres n’ont pas été favorables et on n’en pleure pas. »

19 novembre 2009. La confiance d’un homme

« Que les choses soient claires : Raymond Domenech, et on nous l’a reproché, a été reconduit dans ses fonctions pour nous qualifier au Mondial-2010. Je ne vois pas comment, au point de vue moral, lui dire « tu es un gentil petit garçon, tu dois laisser la place à un autre ». Et j’imagine mal Arsène abandonner Arsenal… Raymond a un combat jusqu’en 2010, je respecte mes contrats, même si ce n’est pas facile avec la pression autour. »

19 novembre 2009. La lucidité d’un homme

« Que les choses soient bien claires, un Patrick Vieira guéri, jouant régulièrement dans un club, pas forcément dans son club actuel (Inter Milan), et arrivant à un excellent degré de forme, est important pour l’équipe de France. Il est important par son expérience, sa qualité, son aura et c’est un meneur, pas au sens aboyeur, mais c’est un exemple. Dès qu’on voit cette tour de contrôle, attaquant tous les ballons, avec lui l’équipe est entraînée. Il ne peut prendre la place de personne : il faut qu’il joue, qu’il joue, qu’il joue, qu’il redevienne le Patrick Vieira qui meurt d’envie d’aller à la Coupe du monde. C’est un morceau de volonté, je le connais. »

19 novembre 2009. L’expérience d’un gynécologue-obstétricien

« L’accouchement a été très très difficile, la délivrance d’autant plus appréciée. On a tout connu, quelques hauts, beaucoup de bas, des moments difficiles, des matches laborieux, des fautes d’arbitrage dans un sens et dans l’autre. Mais on a fait contre fortune bon coeur, et le 18 novembre, tard le soir, la lumière verte s’est allumée, tant mieux pour le football français. »

19 novembre 2009. La lucidité d’un homme

« On n’ira pas la peur au ventre car si hier soir on avait tout à perdre, là-bas, on aura tout à gagner. »

19 novembre 2009. La cohérence d’un homme

« On a eu deux années galères. On était tétanisés et on n’a pas su développer notre jeu. Je comprends que les Irlandais soient frustrés. Il faut oublier ce soir et s’en servir pour l’avenir. »

19 novembre 2009. L’expérience d’un prof

« Il faut savoir prendre ce match avec philosophie. Le football se joue sur des petits détails. La qualification est toujours belle, et je ressens une grande joie. »

19 novembre 2009. Les calculs d’un stratège

« Rappelons aussi que nous n’avons pas eu la chance avec nous pendant les qualifications. Aujourd’hui, on va à la Coupe du monde. C’est beau pour tout le football français. Beaucoup de joueurs méritent d’y aller. Et puis, on a déjà prouvé que lorsqu’on se qualifie par la petite porte, on peut aller très loin en phase finale. » La suite on la connaît.

L’Edito : Low actually

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Les lois du sport sont impénétrables. Quid des veines des cyclistes ?

Le Vestiaire aurait pu plaisanter sur le palmarès de Thomas Voeckler, nouveau champion de France, sa 22e victoire déjà en neuf ans de carrière, dont le tour du Poitou et une étape sur la Grande Boucle. Mais nous aurions alors occulté les cent autres qu’il aurait mérité si Hein Verbruggen et Jean-Marie Leblanc avaient accepté de les valider.

Le Vestiaire aurait aussi pu se gausser du retour en 11″39 de Christine Arron. Mais nous aurions alors occulté qu’elle est toujours la plus grande sprinteuse de l’histoire, mais qu’elle ne le sera jamais vraiment et pas qu’à cause de Piasenta, Ontanon ou Caristan.

Le Vestiaire aurait aussi pu faire une analyse de la branlée de Buenos Aires, en expliquant pourquoi Marc Lièvremont n’est pas l’homme de la situation. Mais nous serions alors obligé de rappeler une fois de plus que Jo Maso non plus, mais que tout le monde s’en fout.

Le Vestiaire aurait pu raconter le Grand Prix de Formule 1, mais nous serions alors obligé de négliger les yeux bouleversés de Franck Lampard, qui comprend que son but ne sera jamais validé. Le Vestiaire aurait même pu se moquer du but d’Higuain, des défenses catastrophiques qui peuplaient ces huitièmes de finale ou analyser le niveau des uns et des autres. Mais nous aurions alors dû faire semblant qu’il y ait eu des matches aujourd’hui et que leur résultat ait eu un sens.

Il n’y a rien à dire. On a autorisé Laurent Brochard à devenir champion du monde à San Sebastian malgré un joli taux d’hématocrite, on vient d’ autoriser onze joueurs et onze joueurs à rentrer chez eux sans être certains d’avoir vraiment été éliminés de la Coupe du monde.

Allemagne-Angleterre : Ozil was born

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Le meilleur joueur allemand s’appelle Lahm, son adversaire l’Angleterre et sa star Capello. Ça veut dire quoi ?

Pour la première fois de son histoire, l’Allemagne se présente en huitièmes de finale d’une Coupe du monde sans Beckenbauer, Rummenigge, Brehme, Voller, Matthaus, Klinsmann, Kahn et Ballack. Un gros risque pris par le sélectionneur allemand, dont le nom échappe à tout le monde, mais ça ne durera pas. Car le risque est calculé puisque les cadres ont tous été remplacés par Schweinsteiger.

Si on ajoute la nouvelle perle de l’entrejeu, dénommée Ozil, capable d’au moins une bonne performance tous les deux matches quand l’adversaire s’appelle l’Australie et le Ghana, la Mannschaft a de sacrés arguments. Les mauvaises langues seraient tentées d’insister sur la performance serbe de la deuxième journée. Elles auraient tort, la Serbie ne s’est inclinée que contre l’Australie et le Ghana, les deux grosses équipes du groupe. En plus, l’Allemagne jouait à dix depuis près de trente secondes quand elle a encaissé le but, puis elle a raté un penalty et plein d’occasions. L’apanage des grands joueurs, sans aucun doute, Podolski profite d’ailleurs de l’occasion pour remercier à nouveau le Bayern de lui avoir permis de retourner à Cologne. C’est aussi la Serbie qui a tenu en échec les hommes de Domenech en 2009. Pas n’importe qui, donc, pas de nivellement par le bas.

Belle et c’est Bastian

L’Allemagne, ses brutes et son jeu chiant mais efficace ne disparaîtront donc jamais, même si on les remplace par des petits gabarits qui jouent à une touche de balle. Car l’Allemagne 2010, c’est aussi un joli mélange de joueurs chevronnés et de clubs qui le sont à peine moins. Ozil, Khedira, Friedrich, Schalke 04, Werder Breme, Stuttgart, Cologne, pour un peu Klose serait presque titulaire en club.

Le seul point faible de cette équipe, qui compte tout de même son Brésilien naturalisé, et Neuer, qui ferait presque oublier Kahn et Lehmann, serait donc son ossature munichoise. Le Bayern peut-il réapprendre la défaite à l’Angleterre après lui avoir apprise en club, voire être champion du monde ? Tout dépend si Robben et Ribéry sont rétablis, et si Muller et Badstuber ont brillé contre Lyon et l’Inter. Quoiqu’il arrive, tout sera cette fois jouable puisqu’il n’y aura pas Mourinho en face, juste Fabio Capello et David James.

Henry, Evra, Abidal : Le grand déballonage

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On n’en avait rien à foutre d’entendre Evra et Abidal, on a quand même écouté Henry. L’humiliation continue maintenant.

Le Vestiaire vous avait conté après France-Chine ce que ferait Henry de sa dernière compétition de haut niveau : un gros bordel. Nous n’avions, en revanche, pas prévu qu’il continuerait de se ridiculiser à son retour. Il ne manquait plus que des larmes, mais il n’en aura pas car il s’en tape, mais n’allez pas croire que tout ça n’est que pour se poser en victime. Le plus grand attaquant de l’histoire du football français a donc livré ses quatre vérités hier soir. Des vérités vertigineuses. 

« Je me suis senti écarté. » Le scoop est retentissant. Qui aurait cru qu’après son lynchage de France-Irlande, sa grosse saison barcelonaise, l’amour de Domenech pour ses cadres, la grosse demi-heure disputée sur six matches et le don de son brassard à un gamin surdoué, qu’ Henry n’était plus l’indiscuté capitaine de la sélection ? Mais la plus grosse surprise est sa lecture sociétale des problème de l’équipe de France.

« Monsieur Tigana me faisait ramasser les ballons. Aujourd’hui, c’est fini. » Henry ne supporte donc pas que Ribéry ne lui ait jamais ciré les pompes. Qui l’eut cru, Henry a le boulard et il y a une fracture entre les jeunes et le vieux. Une analyse avant-gardiste difficilement décelable il y a deux ans, quand le déjà exemplaire Evra et son pote Vieira se foutaient sur la gueule à l’Euro 2008. Autant écarter Benzema.

« La fierté d’un homme en prend un coup. » Qui l’eut cru, Henry n’a quasiment parlé que de lui durant une demi-heure d’interview diffusée, il ne voulait que rajouter une participation en Coupe du monde à son palmarès et sa carrière est finie depuis mai 2009. Lizarazu, Desailly et Thuram sont rassurés, leur humiliation n’en est restée qu’au terrain. C’est pas si grave, Canal lui a signé hier son premier contrat.

Afrique du Sud-France : C’était le Domenech Show (1/2)

Le Vestiaire republie aujourd’hui le premier épisode de la véritable histoire de Domenech à la tête du football français. Celle où les incohérences prennent tout leur sens, où le foutage de gueule est professionnalisé.

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Comment ne rien gagner et faire n’importe quoi peut permettre d’accéder aux plus hautes fonctions.
Voici l’histoire d’un homme livré à lui-même, seul contre tous : le premier héros de téléréalité sportive.

L’histoire commence en 1993. Domenech est repéré lors d’un casting sauvage des plus classiques par Jean Fournet-Fayard. Le président de la FFF n’en est pas à son premier coup d’excellence, c’est lui qui a mis Houiller à la tête des A. Il repartira avec au lendemain de France-Bulgarie. Ce qu’il aime chez Raymond, c’est sa moustache et la principale ligne de son CV : fraîchement viré manu militari par son premier vrai patron, Jean-Michel Aulas. C’est un premier signe très favorable. Pas encore assez médiatique, il hérite logiquement de l’équipe de France Espoirs et sa faible exposition (le câble ou Canal+ en crypté) pour se faire les pieds. Il y restera 11 ans. Le bilan des Bleuets est flatteur : deux titres en dix ans (vainqueur du tournoi de Casablanca 1999 et du festival espoirs de Toulon en 1997), avant la gloire de 2004 et son second Toulon. Un marche-pied vers le stade supérieur : ses échecs multiples sont un gage probant, il a même flingué plusieurs générations (Henry lors du Italie-France 1999). Il est prêt pour le prime time.

La vraie vie de Raymond

Lors de son entretien d’embauche, Domenech oublie son CV à la maison et passe pour l’homme idéal auprès de Simonet, pour le candidat de la DTN face à Tigana et Blanc. Sa première conférence de presse est son premier foutage de gueule surmédiatisé. Le premier d’une longue série, le public aime, les journalistes aussi. « Quelles sont les grandes lignes de votre projet ? » « C’est simple : il faut gagner des matches. » A partir de là, c’est l’escalade. Avec l’équipe de France A, il trouve enfin un jouet à sa mesure. Il veut tout tenter pour ridiculiser le football français le plus longtemps possible. La production lui donne carte blanche, il ne va pas se faire prier. Landreau le comprendra un peu tard, il n’existe pas de relation filiale à la télé. Tout ça c’est du cinéma. On fait clairement comprendre à Domenech l’étendue du challenge : « Les résultats, on s’en fout, seule compte l’audience. »

Il commence fort. Interdire les walkman et imposer les protège-tibias à l’entraînement, même une équipe de DH insulte l’entraîneur au bout de deux jours. Il impose une intransigeance dont il se moque éperdument. Il discute avec les joueurs un par un sans écouter leurs avis. Mais ça lui donne un côté humain pas dégueulasse. Il convoque même Luyindula. Mais Raymond veut plus. Il veut se faire tous les cadres. Thuram et surtout Zidane sont retraités. L’occasion de liquider la génération Jacquet est trop belle. Le talent et la persévérance agissent : ils cèdent aux sirènes du génie rapidement. Il fait croire à Zidane qu’une deuxième étoile ferait joli sur sa robe de chambre. En réalité, la Coupe du monde 2006 doit être leur fiasco final, il va tout mettre en oeuvre pour y parvenir.

L’audience, pas encore la correctionnelle

Il commence donc à se priver de certains indiscutables : Pires et Giuly, notamment, sous couvert d’une banale histoire de rancune. Personne ne relève, les joueurs concernés sont inaudibles, les deux premiers devenant même des récurrents de l’antenne de RMC, il y a même un club Pires sur Europe 1. Il réinstalle les papys dans leur fauteuil, regonfle leur égo et les emmène vers la Coupe du monde. « Rendez-vous le 9 juillet. » Sa pointe d’arrogance l’avait beaucoup amusé, elle passera finalement pour de la compétence. Les matches de préparation confirment pourtant ses prédictions : Zidane et Thuram n’avancent plus, Vieira s’agace sur le côté droit, Barthez et Coupet se tirent dans les pattes grâce à lui. Mais la mécanique s’enraye une première fois avec la blessure de Cissé. Djibril, qui pourrait être plus dangereux sur une jambe, doit être écarté. L’indigne France-Suisse est une mise en bouche appétissante, le très vilain France-Corée est un régal, mais le Togo est vraiment trop mauvais, Kader Touré n’arrive même pas à prendre une fois Thuram de vitesse. Le sélectionneur s’inquiète, il a vu les matches du Brésil, ça lui rappelle furieusement quelque chose.

Et puis, la machine s’emballe. Les joueurs s’organisent sur le terrain, Zidane se remet à courir, l’équipe est solide. Les vieux ont repris le pouvoir, Domenech voit son oeuvre lui échapper. Il regrettera ad vitam eternam que Zidane ait été si poli le matin de France-Brésil. Un mot de trop et il l’envoyait avec plaisir en tribunes. Déçu, il tape quand même dans la main de Thierry Henry après le match. Heureusement arrive France-Italie, la fin est enfin à la hauteur. Vieira se blesse, l’occasion est encore trop belle, il fait rentrer Alou Diarra, la ficelle est grosse mais tient. Zidane sort expulsé, son jubilé est terni à jamais, Domenech sent que la chance tourne, c’est le plus beau jour de sa vie. Surtout qu’avec une finale, on lui offre deux ans de bonheur supplémentaires. Ca ne sera pas de trop, Thuram est encore debout.

France-Mexique (3/3) : Papy fait de la résistance

Voici venu le temps du procès du football français. Qui est responsable ? Faut-il vraiment trouver des coupables ? Quel est exactement le problème ? Après avoir entendu les témoins directs, après avoir célébré le courageux comportement de la presse, Le Vestiaire livre le verdict de quatre années de foutage de gueule généralisé.

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En dehors de son âge, Escalettes a-t-il une circonstance atténuante ?

Ils étaient trois. Trois entraîneurs à rêver un jour de devenir sélectionneur de l’équipe de France. Ils allèrent à la même école, celle de l’incompétence. Mais ils savaient que ce critère serait loin d’être rédhibitoire pour arriver au sommet. Ils avaient raison. Deux d’entre eux allaient y parvenir. Le plus mauvais y restera six ans, l’autre près d’un an et demi. Le troisième visera pendant quinze ans la Ligue des Champions avec Arsenal. C’est en 1993 que le deuxième est banni à jamais de l’équipe de France A. Il s’appelle Gérard Houiller et se promet qu’un jour il prendra sa revanche. Sa seule revanche ressemblera à une punition de plus, travailler avec Jacques Crevoisier à Liverpool. En juillet 2008, Gérard Houiller est sur le point de remettre la main sur ce qu’il a un jour contribué à détruire en écartant France 1998. En prolongeant Domenech, quel que soit le prix à payer, Escalettes et son escadron de la mort évitent ainsi le retour du fossoyeur. Jacquet, Platini, Houiller en faisaient partie. Garder un fossoyeur pour en éviter un autre, pourra-t-il être plaidé en sa faveur ?

Domenech a-t-il la moindre responsabilité dans l’échec ?

Ce qui était vrai jusqu’en 2008, ne l’était plus après. On pouvait alors reprocher à Domenech de ne pas savoir faire jouer les joueurs ensemble, de n’avoir aucune notion tactique, de prendre n’importe qui pour le faire jouer à n’importe quel poste, de se foutre du monde sans arrêt, d’avancer sans cohérence, de virer des mecs juste parce qu’il ne les aimait pas, de faire du coaching au hasard, d’humilier par petites touches, de n’avoir aucun crédit auprès des joueurs. On le devait même. C’était ce qu’on appelait le Domenech Show.

On pouvait aussi, pourquoi pas, lui reprocher l’échec de l’Euro 2008. On le devait même. Mais lui signer un nouveau contrat, c’était accepter qu’il continue comme avant. Il avait prévenu, ça faisait quatre ans qu’il n’avait pas changé à l’exception de quatre matches de Coupe du monde 2006. Le dicton est connu : si tu ne veux pas que l’alcool te tue, tu ne fais pas la fête avec Marc Cécillon. Peut-on reprocher à Raymond Domenech de ne pas avoir pallié les défaillances physiologiques de Papy, quitte à  garder sa place et le pognon qui va avec ?

Le football français pouvait-il s’en sortir ?

Ceux qui voudront défendre Domenech, et auront aucun doute raison de le faire, pourront aussi arguer de la faute des joueurs sélectionnés. Leur boulard est une chose, leur dégoût les uns des autres en est une autre. Mais cela n’est pas nouveau, en 1998 comme en 2010. Même si entre temps les joueurs sont devenus des rayons de supermarché. Les joueurs se détestent, détestent leur sélectionneur, qui le leur rend bien. Mais tout ça n’a aucune importance car la seule vérité qui compte, au-delà des qualités de Domenech et de l’homme qui l’a maintenu, c’est celle de la génération de joueurs. Si poste par poste chacun fait partie techniquement des meilleurs du monde, ils ne le sont pas assez pour gagner sans former une équipe. C’est bien la raison pour laquelle n’importe quel collectif a pu battre la France.

Abou de farce

Evra et Sagna sont de bons joueurs de clubs, par intermittence, et sans fiabilité ni sur la durée, ni sur la qualité de centres. Abidal a toujours fait des conneries dans l’axe. Gallas est fini depuis trois ans. Diaby, L. Diarra et A. Diarra n’ont jamais existé à ce niveau. Toulalan n’est utile que quand l’équipe n’a pas le ballon. La saison bordelaise de Gourcuff a montré qu’il n’avait aucun avenir national comme international. Govou n’a jamais servi à rien de toute sa carrière. Anelka et Ribéry ont tendance à trop intellectualiser les événements pour briller en société, en compétition et au baccalauréat. Il en va d’une grande équipe comme d’un grand joueur : il faut du talent et un mental, optimisé par un entraîneur. Il manque deux éléments à la génération actuelle. On ne reparlera pas des tauliers, d’une grande défense, ni de Zidane, tout a disparu avec le capitanat d’Evra. Le reste, on vous l’a déjà raconté.

« Au conseil fédéral, il n’y a pas de marionnette, pas de béni oui-oui. Il y a des gens compétents qui prennent des décisions mûrement réfléchies sans être soumis à une pression quelconque. Laissons le bateau avancer. » J.-P. Escalettes, 15 octobre 2008.

France-Mexique (2/3) : « Quel journal de m…! »

Tout le monde tombe aujourd’hui sur le sélectionneur, sur ses joueurs et sur les instances. C’est normal, c’est facile. Il était de bon ton de dire en 2008 qu’il ne fallait pas maintenir Domenech, de le répéter ensuite, pour finir par revenir à un schéma plus classique.

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Quand, la ferveur monte, on fait des interviews lèche-cul au sélectionneur, on s’enflamme après une victoire contre le Costa-Rica pour terminer en beauté en exigeant la titularisation de Diaby, qui n’a jamais existé dans un match de haut niveau européen. Mais Domenech n’est pour rien dans cette ligne éditoriale réalisée par des journalistes qui ne manquent que de courage et d’un brin de compétence. Lui a toujours été fidèle à sa ligne, nous aussi.

Le clou du sombrero

En 2002, c’est un entraîneur qui ne gagne pas de titre, qui fait faire du théâtre à des adulescents pour les humilier, qui ne parle pas à ses joueurs, qui ne justifie pas ses choix, qui ne propose aucun style de jeu. En 2006, c’est un entraîneur qui ne gagne pas de titre, qui ne dit rien, qui sort Zidane contre la Corée pour l’humilier, qui tape dans la main de Zidane après le Brésil pour le remercier de l’avoir gardé comme adjoint, qui ne parle pas à ses joueurs, qui ne fait pas de choix, qui ne s’oppose pas au style de jeu choisi par Makélélé et Vieira. A cet instant, il n’y a aucune raison officielle de se débarasser de lui ou de le descendre, quelle que soit la façon dont la France est arrivée en finale, elle y est arrivée.

Mais à l’approche de l’Euro, il est évident que le miracle ne se reproduira pas, pourtant, la jurisprudence Jacquet tient bon. Le Vestiaire osera quand même le dire et l’expliquer avant la raclée des Pays-Bas. Les grandes générations se créent sur un grand numéro 10. Il n’existe plus. Mais une petite génération avec un petit entraîneur ça complique un peu plus les choses. Domenech en 2008, c’est donc un entraîneur qui ne gagne pas de match, qui ne dit rien, qui aligne Thuram et le remplace par Abidal contre l’Italie pour humilier Thuram, qui ne justifie pas son choix, qui ne parle pas à ses joueurs, qui ne propose aucun style de jeu et qui fait une demande en mariage à une présentatrice en plateau. Un vrai personnage de télé-réalité.

Maya la brèle

Le Vestiaire crée alors le Domenech show et en diffusera quatorze épisodes plus deux inédits. A l’origine, l’histoire aurait dû s’arrêter à l’issue du deuxième épisode. Mais Domenech, soutenu par ses perds, est reconduit sur la route du doublé Euro/Mondial, plus grand fiasco depuis Gérard Houiller. On connaît la suite, on lui demandait cinq points, il en quatre. L’Equipe titre « Nous, on a aimé » après 45 minutes de Roumanie, Escalettes inaugure son propre show et Domenech atteint 2010.

C’est désormais un entraîneur qui ne gagne pas de match, qui ne dit rien, qui aligne Gallas et Abidal, qui remplace Anelka par Gignac à la mi-temps pour humilier Henry, qui ne justifie pas son choix, qui propose un 4-3-3 à un mois d’une compétition majeure, qui ne parle pas à ses joueurs qui lui répondent quand même. Et une presse qui a oscillé entre la critique et l’hagiographie, qui a continué à interviewer un homme qui ne disait rien, des joueurs qui ne disaient rien, un président qui disait n’importe quoi, pour finir par lyncher tout le monde une fois qu’il est trop tard. On ne sait jamais, dès fois qu’Aimé Jacquet n’ait pas emmené son équipe en demi-finale de l’Euro 96. En souhaitant au moins à Raymond Domenech que la soupe fut bonne.

Le Vestiaire n’avait pas la chance d’exister en 2006 pour célébrer le dernier bon match de la nouvelle équipe de France face à l’Italie, une Italie qui elle aussi était déjà passée de vie à trépas. Depuis, il n’y a pas un seul match encourageant, si notre spécialiste l’a vu c’est que ça ne devait pas être si compliqué de le voir. A moins que.

France-Mexique (1/3) : Aztèque et sans lubrifiant

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Alors que se fomente l’exécution de Domenech par une presse loin d’être incompétente ou hypocrite, au choix, Le Vestiaire organise sa défense. Première instance : le récit des témoins.

Lloris. Ne critiquera plus Cris et Boumsong et va apporter toute la doc nécessaire à une naturalisation de Cleber Anderson, il n’y a pas de raison, il ne faut pas quatre ans pour s’en rendre compte.

Sagna. Il s’est rendu compte que si Evra défend mal, ce n’est pas parce qu’il attaque bien. Il a donc décidé de faire pareil et ça n’oblige heureusement pas à faire une passe décisive, qui eut été le premier bon centre en quatre ans.

Gallas. Bien tenté, mais une première sélection en octobre 2002 ne permet pas de tutoyer Desailly et Blanc. Tout juste d’être associé à Thuram, mais c’est lui qui décide du niveau. Depuis quatre ans, Thuram n’est plus là et il est un âge où défendre en reculant devient plus qu’un hobby. Mais William hésite, il aime aussi marcher et dégager en touche entre amis.

Abidal. L’Italie 2008 avait au moins eu cet avantage de lui offrir une expulsion. Là, non, c’est donc la double ablation. Le Vestiaire vous a déjà tout raconté, et ça remonte à plus de quatre ans.

Evra. Il n’est pas capitaine depuis quatre ans, mais quand un Mexicain fonce sur Abidal, il défend comme un enfant de quatre ans.

Toulalan. Au bout de quatre ans, il a acquis les bons réflexes : faire des transversales et prendre un deuxième carton jaune quand ça tourne mal.

Diaby. Vieira avait raison de dire qu’il se voyait en Diaby. Il n’a pas dit si c’était à Arsenal, à Cannes, ou le Vieira d’aujourd’hui, mais ce n’était pas celui d’il y a quatre ans.

Govou. Son doublé contre l’Italie en 2006 avait fait capoter son transfert au PSG. Après quatre ans de travail acharné, ça devrait enfin se faire.

Valbuena. Quatre ans.

Ribéry. Ces quatre dernières années, le sauveur des qualifications a bien participé à l’Euro et au Mondial.

Malouda. Si Domenech ne le supporte plus depuis quatre ans, c’est qu’il y a une raison. S’il a été le meilleur contre le Mexique aussi.

Anelka. Quelle trajectoire pour le joueur formé à Fenerbahce il y a quatre ans. Bolton puis Chelsea : la prochaine Coupe du monde sera la sienne.

Gignac. Domenech l’a élu successeur d’Anelka et Henry. Trois humiliés, le compte est bon. Ca ne durera pas quatre ans.

BONUS

Wenger, 56e minute : « Ils jouent à quatre attaquants maintenant les Mexicains.»

J.-P. : « Alors qu’une ola se prépare ! » Ohé ! H… de p… ! « Pas du tout, c’était pour le dégagement français.»

Cameroun : Paul, la risée

On peut avoir joué à Brest et gagner une Coupe d’Europe avec Paris. Peut-on aussi être demi-finaliste de la Coupe d’Afrique et champion du monde ?

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Tout est parti d’une rumeur lancée par Canal +. Un sujet qui conditionne le titre mondial à une star et un grand entraîneur, Mathoux qui interprète mal et le Cameroun se retrouve propulsé favori malgré lui. Wilfried Schäfer sur la touche, le Vestiaire a voulu savoir qui se cache derrière le triomphe des Lions Indomptables.

Selon la légende, l’histoire commencerait par une patate de Pencran, tristement célèbre pour avoir laissé à N’Gotty le soin de tirer le seul coup franc de l’histoire du PSG. La patate n’est pas sans rappeler la première occasion du Cameroun sur le missile désespéré de Mbia sur la barre à deux minutes de la fin.

Le PSG, il y fera bien sûr son retour comme entraîneur, dix ans après la mort du club. En attendant, c’est à Rennes qu’il a appris à mettre en musique le beau jeu, même si le mot est mal choisi d’après Webo qui ne sait toujours pas aujourd’hui s’il était destinataire de l’ouverture d’Achille Emana à sept minutes de la fin.

Rennes, donc, où sa première saison se résume à Nonda, la seconde plutôt à Stéphane Grégoire et la troisième à une séparation d’un commun accord. Le cycle de trois ans est ce qu’il est, c’est pourquoi il rejoint Lyon un an plus tard. Juninho est déjà là, déjà champion, un adjoint suffirait mais Yves Colleu vient aussi comme adjoint. L’amitié est un sentiment généreux qui n’est pas sans rappeler ce deux contre un camerounais et la conduite de balle d’Idrissou bientôt transformée en passe pour Tanaka, le défenseur avec l’autre maillot.

A Quimper gagne

Au sommet de son art, il a la force des grands : s’arrêter à temps. « Sommet » et « à temps » sont des notions discutables, comme celle de réussite d’ailleurs : trois titres de champion de France et Porto puis le PSV en C1 avec deux fois le meilleur milieu d’Europe. Gérard Houiller ne se permettra aucun conseil un an plus tard avec un Lyon encore meilleur, et ce n’est pas parce que lui a déjà connu les turpitudes d’un sélectionneur qui n’a que le blazer pour faire croire qu’il décide de quelque chose. Ce qui n’est pas sans rappeler cette excursion d’Eto’o à droite en deuxième mi-temps sur les conseils de Mourinho.

Lyon n’était qu’une étape, c’est la suite qui compte. Glasgow et ses guerre de clans, un contrat de trois ans, un vrai choix de carrière et six mois des plus enrichissants pour, un jour, revenir par la grande porte d’une chaîne cryptée qui subventionne déjà les CV de Baup et Perrin. Le PSG ne le laissera tranquille que quelques jours, il est le candidat idoine pour préparer le retour de Kombouaré. Le maintien en Ligue 1 compte comme un titre, la Coupe de la Ligue à peine plus. Heureusement Mboma est souvent invité sur le plateau des Spécialistes alors pour intercepter les Lions indomptables, le coup est jouable. Ce qui rappelle ce que ce sont dit Mbia et Nkoulou sur ce centre du Grenoblois Matsui pour Honda dès la première mi-temps.

« L’objectif, il est clair, c’est d’aller le plus loin possible. Et on nous a suffisamment rabâché l’aventure des anciens de 90 pour avoir envie de vivre la même et de faire aussi bien qu’eux. »  Après tout, le Japon n’a gagné que 1-0.

Springboks-France : La carabine Aplon

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Par notre spécialiste rugby Peyo Greenslip Jr

Le Super 14 est finalement un tout petit peu plus fort que son homonyme français, pourtant au Top. Les champions d’Europe sont finalement un tout petit peu plus nuls ques les champions du monde. Mais y a-t-il vraiment du rugby en Europe ?

Quarante-neuvième minute, le nouveau petit prince du rugby français, accessoirement demi d’ouverture, assure parfaitement sa passe aux mollets de son capitaine, qui rate de peu son aile de pigeon, mais parvient quand même à servir un ailier sud-africain, qui n’a alors que 90 mètres à parcourir. Poitrenaud, bien placé en couverture, peut tranquillement admirer la fréquence de son vis à vis au moment de déposer le ballon dans l’en-but tricolore. Quel plus beau symbole que les trois meilleurs joueurs français donnant leur pleine mesure à l’unisson ?

Spring boxe

Il ne faut pas s’y tromper, à une grosse quinzaine de conneries près, les Français ont joué à leur meilleur niveau, le même qui leur fit dominer les grosses équipes européennes il y a quelques mois. Samedi, Irlandais, Anglais et Gallois auraient encore pris une volée par les Bleus, pour la simple raison que ces nations ne valent plus rien ogive entre les mains. Curieusement,  notre spécialiste avait cru bon de ne pas se réjouir d’un Grand Chelem acquis contre personne par une équipe sans âme et autant de joueurs valides. Il reste un peu de temps pour renaître, pour se souvenir qu’il y a longtemps, un homme que l’Hexagone a oublié malgré ses lunettes, bâtissait des murs avec les paupières de Betsen et la prostate de Pelous. Ça jouait pas, ça gagnait peu, mais ça évitait les branlées. Désormais, ça essaie de jouer, mais c’est naïf comme Bastareaud dans une soirée table de nuit.

Le Crabos pince dort

Puisque conquête, défense et discipline sont redevenus des mots tabous, comme en 1992, peut-être que le Midol n’aurait pas dû faire croire que les Bleus étaient une grosse équipe. Ça aurait évité aux tricolores de se Reichel, mais au moins Lièvremont n’est pas dépaysé et continue d’entraîner les moins de 21 ans. Pas de joueur par joueur donc, Parra et Millo-Chlusky pourraient mal le prendre, Szarzewski se ferait surnommer Gonzo et  Domingo chercherait des Poux à Mas. Pas un mot de plus, non plus sur Mermoz et Marty, ni sur Sella, Glas, Traille, les Boniface ou Jean-Pierre Lux d’ailleurs. Vincent Clerc va finir par apprendre à jouer du Vuvuzela.

France-Uruguay : Aimé à perdre la raison

C’est le dernier match d’ouverture de la génération 98. Pour autant, la nouvelle France n’a rien à envier à ses prédécesseurs à part leur entraîneur peut-être mais c’est un détail. Voici pourquoi la Coupe du monde 2010 ne peut pas être le désastre annoncé.

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Parce que sur le papier la France a le troisième meilleur onze de départ

Lyon, Arsenal, Chelsea, Munich, Manchester, Barcelone : les Bleus sont titulaires dans les meilleurs clubs de la planète. Les mauvaises langues verront aussi que la majorité vient d’Angleterre dont pas moins de 0 représentant jouait le dernier carré de la Ligue des Champions. Si on suit ce raisonnement, l’Angleterre n’aurait aucune chance. Mais Capello a-t-il vraiment été champion de France de D2 lorsqu’il entraînait Lyon ?

Parce que pour la première fois son attaque est supérieure à sa défense

Boumsong crie justement à l’injustice, Mexès en est malade, Lloris les appelle Jabulani pour vanter leurs qualités. Sagna, Gallas, Abidal, Evra, jamais aucune équipe de France n’avait présenté une défense aussi faible. Jamais Courrier international n’aurait songé à faire un sujet sur l’attaquant de l’Atletico Madrid en temps normal, mais après tout qui aurait pu prédire que le rétablissement de Gallas était une bonne nouvelle. Peu de formations présentes en Afrique du Sud pourront soutenir la comparaison. Ça veut dire un but encaissé minimum par match. Pour leur filer un coup de main, Domenech n’a pas remplacé Lassana Diarra, si Toulalan se blesse il ne restera que Boghossian sur la touche, Makélélé se disait bien, aussi. Heureusement l’attaque sera là pour compenser comme en 2002 et 2004 pour les jubilés Desailly ou en 2008 pour celui de Thuram, la compétition s’arrêtait alors au bout de trois ou quatre matches.

Parce que l’équipe s’est enfin débarrassée de tous ses cadres

Un joueur incontournable par son talent, son palmarès et son aura a toujours été indispensable dans les grandes compétitions. Henry était le dernier encore en vie en 2008 mais il n’a plus donné de nouvelles depuis mai 2009. Désormais, le nouveau leader n’a jamais disputé de tournois internationaux, son équipe s’est fait virée par le Bayern en quart de finale de C1 et surtout il a toujours été constant au niveau de Sagna en Bleu. Heureusement, il n’oublie jamais d’ouvrir sa gueule pour critiquer le ballon ou le public, mais sait respecter son entraîneur champion de France de D2 avec Lyon tout en étant l’un des correspondants de L’Equipe en Afrique du Sud.

Parce qu’elle aime les grands rendez-vous

Pour son dernier grand match, la France ne s’était pas ratée. C’était bien sûr en septembre 2006 en qualifications contre l’Italie, Makélélé, Thuram, Henry et Vieira s’en souviennent bien. Depuis Govou n’a remarqué un doublé qu’en amical en Suède et la France n’a joué que des matches qui ne comptent pas, puisque Papy Courage n’a selon toute vraisemblance pas pu assister à l’Euro 2008. Attention aux fausses exceptions : la Serbie en Serbie et l’Irlande en Irlande ont commis la même erreur, avoir aligné des joueurs serbes et irlandais. L’Uruguay et le Mexique ont des chances de commettre le même impair, mais le football sud-américain a peut-être compris que laisser le ballon aux Français et surtout ne pas priver Gourcuff de ses belles passes latérales, voire ses décalages pour les centres de Sagna et Evra, tout en mettant deux mecs sur Ribéry, ça peut marcher. En chinant bien, on finit toujours par trouver.

Heureusement il y a Ribéry. Ca devrait suffire jusqu’aux premiers tacles uruguayens . La Céleste sait parler aux tendons rotuliens.

Coupe du monde, France-Chine :
Henry cantonné

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Ce n’est pas un hasard si les plus grands joueurs ratent leur sortie. La maladie du bulbe fait décidément des ravages.

Le Vestiaire le pensait et le pense toujours. Thierry Henry restera pour toujours le plus grand buteur français de ces vingt dernières années et le deuxième mondial. Il aurait pu réussir sa sortie, comme Blanc ou Deschamps, il a choisi de la rater comme Lizarazu, Desailly, Thuram ou Vieira. Il aurait pu la rater avec fierté, il a choisi l’humiliation. Moins que Vieira, quand même, qui aura offert son froc à Domenech jusqu’à la dernière seconde, mais ça ne valait même pas un pacte.

New York Titi

Le football est ainsi fait qu’à 31 ans, une carrière est finie, la saison suivante doit être la dernière. La règle est immuable et a frappé Henry comme tout le monde. Seuls les dieux ont droit à des dérogations. Mais au sortir de la meilleure saison de sa carrière, la dernière donc, il a voulu en remettre une couche. La couche, il en avait bien besoin, mais qu’extra-sportivement. Sans doute aveuglé par le niveau d’Anelka, Gignac et Cissé, il s’est vu encore triomphant. Aujourd’hui, il n’est plus qu’un bleu comme les autres, sauf qu’il est remplaçant. Desailly, Lizarazu et Thuram n’auraient jamais accepté ça, optant plutôt, au choix, pour une bonne vieille erreur de placement ou un geste défensif bien pourri devant Zagorakis.

Des gags à Togo

Mais Henry n’est pas défenseur, au pire, il perdra tous ses ballons et n’arrivera pas à franchir Sergio Ramos. C’est déjà pas mal, mais ça peut arriver à tous ses partenaires coté droit ou dans l’axe. Car c’est l’autre aiguille dans son melon : Gignac est espéré par le peuple, comme si les infirmeries toulousaines étaient plus chaleureuses que les travées du Camp Nou.

La seule chance d’Henry sera de prendre le pouvoir après la défaite contre l’Uruguay, juste avant celle du Mexique, comme Zidane le fit après le Togo en 2006. Mais Ribéry, Malouda, Makelele, Vieira, Thuram et Henry s’appellent aujourd’hui Ribéry et Malouda. Et Zidane ne s’est jamais appelé Yoann. Par contre, il pourra toujours essayer. Foutre la merde, ça coûte pas plus cher.

Coupe du monde, Tunisie-France :
Sousse m’habite

 

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La  55e équipe mondiale a logiquement mené durant l’essentiel de la rencontre, mais la France a eu le mérite de revenir au score. La Tunisie a du souci à se faire pour la Coupe du monde. Vivement la 84e.

Hier soir, on s’attendait donc à voir une défense cul de jatte, liée surtout à des joueurs unijambistes, qui n’ont jamais été bons ensemble en équipe de France. On s’attendait aussi à ce que la Tunisie soit 55e équipe mondiale et donc marque et ne joue qu’une mi-temps. On s’attendait, pourquoi pas, à voir une équipe désorganisée comme d’habitude, dans une tactique qu’il faudrait bien deux ans à rôder, des latéraux qui ne réussissent pas un centre, Toulalan qui court partout. Et bien sûr, un Ribéry à qui on filerait le ballon pour faire la différence tout seul. On a beaucoup vu Ribéry.

On s’attendait moins à voir un best of du Domenech Show en deuxième mi-temps, avec en point d’orgue Gignac l’avant-centre toulousain à droite, Cissé l’avant-centre grec à droite aussi, Henry l’avant-centre Gunner à gauche, Malouda arrière-gauche en alternance avec Gignac, Squillaci en 9, Toulalan en 10, et pour ceux qui auraient vu Govou, ce n’était donc pas Anelka.  Tout ça dans un intéréssant et inédit 2-1-3-4. Comment mieux préparer une Coupe du monde ?

Djibrill la nuit

Peut-être en affrontant Jemaa le Lensois et Ben Khalfallah le Valenciennois, sans oublier Mikari le Sochalien. Il est même possible qu’à la Coupe du monde, il y ait des matches à enjeu avec des adversaires qui jouent le match entier avec les huitièmes en point de mire. Il est possible aussi que les adversaires alignent un gardien et resserrent le marquage sur Ribéry. Mais bon, on ne peut être sûr de rien, ce n’est que la Coupe du monde. « Le point positif, c’est qu’après le but qu’on a pris, on a su réagir et à aller jouer dans leur camp. » Etre entraîné par Domenech, ça rend modeste. Encore fallait-il marquer le but le plus pourri depuis neuf ans, c’était Nantes-Bastia en 2001.

Reste le plus grand mystère de ce siècle : pourquoi Valbuena, en pleine confiance, n’a-t-il pas joué ? Escalettes a peut-être la réponse, mais il ne la donnera pas avant le prochain Conseil fédéral.

Coupe du monde, France-Costa Rica : Costa gavera

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L’équipe de France a offert du sourire, et après tout, n’est-ce pas avec un sourire qu’on gagne une Coupe du monde ?

Depuis la fin du Domenech Show et la prise du pouvoir de l’Escalettes Show, les choses ont bien changé. Désormais, ce sont les joueurs les plus nuls qui déclarent forfait, les schémas tactiques évoluent et les adversaires classés quarantièmes au classement Fifa sont battus.

Hier soir, on s’attendait donc à voir une défense cul de jatte, liée surtout à des joueurs unijambistes, qui n’ont jamais été bons ensemble en équipe de France. On s’attendait aussi à ce que le Costa Rica soit quarantième équipe mondiale et donc marque et ne joue qu’une mi-temps. On s’attendait aussi à voir un Valbuena crâneur assumé qui tenterait de marquer sur tous ses ballons. On s’attendait, pourquoi pas, à voir une équipe désorganisée, comme d’habitude, dans une tactique qu’il faudrait bien deux ans à rôder, des latéraux qui ne réussissent pas un centre, Toulalan qui court partout. Et bien sûr ,un Ribéry à qui on filerait le ballon pour faire la différence tout seul avant d’aviser les rares fois où c’est bloqué. On a beaucoup vu Ribéry.

Nous on a Aimé

La différence, c’est Gourcuff 2 qui l’a finalement faite par rapport à son niveau habituel. Après avoir rien foutu pendant six mois, le fils de l’entraîneur lorientais a trouvé les ressources pour tenter deux-trois trucs sans se contenter de défendre. Se dégager du marquage, prendre trois mètres et armer une frappe n’est pas si simple quand on a sur le dos un milieu du Deportivo Saprissa et un de La Gantoise. Seul le Costa Rica sait produire de tels miracles. Mais les miracles ont leurs limites et ne peuvent pas permettre à Evra 2 de devenir bon, à Gallas 2 de retrouver ses 25 ans, à Abidal 2 de ne pas coûter d’occasion énorme ou à Sagna 2 de faire oublier Sagna.

La nouvelle tactique a porté ses fruits : filer le ballon à Ribéry, seul rescapé de la génération Domenech, qui a offert le premier but, donc le deuxième, puisque le premier appartient toujours à l’adversaire, hospitalité oblige. Gourcuff s’est donc montré une nouvelle fois décisif à sa façon. Les dribbles chaloupés de Diaby ? Stoke City en cauchemarde, le Camp Nou en redemande. On aurait aussi aimé voir Anelka, Gignac, Henry ou Govou à l’essai, mais le nouveau sélectionneur fait des choix, on a vu Diarra. Il n’a fait qu’une passe décisive au Costa Rica. Dans Costa Rica, il y a Costa et Rica. Dans Winston Parks joue à Timisoara, il y a Timisoara.

Mais ça devrait encore mieux se passer face au numéro 55.

L’Edito : Née dans une Aravane

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« Je savais que le déclic allait arriver. Il est arrivé à Madrid et voilà. » Que signifie voilà ?

Roger Federer avait donc une soeur,  à peine plus prétentieuse, à peine meilleure sur terre battue. Comme le brother, elle a attendu quelques années avant de montrer que le tennis n’était pas si éloigné que ça du ping-pong. Roger avait joué dix fois avant de l’emporter, six ans suffiront donc à Aravane. Bartoli et ses lipides petits-déjeuners sont-ils si différents ?

Un mot sur la Coupe d’Europe de rugby peut-être ? Non, quatre : on s’en fout. Loin du Real Madrid, disent les Toulousains. C’est possible. D’ailleurs, tout est possible, comme aligner Malouda et Ribéry côté gauche à la place d’Henry, même quand les qualifications sont passées et qu’il ne reste que deux semaines avant le Mondial. Lassana Diarra est un maître tacticien.

Inter inconnue

Et puisque personne n’a pensé à le relever, Le Vestiaire va, une fois n’est pas coutume, s’occuper de son autopromo. Il paraîtrait que samedi dernier, l’Inter sans Ibrahimovic et avec Eto’o aurait remporté la Ligue des champions, pendant que le Bayern restait le club de merde balayé par Bordeaux et Madrid était sorti en huitième de finale malgré le fabuleux Higuain et son doublé en deux matches contre Zürich. Barcelone n’était pas fini alors ? Pas de nivellement pas le bas alors ? Nonobstant l’accident séculaire des techniciens cévenols, pouvons-nous considérer que le triomphe du 22 mai est surtout celui du Vestiaire ?

Pendant ce temps-là, Guillaume Hoarau n’est pas seulement tenté par l’appel de Schalke. Il est aussi flatté. Le PSG aussi.